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Le groupe organisateur des Rencontres théologiques méditerranéennes à Rijeka. Au centre se trouver Mgr Mate Uzinic. Le groupe organisateur des Rencontres théologiques méditerranéennes à Rijeka. Au centre se trouver Mgr Mate Uzinic. 

Coup d'envoi des Rencontres théologiques méditerranéennes de Rijeka

"Christianisme et Islam: au service de la fraternité dans un monde divisé", tel est l’intitulé de la troisième édition de ces rencontres organisées par l’archevêché situé dans le nord de la Croatie et auxquelles participent pour la première fois cette année de jeunes théologiens et enseignants musulmans. Demain, mardi 16 juillet, sœur Nathalie Becquart, sous-secrétaire du Synode des évêques, interviendra sur le thème "Synodalité, œcuménisme et dialogue interreligieux".

Alessandro Di Bussolo - Cité du Vatican

Jusqu’au 20 juillet, le dialogue avec l'Islam pour construire un monde fraternel sera au cœur des discussions lors de ces Rencontres théologiques méditerranéennes de Rijeka, qui se sont ouvertes dimanche 15 juillet, dans la maison pastorale Domus Laurana, à Lovran, sur la côte adriatique croate. Parmi les 38 étudiants et doctorants en théologie, se trouvent pour la première fois neuf musulmans, dont un des cinq conférenciers, le théologien islamique Benjamin Idriz, imam de Penzberg en Allemagne. Quinze étudiants seront orthodoxes, huit catholiques et six protestants, principalement originaires de Croatie, de Serbie, de Bosnie-Herzégovine, mais aussi de Grèce, de France, d'Autriche et d'Allemagne.

La salutation d'Uzinić et le message d'Abdelsalam

Après la messe célébrée hier soir, les travaux ont débuté ce lundi matin avec le discours introductif de l'archevêque de Rijeka-Fiume Mate Uzinić, promoteur des Rencontres avec un groupe organisateur de théologiens et de biblistes, sur le thème "Christianisme et Islam: au service de la fraternité dans un monde divisé". Un message du juge Mohamed Abdelsalam, secrétaire général du Prix Zayed pour la fraternité humaine et témoin du dialogue qui a conduit à la signature historique, le 4 février 2019 à Abu Dhabi, du Document sur la Fraternité humaine, fut également lu.

Conférences et travaux de groupe

Chaque matin, du mardi au vendredi, une présentation sera proposée par les cinq conférenciers qui, l'après-midi, approfondiront les différents aspects du sujet avec les étudiants, en coordonnant autant de groupes de travail. Le premier intervenant sera le théologien croate Tomislav Kovač, directeur du département de théologie fondamentale à la faculté catholique de théologie de Zagreb. Ils seront suivis par Benjamin Idriz, imam et théologien de la communauté islamique de Penzberg en Allemagne, et par la théologienne grecque-orthodoxe Angeliki Ziaka, professeur d'études religieuses et responsable de la commission des études islamiques à la faculté de théologie de l'université Aristote de Thessalonique. Les Rencontres se concluront par des conférences du théologien protestant Ulrich Schmiedel, professeur de christianisme mondial à l'université de Lund en Suède, et de Zilka Spahić-Šiljak, professeur d'études sur le genre et directrice académique du Centre universitaire de ressources sur le genre (UNIGeRC) à l'université de Sarajevo.

À la tribune, sœur Becquart du Synode des évêques

Deux interventions publiques auront lieu cette semaine. La première, mardi 16 juillet au soir, avec sœur Nathalie Becquart, sous-secrétaire du Synode des évêques, sur le thème "Synodalité, œcuménisme et dialogue interreligieux". La religieuse fera bénéficié l’auditoire de sa longue expérience du dialogue islamo-chrétien en France, notamment impliquant les jeunes. La seconde, mercredi 17 juillet au soir, les cinq conférenciers débattront du thème des rencontres théologiques, lors d'une table ronde dans la salle de conférence de l'archevêché de Rijeka.

Mgr Uzinić: deux religions pour œuvrer pour la fraternité

Dans une interview accordée au site bosniaque Polis.ba, l'archevêque Mate Uzinić a souligné que le dialogue entre chrétiens et musulmans, notamment au niveau théologique, peut aider les deux communautés de croyants «à ne plus être une cause de division, afin d'être au service de la fraternité». Mais pour dialoguer, «il faut trouver des interlocuteurs», comme y est parvenu François lorsqu’il signait le document d’Abu Dhabi avec le cheick Al-Tayyeb. En choisissant le thème des Rencontres de cette année, explique Mgr Uzinić, «nous voulons encourager les étudiants en théologie de notre région, accablés par les divisions et la haine, à trouver des interlocuteurs les uns dans les autres. Et à commencer à construire un monde meilleur, sans divisions, également dans les Balkans».

Pas de frontières mais des ponts, le dialogue n'est jamais un danger

Pour l'archevêque de Rijeka, des rencontres comme celles qui s’ouvre à Lovran peuvent transmettre un message porteur aux chrétiens et aux musulmans, «que le dialogue avec les membres d'autres communautés religieuses ne nous met pas en danger, qu'en parlant avec les autres nous ne renonçons pas à nous-mêmes, et que cela ne signifie pas un syncrétisme religieux. Ce dialogue nous aide à connaître les autres, nous encourage en fait à être encore meilleurs, plus authentiques nous-mêmes». Sans cette ouverture et ce dialogue, explique Mgr Uzinić, «les autres sont une menace pour nous, ils nous font peur, ils sont nos ennemis. Il en résulte une fermeture, et très souvent un fondamentalisme religieux, qui nous conduit à devenir les ennemis des autres. Et en effet, nous sommes alors ennemis de nous-mêmes et de notre religion que nous pensons défendre». Or, conclut-il, les frontières et les obstacles plaçés entre nous, «ne nous sauveront pas et ne peuvent pas nous sauver, tandis que les ponts que nous voulons construire entre nous peuvent le faire et le feront. Le dialogue est l'un de ces ponts».

