Rapatriement des enfants ukrainiens, Mgr Gallagher espère plus de rapidité
Delphine Allaire – Cité du Vatican
Mgr Gallagher a évoqué une initiative phare de l'action humanitaire du Saint-Siège, celle conduite en ce moment en faveur du rapatriement des mineurs ukrainiens déplacés dans la Fédération de Russie depuis février 2022. «Il y a eu diverses tentatives mises en Å“uvre par le Saint-Siège avant le déclenchement de la guerre pour faciliter le dialogue entre les parties, dans le respect du droit international et de l'intégrité territoriale, pour maintenir vivant un canal de dialogue entre les parties et pour inviter les deux parties à une solution négociée», a-t-il raconté, rappelant la visite personnelle du Pape à l'ambassadeur de Russie accrédité près le Saint-Siège le 25 février 2022, le dialogue avec le patriarche Kirill, l'envoi des cardinaux Michael Czerny et Konrad Krajewski en Ukraine avec des aides pour soutenir la population et les nombreux appels de François pour une paix juste.
Mgr Gallagher a aussi souligné comment dans les tous premiers mois de l'agression, le nonce apostolique en Ukraine est resté à Kiev, avec très peu d'autres ambassadeurs, tandis que la majorité d'entre eux avaient déménagé à Lviv, à l'ouest du pays, pour des raisons de sécurité.
Mineurs en zone de guerre, des groupes de travail stables mis en place
Parmi les actions humanitaires mises en Å“uvre en Ukraine, Mgr Gallagher est revenu sur celle dont la coordination a été confiée au cardinal Matteo Zuppi, président des évêques italiens, et qui consiste à protéger les mineurs dans les zones de guerre et, en particulier, à encourager la réunification des enfants avec leurs familles. Il raconte que les autorités ukrainiennes elles-mêmes à travers leur ambassade auprès du Saint-Siège et leur nonciature apostolique en Ukraine, ont sollicité l'aide du Pape pour favoriser ce rapatriement des mineurs ukrainiens des territoires sous contrôle russe.
«Beaucoup d'entre eux, non seulement ceux qui vivaient dans leur propre famille et avec leurs tuteurs, mais aussi des orphelins et des mineurs privés de soins parentaux, ont été transférés dans certaines régions de la Fédération de Russie après l'attaque et confiés à d'autres familles, hébergés dans des centres d'assistance sociale et des orphelinats, ou placés dans des centres de formation inadaptés à leur séjour», a-t-il observé, reconnaissant que de manière générale, il est encore difficile de connaître exactement la situation de beaucoup d’entre eux.
Après un premier contact personnel et direct entre le cardinal Zuppi et les autorités civiles des deux pays, au cours duquel la liste des mineurs signalés a été échangée, «nous sommes passés à une phase dans laquelle les parties ont accepté la proposition d'établir des groupes de travail stables qui communiquent entre eux avec la participation des représentations pontificales», a-t-il poursuivi. Ainsi commença un échange régulier d’informations. Les deux nonciatures facilitent les rencontres entre le cardinal Zuppi et les autorités civiles et suivent de près l'efficacité du mécanisme de rapatriement des mineurs, transmettant les listes, participant, dans certains cas, au rapatriement effectif des mineurs et à la confirmation des retrouvailles.
Le rapatriement de Boghan Ermokhin
Parmi les résultats les plus gratifiants, Mgr Gallagher retient le rapatriement du jeune Boghan Ermokhin, orphelin de Marioupol, à la veille de son 18e anniversaire, un anniversaire qui aurait considérablement modifié sa situation juridique, et ne lui aurait pas permis de retourner dans son pays natal. Puis à Moscou, au siège de la nonciature apostolique, une mère a pu retrouver ses cinq enfants, indique le secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États.
Les difficultés ne manquent pas, reconnait-il, notant la complexité de fournir des informations précises sur les mineurs des deux côtés, et le nombre encore faible de rapatriements. Le Saint-Siège espère que les procédures seront accélérées et que la confiance grandira entre les parties concernées. «En outre, la même question est également suivie par le Qatar et l'Unicef, ainsi que par certaines ONG. Dans la mesure du possible, nous essayons également de nouer des liens avec eux, même si, pour le moment, les efforts restent complémentaires et non conjoints», a-t-il déclaré.
Le salut des âmes et la coexistence des peuples
Mgr Gallagher a aussi présenté l’activité internationale du Saint-Siège non «comme simple agence humanitaire», mais comme «un sujet de droit international doté de tâches de médiation spécifiques et de fonctions particulières de négociation entre les États, tâches et fonctions visant à la "défense de l'humanité"».
Ces tâches sont accomplies par la section des relations avec les États et les organisations internationales, que le diplomate britannique du Saint-Siège préside, et qui compte deux sous-secrétaires, quarante officials et une vingtaine d’autres collaborateurs. À ces compétences s'en ajoutent d'autres de nature plus ecclésiastique, concernant la nomination des évêques dans les diocèses et la constitution, et le changement des circonscriptions ecclésiastiques elles-mêmes, comme par exemple à la vie de l'Église dans le monde soviétique avant la chute du mur de Berlin, ou dans la Chine d'aujourd'hui.
Bien que le Saint-Siège entretienne des relations diplomatiques avec 184 États, auxquels il faut ajouter l'Union européenne et l'Ordre souverain militaire de Malte, et qu'il participe de diverses manières à plus de trente institutions intergouvernementales, Mgr Gallagher a souligné que ces chiffres n'expriment pas des positions de respect ou l'exercice d'un pouvoir, mais plutôt «l'évidence d'une large dimension de travail quotidien, complexe et souvent difficile dont l'objectif reste ad intra la loi suprême du salus animarum -du salut des âmes-, tout en ad extra la coexistence ordonnée entre les peuples, qui pour la vision chrétienne est la véritable condition préalable à la paix». Et Mgr Gallagher de conclure en évoquant la méthode indiquée par le Pape aux nonces apostoliques: «Vous n'êtes pas des intermédiaires, mais des médiateurs qui, par la médiation, font la communion».
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