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L'assemblĂ©e synodale en travail dans la salle Paul VI. L'assemblĂ©e synodale en travail dans la salle Paul VI.   (VATICAN MEDIA Divisione Foto)

Synode: «Vivre le mystère de l'unité de l’Église malgré les réalités différentes»

Avant la fin de la deuxième session de l'assemblée synodale ce samedi 26 octobre puis la messe de clôture le lendemain, Mgr Alexandre Joly, évêque de Troyes en France et participant au synode revient sur trois semaines de travail.

Entretien réalisé par Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican

Le travail de la deuxième assemblée du Synode sur la synodalité prendra fin samedi 26 octobre avec l’approbation du document final qui sera présenté au Pape François. Depuis le début du mois d’octobre, les pères et mères synodaux sont réunis dans la salle Paul VI au Vatican pour poursuivre ce chemin de discernement dans l’Église. Évêque de Troyes en Champagne et coordinateur du Synode pour la France, Mgr Alexandre Joly témoigne du chemin parcouru, «un discernement ecclésial à l’échelle universelle mais également un apprentissage pour nos Églises locales».

Entretien avec Mgr Alexandre Joly, évêque de Troyes en France.

Après un mois de travail, que retenez-vous de cette deuxième assemblée synodale?

Le Synode reste d'abord un acte d'Église, mais un acte assez extraordinaire car il a cette dimension du monde entier. Se retrouver à 360 membres du Synode de chacun des pays, avec des réalités parfois très différentes et tous unis par la même foi, par la même préoccupation d'accueillir ce que Dieu nous donne, d'accueillir son royaume, de témoigner de cette bonne nouvelle dans le monde: c'est très émouvant parce que ça prend des formes extraordinaires.

Nous arrivons au terme de ces mois de chemin ensemble avec un silence, une écoute, une prière et des échanges nourris avec beaucoup de respect, beaucoup de vérité, beaucoup de franchise. Et sans doute beaucoup de fatigue parce que c'est un travail assez exigeant.

À quelle étape le synode est arrivé aujourd’hui?

Il y a un principe que le Pape François aime beaucoup, c'est que le temps est supérieur à l'espace. Nous, souvent, on attend de réaliser quelque chose de manière immédiate, de manière efficace. Le Pape François nous a fait rentrer dans un temps long.

D’abord avec la consultation de toutes les églises, déjà la mise en Ĺ“uvre du discernement, mais à tous les niveaux de la vie de l'Église. Puis la première session où là on a appris à se connaître, avec un temps de découverte, d'apprivoisement d'une certaine manière, aussi bien des personnes que de la méthode.

Enfin, cette deuxième session, trois ans après, il y a une vraie maturité, il y a quelque chose qui s'est construit. Il y a une confiance qui a grandi, une confiance entre nous, une confiance qui n'est pas naïve, parce qu'on connaît nos fragilités, on connaît le poids de la vie humaine.

Quelles suites à cette deuxième session?

J'entends le chemin qui a été fait comme un discernement ecclésial à l'échelle universelle, qui a une fécondité pour ce que le Pape a demandé d’étudier lors de ce synode mais également un apprentissage pour nos églises locales, pour nos diocèses, pour nos communautés.

Et s'il y a un fruit sans doute qui nous sera donné à faire mûrir, c'est la capacité à discerner ensemble. L’Église est confrontée à beaucoup de questions, de par la réalité du monde, un monde qui est parfois violent, douloureux mais aussi dans sa propre vie, dans son fonctionnement, dans la place de chacun.

On a constaté la diversité de l’Église et des problématiques locales. Comment articuler l’autorité de l’évêque sur son territoire, des conférences épiscopales, et la primauté du Pape, garant de l’unité de l’Église?

L'Église est un corps très vaste qui avance ensemble mais aussi selon des étapes différentes. Donc, il y a forcément une tension permanente entre l'autorité d'un évêque dans son église locale et le défi de l'unité au niveau de l'Église tout entière.

De plus, les conférences épiscopales sont à la fois d'abord un signe que l'évêque n'est jamais tout seul. Il appartient à un collège, comme les apôtres appartenaient au collège apostolique. Cette communion des 5000 évêques à l'échelle du monde entier, elle se réalise aussi très concrètement à travers les conférences épiscopales. Au niveau d'un pays, elles permettent à des évêques d'une même réalité locale nationale d'avancer ensemble, de s'écouter, de faire grandir la communion.

C’est aussi une manière de discerner sur la justesse et la conformité à l’Évangile de vivre notre Église localement. Or, à travers le monde, la réalité culturelle n'est pas la même et donc la manière de vivre la foi, l’Évangile, ne va pas être la même. Mais, si notre réalité culturelle devient absolue, elle a oublié qu'elle est soumise à une fidélité plus grande, qui est celle de l'Évangile.

Le synode, nous a invités à aller plus loin dans la manière de prendre en compte des réalités locales et à la fois de bien vivre le mystère de l'unité, afin qu'une réalité locale ne conduise pas une Église à partir sur son chemin, toute seule, sans tenir compte de la communion de l'ensemble.

Mgr Alexandre Joly, évêque de Troyes.
Mgr Alexandre Joly, évêque de Troyes.

Le sujet de la place des femmes dans l'église et dans la gouvernance de l'Église a aussi été au cĹ“ur des débats. Quels pas ont été faits lors de cette assemblée?

Dans le chemin d'écoute, nous avons entendu beaucoup de femmes prendre la parole et exprimer à la fois leurs souffrances, leurs interrogations, leurs attentes, leurs rêves, leurs interpellations, la manière dont elles perçoivent les choses. Il y a aussi beaucoup de femmes qui sont très actives dans l’Église sous des formes différentes, certainement selon les pays ou les Églises.

Dans mon diocèse, à Troyes en Champagne, j'ai choisi de confier à une femme une mission importante aux côtés du vicaire général, celle de déléguée générale. Ainsi, s’est établit une sorte de trio entre le vicaire général, la déléguée générale et moi-même pour conduire le diocèse. Donc on a des manières de faire des implications qui localement parfois peuvent être d'abord très belles et puis surtout naturelles. Ce n'est pas une révolution, c'est quelque chose de normal.

Il y a même aussi dans la vie du monde, dans la vie de l'église, certains mépris à l'égard des femmes, certains regards d'incompréhension, peut-être des peurs. J'entends que dans le synode, il y a eu une interpellation forte, prophétique pour l'Église, prophétique aussi pour le monde.

Homme et femme, nous avons fondamentalement une grande égalité devant Dieu. Est-ce que cette égalité elle se traduit aussi dans la vie de la société, de nos familles, de nos entreprises? Mais aussi dans la vie de l'Église et de nos communautés, que ce soit au niveau d'un diocèse, que ce soit au niveau des dicastères, dans une communauté, ou dans un village où les chrétiens se rassemblent.

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25 octobre 2024, 11:38