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Participants au premier Âá³Ü²ú¾±±ô¨¦ th¨¦matique de l'ann¨¦e, d¨¦di¨¦ au monde de la communication au sens large, incluant les journalistes, du 24 au 26 janvier 2025. Participants au premier Âá³Ü²ú¾±±ô¨¦ th¨¦matique de l'ann¨¦e, d¨¦di¨¦ au monde de la communication au sens large, incluant les journalistes, du 24 au 26 janvier 2025.  (Vatican Media)

? Rome, l¡¯examen de conscience des journalistes catholiques francophones

Les 28e Rencontres internationales Saint Fran?ois de Sales ont co?ncid¨¦ cette ann¨¦e avec le Jubil¨¦ des ³¾¨¦»å¾±²¹²õ, organis¨¦ du vendredi 24, m¨¦moire liturgique du saint patron des journalistes, au dimanche 26 janvier, dimanche de la Parole de Dieu. Une centaine de journalistes francophones, r¨¦unis ¨¤ la Curie g¨¦n¨¦ralice des j¨¦suites, ¨¤ deux pas du Vatican, se sont interrog¨¦s durant trois jours sur l¡¯identit¨¦ et la mission de leur profession, ballott¨¦e par les tourments de l¡¯¨¦poque.

Delphine Allaire ¨C Cité du Vatican

La lettre de saint Paul aux Romains, pierre angulaire de la bulle d¡¯indiction du Pape, est une source d¡¯inspiration inépuisable pour stimuler les chrétiens de Rome et du monde en cette année du Jubilé. Ainsi la corporation des journalistes catholiques, rapporteurs du réel dans sa vérité nue et parfois crue, est appelée à «espérer contre toute espérance» (Romains, 4,18). Vertu différente de l¡¯espoir par la dimension divine qu¡¯elle recouvre, «l¡¯espérance n¡¯est pas un algorithme», a indiqué le préfet du dicastère pour la Communication du Saint-Siège, inaugurant ces rencontres professionnelles, organisées par la fédération des médias catholiques, jeudi 23 janvier.

Selon Paolo Ruffini, ancien patron d¡¯une chaîne de l¡¯audiovisuel public italien, «le journalisme qui fige le mal sans voir les étincelles du bien trahit la vérité», a-t-il avancé, citant le romancier-journaliste transalpin Italo Calvino dans son ?uvre visionnaire Villes invisibles (1972).

Rechercher la vérité, chemin pavé d'embûches

Le premier préfet laïc en charge de la communication vaticane, large entité dont les médias Radio Vatican-Pope ne forment qu¡¯une partie, propose ainsi aux médias catholiques de répondre aux maux de la profession -crise de la presse, IA générative- et à ceux du monde -guerres, climat, migrations, démocratie- par une mise en réseau renforcée. «Nous pourrons être un point de référence pour le débat culturel et gérer le conflit potentiel entre liberté et responsabilité. Saisir les opportunités d'étendre le réseau participatif et créatif du monde catholique», a-t-il déclaré, convaincu que la peur se mue, en la matière, toujours en mauvaise conseillère.

 

Sans tomber dans le piège «d¡¯un optimisme béat» ou «d¡¯un lâche angélisme», Paolo Ruffini a invité les journalistes catholiques du monde francophone «à prendre le risque d¡¯aller à contre-courant» sans «se laisser intimider par les nouveaux conformismes». Sans oublier la vertu de la charité, à l¡¯ère des cris, piloris ou boucs émissaires.

L'Église doit s'exposer, mais ne pas s'imposer

Dans cette veine, l¡¯évêque français présidant le Conseil pour la communication de l¡¯épiscopat a rappelé aux journalistes le constat suivant: «Aujourd¡¯hui moins que jamais, l¡¯Église ne peut s¡¯imposer, mais plus que jamais, elle doit s¡¯exposer». Mgr Bruno Valentin, évêque de Carcassonne, s¡¯est réjoui des exemples heureux ayant illuminé la récente actualité française, comme la réouverture de la cathédrale Notre-Dame, le voyage apostolique à Ajaccio ou la surprise du boom des catéchumènes en 2024, semblant se confirmer pour les Vigiles pascales de cette année.

«Les enquêtes révèlent un rejet croissant du public face au flot d¡¯informations anxiogènes», a ajouté Paolo Ruffini, plaidant la force de la douceur pour faire valoir la construction d¡¯espaces d¡¯informations différents. «C¡¯est en prenant soin des mots que vous prendrez soin du monde», a-t-il conclu, convoquant Primo Mazzolari, prêtre écrivain italien de la première moitié du XXe siècle, perçu comme l¡¯un des précurseurs du Concile. Après la session inaugurale de ces journées romaines, cinq tables rondes se sont succédées, explorant chacune les ressorts de la vocation du média catholique, de sa mission à son avenir, en passant par son positionnement particulier: jusqu¡¯où relayer, accompagner ou interroger la parole de l¡¯Église.

