François au Canada: «une visite nécessaire», témoignent des consacrés
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican / Propos recueillis par Griselda Mutual, envoyée spéciale à Québec
De l’homélie prononcée par le Pape François lors des vêpres de ce jeudi 28 juillet, ils retiennent les «trois défis» à suivre face au phénomène du sécularisme, prégnant dans la société canadienne.
Le Saint-Père a parlé de «témoignage». Il s’agit d’être «un témoin véridique», reformule sÅ“ur Francine Bouffard, de la communauté des sÅ“urs de Sainte-Jeanne-d’Arc. La religieuse est renouvelée dans son désir d’être «amoureuse de l’Amour» et de «devenir l’image du Christ dans mes comportements, mes actions».
Cet appel à un «témoignage de vie crédible» a aussi marqué Marie-José Girard. D’autant plus que le Pape lui-même, assis dans un fauteuil roulant, «n’a pas eu peur de sa propre fragilité», remarque cette consacrée au sein de la Communauté de l’Emmanuel. «Le voir vulnérable, mais aussi demeurant fort dans le Christ… J’ai été touchée par son témoignage», explique-t-elle, ajoutant vouloir aussi approfondir sa réflexion sur le «piège du sécularisme» pointé par François.
Le Souverain Pontife a également appelé les catholiques canadiens à la fraternité. Un appel «fondamental» aux yeux du père Jean Abud, «pour qu’entre nous ce ne soient pas des idéologies, des écoles, qui fassent des clans entre nous, mais pour que tous, nous témoignions d’une réelle et vivante fraternité, que Dieu veut aussi instaurer dans le monde». Vivre une fraternité qui consiste à reconnaître que «nous sommes toutes et tous différents», mais aimés d’un même Père, et à «regarder l’autre non pas avec un regard pessimiste, mais un regard d’espérance et de lumière», précise le père Édouard Shatov, assomptionniste d’origine russe.
Délivrés d’un fardeau
Les prêtres et consacrés reviennent également sur le fil rouge de ce 37e voyage apostolique du Pape François: sa demande de pardon aux communautés autochtones pour les abus commis dans les pensionnats gérés par l’Église catholique aux 19e et 20e siècles.
«Le Pape est venu nous encourager vivement avec un regard très lucide, qui nous a aidés à sortir de la culpabilité et de la honte, et à assumer vraiment le mal qui a été fait», estime le père Jean Abud. Son message aide aussi «les autochtones à sortir d’un sentiment d’échec de leur vie. Il nous aide à bâtir des ponts ensemble, à créer une fraternité. C’est un long parcours, mais il a bien établi le programme à suivre. C’est très encourageant, c’était nécessaire qu’il vienne nous donner cette impulsion». «Cela ne va sûrement pas changer la situation du jour au lendemain, mais cela ouvre un chemin. Il a été très lucide sur la situation, il nous a aidés à faire la vérité», ajoute le prêtre.
«Le Pape François a fait le pas décisif, pour nous dire que nous ne sommes pas prisonniers de notre passé. Avec la grâce de Dieu, nous sommes invités à aller plus loin, à prendre un chemin de guérison, en prenant soin les uns des autres, pour grandir ensemble dans le Christ et devenir de plus en plus frères et sÅ“urs», commente quant à lui le père Édouard Shatov.
Marie-José Girard a trouvé le Souverain Pontife «simple, concret et courageux». «Il nous encourage à marcher humblement avec le Seigneur», à «vivre nous aussi un chemin de conversion». Sa démarche de pèlerinage pénitentiel l’a aidée à «vivre ces jours dans la pénitence», confie-t-elle. Il était «touchant d’entendre son pardon sincère, sa demande de pardon répétée, reconnaît la jeune consacrée, mais je souhaite aussi qu’il y ait des actions concrètes qui soient annoncées». Elle dit aussi avoir des «attentes au niveau politique. Il faut se demander: qu’est-ce qu’on est en train de bâtir ?»
Un nouveau départ
En résumé, pour sÅ“ur Francine, ce voyage attendu du Pape en terres canadiennes est «doux et paisible», même s’il est aussi «pénible et difficile». Les enseignements du Successeur de Pierre seront pour elle «un stimulant», assure la religieuse.
C’était une «visite nécessaire pour nous au Canada», renchérit le père Jean, «c’est un jalon important» dans le processus de réconciliation, «un grand signe d’espérance pour nous tous».
Samedi 30 juillet, François sera de retour à Rome. Alors les catholiques canadiens pourront «vivre un nouveau commencement», assure le père Shatov.
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