L’archevêque de Tokyo, nouveau président de Caritas Internationalis
Entretien réalisé par Devin Watkins – Cité du Vatican
«C'est la véritable mission de Caritas: aider les personnes à savoir qu'elles ne sont pas oubliées»: c'est ainsi que le nouveau président de Caritas Internationalis décrit la confédération caritative de l'Église, peu après que les 400 délégués de la 22ème Assemblée générale de Caritas l'ont élu pour un mandat de quatre ans.
Mgr Tarcisio Isao Kikuchi, archevêque de Tokyo, au Japon, partage ses espoirs pour sa nouvelle mission, ainsi qu'un message pour les innombrables bénévoles qui manifestent l'amour de Dieu dans des actes concrets de service.
Étre témoin de l’amour de Dieu
Caritas, la deuxième plus grande organisation internationale d'aide humanitaire au monde, fournit plus qu'une simple assistance charitable, selon l'archevêque Kikuchi. En tant qu'organisation de tête des organisations caritatives locales de l'Église, Caritas cherche à «être des témoins de l'amour de Dieu pour montrer aux gens que c'est ainsi que Dieu aime tous les peuples».
Mgr Kikuchi souligne que Caritas est composée de bénévoles de la base dans toutes les parties du monde, qui «portent les caractéristiques de Caritas».
Ces bénévoles, dit-il, sont le visage de la charité de l'Église catholique, en particulier pour les personnes qui languissent dans les régions ravagées par les conflits et qui sont oubliées par le reste du monde.
«Nous fournissons une assistance professionnelle, mais en même temps nous voulons leur dire que nous sommes toujours avec eux», explique l'archevêque de Tokyo. «Nous travaillons toujours avec eux, nous nous souvenons toujours d'eux. Personne ne sera exclu, personne ne sera oublié» assure-t-il.
Marcher ensemble pour faire naître l'espoir
Caritas apporte une aide alimentaire et d'autres formes d'assistance humanitaire, fait remarquer le nouveau président, mais sa mission la plus importante est d'aider les personnes à «créer l'espoir pour survivre», affirmant que l'espoir ne peut pas être apporté de l'extérieur.
«Cependant, nous pouvons être un ami et nous pouvons marcher ensemble», déclare Mgr Kikuchi. «Nous pouvons être avec eux, afin qu'ils sachent qu'ils ne sont pas oubliés. À partir de là, ils peuvent créer l'espoir de survivre».
Expérience de terrain
Ordonné prêtre en 1986 au sein de la Société du Verbe Divin, Mgr Kikuchi fut envoyé au Ghana, en Afrique de l’Ouest, dans une paroisse de savane, où il passa sept années. Une expérience qui l’aida à créer son «identité», suppose-t-il. «Beaucoup de gens mourraient faut de médicaments appropriés, et le VIH-Sida se propageait. Il y avait tout type de problèmes. Mais les gens semblaient heureux. Tous les jours, ils semblaient heureux et portaient de beaux sourires. J’ai demandé alors à plusieurs personnes dans ma paroisse: “Pourquoi vous êtes si heureux?” Et quelqu’un me répondit malicieusement: “Père, nous avons la magie ghanéenne!” Et c’était quoi cette magie? C’était leur conviction que quelqu’un les aiderait: personne ne serait oublié».
Mgr Kikuchi a eu également une expérience de terrain au sein de Caritas. Volontaire en République démocratique du Congo et au Rwanda en 1995, il décrit ce qu’il a vu alors dans des camps de déplacés. «Je m’attendais à ce que les chefs me disent qu’ils avaient besoin de nourriture, d’éducation, de médicaments, d’abris, ou quelque chose comme cela. Mais ils m’ont dit: “Père, vous venez du Japon. Donc, quand vous retournerez au Japon, dites que nous sommes toujours là: on nous a tous oubliés.” Et cela m’a vraiment choqué», confie-t-il.
De là, la conviction de Mgr Kikuchi que l’on ne peut pas apporter de l’espoir de l’extérieur. «L’espoir doit être créée au sein des cĹ“urs. Nous ne pouvons pas ordonner de créer de l’espoir», affirme-t-il, précisant que l’on peut être aux côtés des gens pour leur assurer qu’ils ne seront pas oubliés. «C’est à partir de cela que l’on peut créer de l’espoir».
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