L’histoire de l'Occident et l’Église, un lien intime selon Mgr Gallagher
Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican
Pie XII, élu pape en mars 1939 et jusqu’en 1958, a vu l’Europe se fracturer lors de la Seconde Guerre mondiale puis les débuts de la Guerre froide. Dans son discours d’ouverture au colloque dédié à «la diplomatie vaticane et la formation de l'Occident sous le pontificat de Pie XII» à l'Université pontificale grégorienne ces 18 et 19 avril, Mgr Paul Richard Gallagher a rendu hommage à ce Souverain pontife qui a transformé le rôle de la papauté dans les relations internationales.
L'histoire de l'Occident est intimement liée à celle du christianisme et de l'Église
S’intéressant au terme «’OԳ», l’archevêque en charge des relations diplomatiques du Saint-Siège le définit comme «une civilisation, une culture qui unit des peuples qui, dans leurs variétés et leurs particularités, étaient et sont unis par les mêmes racines unifiées par la foi chrétienne, qui avait incorporé la tradition spirituelle juive et la culture hellénistique». Il lie l’essor du christianisme à la création de l’Occident: «Ambroise, Augustin, Jérôme et Grégoire, les pères de l'Église, sont en réalité les pères de la civilisation occidentale, car les différents peuples d'Occident ont acquis une civilisation commune lorsqu'ils ont été incorporés à la communauté spirituelle de la chrétienté».
Au fil de l’histoire, la notion ’OԳ s’est perpétuée, toujours modelée par le christianisme, selon la «succession de renaissances, de renouveaux spirituels et intellectuels». Le chef de la diplomatie pontificale valorise le rôle des différents envoyés du Pape, apocrisiaires, légats ou autres familiares papae (familiers du pape) dans la prérogative du pontife romain d’apporter l’Évangile dans le monde, à travers la notion ’OԳ. C'est en effet l’Europe chrétienne qui a travaillé à évangéliser le monde entier, à travers ses missionnaires mais aussi ses représentants officiels.
Les nonces, relais spirituels et politiques
Aujourd’hui, les représentants du Pape dans le monde sont les nonces apostoliques. Le Saint-Siège entretient des relations pleines et entières avec 184 États, auxquels s’ajoutent l'Union européenne et l'Ordre souverain militaire de Malte, ce qui en fait l’un des réseaux les plus vastes du monde.
Mgr Gallagher souligne que «la diplomatie papale, qui comme toute autre diplomatie utilise des moyens séculiers pour atteindre un but de politique (étrangère), ne peut se limiter à la propagation de la foi, et son succès ne doit pas être mesuré en termes de propagation de la foi». Mais, il s'agit tout de même d'un point essentiel du travail du nonce. Le Pape Pie XII, qui fut lui-même nonce à Munich, puis à Berlin entre 1917 et 1929, estime qu’il «s'agit d'une mission sacerdotale, d'une fonction sacerdotale».
Le bouleversement des guerres mondiales
Cependant, dans le milieu du XXe siècle bouleversé par le conflit mondial, la papauté comprend définitivement qu’elle ne peut plus s’appuyer sur l’Occident divisé. Pie XII voit les nonces apostoliques se faire expulsés de différents pays du bloc soviétique. Mgr Gallagher souligne alors l’apport de Pie XII dans le rôle diplomatique du Saint-Siège: une parole plus assumée sur les problèmes des temps. Le milieu du XXe siècle marque les prises de positions des Papes sur les sujets de société. Déjà sous Pie XI, prédécesseur de Pie XII, plusieurs encycliques avaient condamné le fascisme italien (Non abbiamo bisogno) ou le communisme (Quadragesimo anno), toutes deux publiées en 1931.
L'enseignement bimillénaire de l'Église
Depuis Pie XII, les Papes n’hésitent pas à porter une voix officielle forte sur des sujets majeurs dans le monde. Avec ce qu’il définit comme «une troisième guerre mondiale par morceaux», François n’y fait pas exception et appelle inlassablement à la paix dans les différentes parties du monde.
Le secrétaire pour les relations avec les États et les organisations internationales assure que «l'enseignement bimillénaire de l'Église représente une source à laquelle puiser des solutions». «Cette source est alimentée par l'eau inépuisable de la Grâce divine, et l'homme, dans sa liberté, conformément à la loi naturelle et divine, peut et pourra toujours prendre des décisions qui lui permettent d'affronter et de trouver des solutions à ces crises» a-t-il poursuivi.
La foi chrétienne, matrice des peuples du continent européen
Mgr Gallagher a terminé son discours en citant l'exhortation apostolique Ecclesia in Europa de saint Jean-Paul II en 2003, qui résonne particulièrement à l’heure des élections européennes: «Europe (...) sois toi-même. Redécouvre tes origines. Ravive tes racines. Au cours des siècles, tu as reçu le trésor de la foi chrétienne. Elle fonde ta vie sociale sur les principes de l'Évangile et on peut en voir les traces dans les arts, la littérature, la pensée et la culture de vos nations. Mais cet héritage n'appartient pas seulement au passé: c'est un projet d'avenir à transmettre aux générations futures, car il est la matrice de la vie des personnes et des peuples qui ont forgé le continent européen. Sois-en sûre! L'Évangile de l'espérance ne déçoit pas!».
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