Suspension de la réforme agraire en Inde, un signe d’espoir pour l'Église
Les trois textes de la réforme agricole suspendus sine die par la Cour Suprême indienne avait été adoptée en septembre dernier, permettant aux agriculteurs de vendre leurs produits au prix de leur choix–et non plus uniquement à prix fixes sur les marchés régulés par l'État, et de négocier avec des acheteurs en gros dans le pays et à l'étranger.
Le gouvernement estime que ces mesures permettront de moderniser le secteur agricole, véritable clef de voûte de l'économie indienne, qui emploie la moitié des actifs, et espère attirer les investisseurs. Mais les agriculteurs indiens ont une toute autre vision de la chose: selon eux, ces lois les laissent à la merci des multinationales, sans garantie d'un prix de vente minimum, détruisant ainsi leurs moyens de subsistance.
Des pourparlers au point mort
Depuis plus de cinq semaines, des milliers d'agriculteurs paralysent ainsi plusieurs autoroutes d'accès à la capitale New Delhi pour obtenir l’abrogation de la réforme. Malgré plusieurs réunions, les pourparlers avec le gouvernement sont restés au point mort. Les autorités ont lancé des poursuites pour fraude fiscale contre certains meneurs. Et la mouvance fondamentaliste hindoue, majoritaire à la chambre basse, a accusé les agriculteurs de terrorisme et de séparatisme. Des manifestations ont été réprimées, 50 manifestants sont morts jusqu'à présent.
L'espoir d'une solution définitive
L’ordonnance prononcée ce mardi par la plus haute juridiction du pays donne de «l’espoir aux paysans qui protestent dans des conditions défavorables» déclare Mgr Vadakumthala à l'agence . L’évêque de Kannur, en charge des questions liées au travail au sein de la conférence épiscopale indienne, salue la proposition de la Cour qui a proposé la formation d'un comité d'experts pour servir d’intermédiaire entre les deux partis afin de résoudre le conflit. «Le gouvernement devrait trouver une solution amicale et mettre fin aux protestations car cela ne va pas, dans aucun pays, de laisser que ses propres agriculteurs luttent pour faire entendre leurs demandes fondées», estime le prélat. Selon lui, la décision de justice prononcée ce mardi pourrait «être un pas en avant afin de trouver une solution définitive à cette impasse».
Ce soir, les syndicats d’agriculteurs n’ont pas réagi, mais le gouvernement a lui déclaré qu'il n'envisageait pas d’abrogration de la loi.
Au cours de ces mois de protestations, divers représentants de l'Église indienne ont exprimé leur solidarité avec les agriculteurs, disant qu'ils comprenaient leurs raisons. En décembre dernier, les évêques du Kerala avaient demandé au gouvernement de New Delhi de répondre immédiatement à leurs préoccupations, déclarant que la réforme n'était pas dans leur intérêt.
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