¡°C¡¯est en prenant soin des mots que vous prendrez soin du monde.¡±

La dialectique entre fidélité et liberté

L¡¯exigence de l¡¯information et le professionnalisme font des médias catholiques des médias «comme les autres», voire porteurs du désir de «faire mieux que les autres», a estimé Karem Bustica, rédactrice en chef de Prions en Église«On n¡¯achète pas un journal pour sauver son âme, mais pour savoir ce qui s¡¯est passé dans le monde», a rapporté le père Michel Kubler, citant l¡¯un de ses prédécesseurs rédacteur en chef de La Croix dans les années 1950. Le prêtre assomptionniste, aujourd¡¯hui secrétaire général de sa congrégation à Rome, estime toutefois que l¡¯identité catholique d¡¯un média doit être assumée, qu¡¯elle soit affichée ou non. Il en va de notre catholicité au sens d¡¯ouverture à l¡¯universalité. L¡¯ancien journaliste prône en cela le juste recul, la conjugaison de la lucidité et de l'espérance, le respect sacré des personnes, le refus de la pensée unique ou encore la valorisation d¡¯initiatives de justice, de solidarité et de paix, soulignant aussi le droit au dissensus dans l¡¯Église même. «La mission d¡¯un média catholique me semble ainsi consister à évangéliser, non pas en mettant tous les jours en "Une" la Bible ou le Catéchisme de l¡¯Église catholique, mais en lisant et en apprenant à lire les signes des temps», a ajouté le père Michel Kubler.

Des histoires providentielles

Une méthode appliquée par Le Verbe médias, représenté aux journées Saint François de Sales par le journaliste québécois, frère Simon Lessard. Créé il y a cinquante ans à Montréal en réponse à l¡¯appel du Pape Paul VI demandant aux chrétiens de s¡¯impliquer dans les moyens de communications sociales, Le Verbe a opéré une mutation accélérée tant face à la disparition de ses lecteurs pour raisons d¡¯âge qu¡¯au contexte sécularisé, voire anticlérical de la province francophone canadienne. Équipe rajeunie, changement de cible en direction «des chercheurs de sens», ligne éditoriale centrée sur l¡¯espérance, et non plus la critique, ont transfiguré l¡¯identité et la mission du Verbe, fort de plus deux millions de personnes rejointes cette année. «Lorsque l¡¯immigration ou la drogue font l¡¯objet de débats politiques, nous choisissons de raconter les histoires providentielles de ceux et celles qui sont souvent réduits à de simples statistiques», garantit le jeune frère dominicain.

L'union fait la force

Si, outre-Atlantique, Le Verbe a fait le choix du passage au tout-gratuit, c¡¯est aussi le mode de financement majeur des deux principales radios chrétiennes dans l¡¯Hexagone -partenaires de Radio Vatican, comme 200 autres antennes francophones à travers le monde- et dont il était question vendredi lors d¡¯une table ronde sur l¡¯avenir des médias catholiques. RCF et Radio Notre-Dame, mariées à Pâques, ne peuvent ainsi plus «se payer le luxe de la division», relate Bruno Courtois, directeur général de la radio parisienne. L¡¯homme de médias confie croire beaucoup, pour l¡¯avenir, en un petit actionnariat de la radio sous le motto de «j¡¯écoute donc je donne», les dons actuels avoisinant en moyenne 150 euros par personne. Autant d¡¯auditeurs, qui comme les lecteurs de nombreux titres de presse représentés aux Journées saint François-de-Sales, attendent des médias catholiques une actualité incarnée dans l¡¯humain et l¡¯espérance, faisant vivre le dialogue et le débat.  

Ligne éditoriale et respect du magistère

Anne Ponce, directrice de la rédaction de La Croix, résume ainsi le rôle d¡¯un média catholique: «Ne pas être un relais de la doctrine, mais l¡¯incarner dans l¡¯événement, mettre en évidence des hommes et des femmes qui sont témoins de l¡¯élan évangélique, être à l¡¯écoute des aspirations contemporaines, et chercher la vérité à travers la complexité du monde». Son homologue de l'hebdomadaire catholique français Famille chrétienne, Antoine-Marie Izoard, y répond à l'aide d'une citation du fondateur des Assomptionnistes: «Toujours travailler pour Rome, quelquefois sans Rome, mais jamais contre Rome». Ces interrogations s¡¯accentuent à l¡¯ère de l¡¯intelligence artificielle, bouleversant les pratiques éthiques des éditeurs de presse. Sollicitée par Mgr Bruno Valentin, taquin, l'un de ses agents génératifs les plus connu a ainsi répondu favorablement à la possibilité d¡¯un avenir pour les médias catholiques. Argumentant d'une sobriété aussi juste que mécanique: «Ces médias peuvent offrir une voix unique et alternative dans un environnement médiatique souvent dominé par des approches séculières. L'enjeu sera de rester fidèle aux principes religieux tout en étant innovant et attractif.»

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27 janvier 2025, 10:00