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Jubilé du monde de la communication, le 25 janvier 2025. Jubilé du monde de la communication, le 25 janvier 2025.   (Vatican Media)

Le défi de communiquer l’espérance

Le Jubilé du monde de la communication est passé, mais les appels du Pape à être les promoteurs d'une nouvelle façon de communiquer vont au-delà de l'événement jubilaire. Pour François, l'accent doit être mis sur une narration positive, en surmontant la tentation d'un certain journalisme qui tend à ne donner de l'espace qu'au mal.

Alessandro Gisotti – Cité du Vatican

Soyez des promoteurs de l'espérance. Racontez des histoires positives. Le Pape François a lancé ce défi aux communicateurs du monde entier, croyants et non-croyants, à l'occasion du jubilé consacré aux communicateurs et pas seulement aux journalistes. Pour le Pape, en effet, la communication ne se limite pas à la profession, pourtant importante, de journaliste. Sa vision de la communication est à 360 degrés: il ne s'agit pas seulement de la «production d’information», mais d'une dimension essentielle de l'être humain, qui implique le ³¦²Õ³Ü°ù et l'intellect. C'est pourquoi la communication de l'espérance à laquelle François a fait référence lors de ce jubilé devient un défi urgent non seulement pour les journalistes, mais aussi pour tous ceux qui ont à ³¦²Õ³Ü°ù de prendre soin d'une humanité de plus en plus meurtrie par la violence et l'injustice.

En considérant le territoire de la communication plus large que celui de l'information, François se rattache idéalement à celui qui, dans le sillage du Concile, a été l’artisan des Journées mondiales de la communication: saint Paul VI. En effet, bien que conscient de l'influence des médias sur la vie des gens et sur l'Église elle-même, ce Pape a voulu que l'événement annuel soit dédié à tous les travailleurs de la communication, et pas seulement aux professionnels des médias. Comme pour son bien-aimé prédécesseur, la communication selon François n'est pas seulement un acte fonctionnel. Elle est la «matière première» de l'existence humaine, car l'homme est une créature aimée de Dieu, qui communique avec lui dès le commencement. De ³¦²Õ³Ü°ù à ³¦²Õ³Ü°ù. Toute communication humaine s'inscrit donc dans le cercle de la communication divine.

En effet, depuis le début de son pontificat, François a toujours souligné l'importance de la communication «avec le ³¦²Õ³Ü°ù». Dans les derniers messages pour les Journées mondiales des communications sociales, il a répété cette formule: écouter, parler, voir, mais toujours avec le ³¦²Õ³Ü°ù. De même, dans son message de 2024, consacré à l'intelligence artificielle, il a voulu souligner que même si les machines progressent dans leur développement technologique, rien ne peut remplacer un ³¦²Õ³Ü°ù humain qui éprouve de la compassion pour ses semblables. Dans la Bible, lorsqu'on écrit «³¦²Õ³Ü°ù», il ne s'agit pas seulement d'un organe, d'une partie, mais du centre de l'être humain, le lieu où naissent les émotions, les rêves et les peurs. Le ³¦²Õ³Ü°ù est donc le tout de l'homme, pas une partie.

Dans son premier message pour la Journée mondiale de la communication, le Pape François a cité le bon samaritain comme modèle du bon communicateur. La grande force de cet exemple, a-t-il écrit, est le «pouvoir de la proximité», c'est-à-dire savoir s'approcher des autres, en particulier de ceux qui souffrent, sans préjugés. Et donc de prendre des risques. La communication qui génère l'espérance, nous dit maintenant le Pape dans un appel à l'engagement, ne peut se limiter à transmettre des informations, mais doit être capable d'entrer dans une relation profonde avec le prochain, en lui apportant une parole de consolation et d'espérance. En substance, il ne suffit pas de communiquer la vérité, a-t-il dit aux journalistes du monde entier dans la salle Paul VI, il faut aussi être vrai.

Mais que veut dire le Pape lorsqu'il parle d'espérance? Tout d'abord, il ne s'agit pas d'une illusion pour se sentir bien ou d'un anesthésiant pour ne pas souffrir. Ce n'est pas non plus une vision optimiste. L'espérance, qui pour un chrétien a le visage et le ³¦²Õ³Ü°ù de Jésus, nous donne une direction, nous fait lever les yeux avec confiance vers ce que nous ne voyons pas encore. Pour citer l’ancien président de la République tchèque Václav Havel: l'optimiste pense que tout ira bien, celui qui a de l'espoir, en revanche, sait que -même si tout ne va pas bien- tout a néanmoins un sens. Une direction. Pour le Pape François, l'espérance est un don qui vient de Dieu. Mais c'est aussi une mission, comme l'a souligné l’essayiste Madeleine Delbrêl, qui nous appelle à soutenir les personnes marginalisées. Ainsi, l'espérance chrétienne -comme l'a rappelé avec passion le Souverain pontife lors de la messe de la nuit de Noël, immédiatement après avoir ouvert la Porte Sainte à Saint-Pierre- nous agite, nous sort de notre paresse, elle fait voler en éclats nos convictions confortables. C'est une vertu «risquée». C'est un acte de responsabilité envers les autres.

Que peuvent donc faire les communicateurs, à commencer par ceux d'inspiration chrétienne, pour faire cheminer cette espérance dont -nous dirait l'écrivain Charles Peguy- nous ne pouvons pas nous passer si nous voulons vivre pleinement notre aventure de chrétiens? Dans son message pour la Journée des communications sociales de cette année jubilaire, le Pape François souligne comment, dans un monde marqué par la désinformation, la communication doit redevenir un canal par lequel transite l'espérance. Lors de l'Angélus du dimanche 26 janvier, saluant les communicateurs présents sur la place Saint-Pierre, il leur a demandé d'être des «narrateurs de l'espérance». Et le lendemain, en rencontrant les responsables de la communication des Conférences épiscopales de différents pays, il a ajouté une tesselle à cette mosaïque en affirmant que «chaque chrétien est appelé à voir et à raconter les histoires de bien que le mauvais journalisme prétend effacer en ne donnant de la place qu'au mal».

Selon le Pape, la communication de l'espérance consiste précisément à rechercher et à raconter des histoires positives. Se concentrer sur les expériences d'espérance vécues chaque jour par les gens ordinaires, par ces saints d'à côté dont il nous a parlé de nombreuses fois ces dernières années. À une époque qui semble oublier les derniers, il nous invite à donner la parole précisément à ceux qui n'abandonnent pas et à faire ressortir ces étincelles de lumière qui brillent même dans les coins les plus sombres de l'humanité. Le Pape nous exhorte à rechercher ces pépites d'espérance, même si elles sont enfouies dans la boue. C'est un engagement pour l'Année Sainte, mais qui doit se poursuivre par la suite. Car, comme l’a déjà dit le Saint-Père, «toute histoire est grande et digne, et même si elle est laide, si la dignité est cachée, elle peut toujours émerger».

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31 janvier 2025, 13:01