Inde: les paysans vent debout contre la lib¨¦ralisation du secteur agricole
Pope
Le mouvement de colère des fermiers et agriculteurs indiens ne donne aucun signe de fléchissement. Depuis plus de deux semaines, des dizaines de milliers d¡¯entre eux, venus principalement du Pendjab, se relaient pour camper aux portes de New Delhi; ils ne partiront que lorsque le gouvernement aura entendu leurs doléances et accepté de les recevoir. Mardi dernier, cheminots, routiers, enseignants, syndicats et plusieurs partis d¡¯opposition les ont ralliés pour une journée de grève nationale.
Au c?ur de cette contestation d¡¯ampleur: une réforme agraire votée par le Parlement en septembre. En pratique, celle-ci permet aux agriculteurs de vendre leurs produits à un acheteur, au prix de leur choix, et non plus uniquement sur les marchés régulés par l¡¯État avec des prix minimum fixés.
Le gouvernement fait donc le pari de la libéralisation du secteur agricole, en en facilitant l¡¯accès aux entreprises privées, et la présente comme une opportunité d¡¯enrichissement pour les agriculteurs. Mais ceux-ci ne voient pas les choses du même ?il. Ils craignent au contraire la disparition à terme du marché public au profit des grands groupes de l¡¯agro-business qui se retrouveraient alors libres d¡¯imposer leur loi sur les prix.
L¡¯éclairage de Frédéric Landy, professeur de géographie à l¡¯Université Paris-X Nanterre, chercheur associé à l¡¯Institut français de Pondichéry qu¡¯il a d¡¯ailleurs dirigé durant quatre ans.
L¡¯agriculture est un pivot de l¡¯économie indienne; environ 70% de la population en dépend directement ou indirectement. Après la révolution verte des années 1960-1970, caractérisée par une hausse des rendements et une modernisation de l¡¯agriculture, le secteur est aujourd¡¯hui en crise. En 2018 déjà, des milliers d¡¯agriculteurs avaient manifesté pour dénoncer les forts taux d¡¯endettement et de suicides.
Cette crise constitue un défi de plus pour le gouvernement, alors que l¡¯Inde est entrée officiellement en récession cette année, une première depuis son indépendance en 1947.
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester inform¨¦, inscrivez-vous ¨¤ la lettre d¡¯information en cliquant ici