Bioéthique: une ²õ´Ç³¦¾±Ã©³Ùé ne peut se construire à partir du désir
Entretien réalisé par Hélène Destombes - Cité du Vatican
80 heures ont été nécessaires pour examiner les 2 600 amendements déposés lors de l’examen dans l’hémicycle. La mesure emblématique de ce texte de 32 articles est l'ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes célibataires. Il prévoit également une délicate réforme de la filiation et de l'accès aux origines, la recherche sur les cellules souches embryonnaires mais aussi la conservation des ovocytes sans indication médicale. Autant de sujets délicats qui ont suscité nombre de questionnements au-delà des clivages partisans.
Les évêques de France ont pris la parole à plusieurs reprises et en particulier il y a un mois, le 16 septembre, lors d’une rencontre au collège des Bernardins à Paris, appelant à une «bioéthique éclairée». Le père Thierry Magnin, secrétaire général de la Conférence des évêques de France, pose un regard critique sur le débat parlementaire qui vient d’avoir lieu.
«Beaucoup de choses étaient jouées d’avance» observe-t-il, soulignant que «les grands projets ont été votés sans vraiment poser sur la table les questions majeures et les conséquences de certaines décisions», notamment concernant l’enfant.
Privilégier les droits de l’enfant
Les débats étaient focalisés sur «la prise en compte des désirs de la société» et l’accent a été mis «sur le droit à l’enfant plutôt que les droits de l’enfant», déplore le père Magnin qui met en garde contre une société qui se construirait à partir du «désir de l’individu».
La famille est «un modèle très bousculé», constate le père Magnin, et il est important de prendre soin de tous les types de familles. «Il ne s’agit pas de culpabiliser des personnes» mais, relève le secrétaire général de la Conférence des évêques de France, «accueillir et comprendre est une chose, faire une loi générale qui normalise tout est autre chose».
Préserver l’originalité du modèle bioéthique français
Dans ce débat on touche «à la vie et au vivant» et on ne peut pas agir sans penser aux conséquences, insiste le père Magnin, qui rappelle que «les relations entre les aspects biologique, psychique et spirituel sont extrêmement importantes, tout est lié».
Ancien recteur et professeur de théologie et d’éthique à l’Institut catholique de Lyon, le père Magnin défend le modèle bioéthique à la française. «Il ne faudrait pas s’aligner sur des poussées qui sont plus techno-économiques qu’au service de l’ensemble de la société». Il y a «une question de fond vraiment importante» cependant «l’Église n’est pas vraiment entendue».
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