Approfondissement avec le père Branko Juric, théologien moral bosniaque et ancien vice-recteur du Collège Teutonique au Vaticanr. Père Juric, pourquoi avez-vous choisi le thème "Christianisme et Islam: servir la fraternité dans un monde divisé" pour cette troisième édition, en invitant également des étudiants et des enseignants islamiques?

Parce que nous pensons que le dialogue entre chrétiens et musulmans en Méditerranée, mais aussi dans toute l'Europe, est absolument indispensable aujourd'hui. La fraternité est un baume sur les blessures du monde; un monde qui s'est de plus en plus polarisé ces dernières années. Avec notre programme à Rijeka, nous voulons apporter notre modeste contribution à la paix, en renforçant la fraternité, en nous inspirant des exemples du Document sur la fraternité humaine, de l'exemple de notre archevêque Mate Uzinić et du travail du "Réseau théologique méditerranéen" dont nous faisons partie. Nous espérons que de cette partie de l'Europe et de ces jeunes théologiens, un message d'espoir parviendra à d'autres, pour nous tous qui rêvons d'un monde meilleur de non-violence et de paix.

Quel message et quel témoignage voulez-vous offrir, avec ce thème et ces rencontres, aux communautés chrétiennes des Balkans?

Ici, dans les Balkans, nous avons vécu pendant des siècles la coexistence de différentes communautés. En même temps, par exemple, la terre d'où je viens, la Bosnie-Herzégovine, est pleine de «tombes des différents», comme l'a dit de manière si évocatrice notre théologien Ivan Šarčević. Il me semble que les gens ordinaires d'aujourd'hui, nos parents, nos amis, ont un dialogue de vie. Nous entretenons de véritables amitiés les uns avec les autres, même si nous sommes différents ou peut-être à cause de cela. Ce que nous voulons proposer avec ce thème, c'est que les théologiens sont appelés à construire des relations encore plus profondes. Notre responsabilité est grande, nous devons donner l'exemple de la fraternité. Si les prêtres, les théologiens, les professeurs de religion dans les écoles ne respectent pas les autres et leurs différences, et ne croient pas que nous sommes tous frères et sœurs, alors le monde est voué à l'échec. Cependant, nous pensons que les jeunes ont confiance les uns dans les autres et dans le monde.

Pour le document historique sur la fraternité humaine, le Pape François a trouvé un interlocuteur précieux en la personne du Grand imam d'Al-Azhar. Les Églises chrétiennes des Balkans et les jeunes théologiens chrétiens de ces pays peuvent-ils les trouver dans les communautés islamiques locales?

Il me semble qu'il est toujours essentiel pour le dialogue de faire le premier pas. Celui qui le fait devient un protagoniste du dialogue. Parfois, faire ce premier pas demande du courage, même si l'on doit faire face à la critique des membres de sa propre communauté. Il s'agit d'offrir la confiance à l'autre. Seule une avancée de la confiance, donnée à l'autre, est capable de greffer de manière réaliste le chemin de la paix, au niveau personnel et social. Les Églises chrétiennes des Balkans et les jeunes théologiens chrétiens de ces pays peuvent certainement entreprendre des démarches similaires à celles du Pape et du Grand imam et trouver des interlocuteurs valables parmi les musulmans locaux. Parfois, il me semble que la communauté islamique locale est plus ouverte que certains membres de l'Église catholique. C'est comme ça dans le dialogue: les minorités me semblent toujours plus ouvertes que les majorités. En ce qui concerne notre réalité locale, il serait très intéressant que nos responsables religieux locaux rédigent, ou confient à de jeunes théologiens, la rédaction d'un document de fraternité humaine local, "inculturé", traitant des questions spécifiques à l'ex-Yougoslavie, à nos communautés, telles que le nationalisme, la purification de la mémoire, la confrontation avec son passé, avec les crimes de guerre. Puis la réconciliation et le pardon. Ici, par exemple, la question nationale et la question religieuse sont particulièrement complexes et malheureuses.

La sous-secrétaire du Synode des évêques interviendra lors des rencontres. Quelle place pensez-vous que le dialogue théologique œcuménique et interreligieux devrait avoir dans une Église véritablement synodale ?

En tant qu'organisateurs, nous sommes très heureux que Sœur Nathalie Becquart vienne à Lovran pour donner une conférence et dialoguer avec de jeunes théologiens. En ce qui concerne votre question, je dirais que Dieu a créé tout le monde et veut que tout le monde soit sauvé. Je me demande donc toujours pourquoi certains croyants pensent qu'ils sont les seuls à pouvoir être sauvés. Oui, le dialogue théologique œcuménique et interreligieux devrait occuper une place centrale dans une Église véritablement synodale. Le dialogue œcuménique - comme le souligne l'Instrumentum laboris publié il y a quelques jours - est fondamental pour développer une compréhension de la synodalité et de l'unité de l'Église. Mais surtout, il nous pousse à imaginer des pratiques synodales authentiquement œcuméniques, jusqu'à des formes de consultation et de discernement sur des questions d'intérêt commun et urgent.

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15 juillet 2024, 15:24