RD Congo: mort et désolation à Maboya
Stanislas Kambashi,SJ – Cité du Vatican
Les habitants de Maboya ont passé la nuit du mercredi 19 au jeudi 20 octobre dans la brousse et sous le crépitement des balles. Dans cette localité de l’est de la République démocratique du Congo, située sur la route entre Beni et Butembo, dans la province du Nord-Kivu, des hommes armés ont pris d’assaut la population et ont semé la mort et la désolation.
Selon l’abbé Roger Malengera Mulamu, curé de la Paroisse Regina Pacis de cette contrée, les assaillants ne sont autres que des éléments des Forces démocratiques alliées (ADF-Nalu), un groupe armé d’origine ougandaise.
Jour de «grande désolation»
Pour l’abbé Malengera, «c’est un grand jour de désolation». Les balles ont commencé à crépiter peu après 1h30’ du matin. Peu avant, la communauté des petites sÅ“urs de la présentation de Marie avait alerté le curé sur la présence des hommes en uniforme à l’entrée du centre de santé du lieu. Dans la conversation téléphonique, une religieuse médecin, qui était de garde, faisait savoir au prêtre que les assaillants forçaient la porte de la pharmacie et celle de la salle où elle se trouvait. Quelques minutes après, la conversation s’est interrompue et l’abbé a compris qu’il fallait d’urgence trouver un refuge pour se mettre à l’abri. La population s’est alors précipitée dans la brousse. «Il faisait froid, nous y étions avec des nourrissons et des femmes enceinte», témoigne le prêtre.
Des corps sans vie, des maisons brûlées, le centre de santé incendié
Après un temps d’accalmie, à 6h30’ du matin, les habitants sont revenus au village. Ils n’ont alors constaté que les dégâts: une bonne partie du centre de santé était incendié, le corps de la «sÅ“ur docteur» était calciné dans la chambre de garde. Un malade a également péri dans l’incendie. Au village, cinq autres corps ont été retrouvés sans vie.
Selon l’abbé Malengera, les présumés ADF-Nalu portaient sur eux des Motorolas et étaient chaussés des souliers en caoutchouc qu’ils ont abandonnés. Ils se sont ensuite enfuis, prenant la direction de «l’est de la paroisse, c’est-à-dire vers le Graben». Venue de 80 kilomètres, plus tard dans la journée, la police n’a fait que constater à son tour les dégâts matériels et humains. Les corps ont été rendus aux familles des victimes.
«Saboter pour tuer à petit feu»
Pour le curé de la Paroisse Regina Pacis, la seule motivation des assaillants est de saboter pour tuer la population à «petit feu». «C’est le énième sabotage, le terrorisme», a déclaré le prêtre, ajoutant que la situation d’insécurité est la même dans d’autres localités de l’est de la RD Congo comme Beni, Irumu et bien d’autres.
L’abbé Malengera prie pour la paix et le réconfort dans ces zones. Il lance un appel au gouvernement congolais et aux forces de l’ordre, afin qu’ils assurent la sécurité des personnes et de leurs biens.
«L’horreur a plus que dépassé le seuil»
Dans un message de condoléances paru dans la journée de jeudi 20 octobre, l’évêque de Beni-Butembo, Monseigneur Melchisédek Sikuli, a dit sa consternation pour cette attaque armée «qui a ciblé le Centré de Santé de Référence de Maboya, qui est une formation sanitaire de notre Bureau Diocésain de Å’uvres Médicales». Il a déploré la disparition tragique «de la sÅ“ur Docteur Marie Sylvie Kavuke Vakatsuraki, membre de la congrégation des Petites SÅ“urs de la Présentation de Notre Dame au Temple de Beni Butembo». Tout en présentant ses condoléances chrétiennes à la population de Maboya, aux familles des victimes et à la congrégation religieuse, Monseigneur Sikuli confie les âmes des disparus à la miséricorde divine.
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