Le cardinal Krajewski invite à redoubler de solidarité envers les pauvres
Entretien réalisé par Amedeo Lomonaco – Cité du Vatican
Cardinal Krajewski, hier, un pauvre est mort sous la colonnade du Bernin place Saint-Pierre, notamment à cause du froid. Le Pape s’est souvenu de lui dans la prière ainsi que de tous ceux qui sont contraints de vivre sans domicile.
Hier, j'étais à Assise, où l’on m’a appelé dès qu’il a été trouvé. Je le connaissais. À Assise, j'ai prié pour lui, j'ai aussi parlé avec le Saint-Père. Toutefois, cette affaire ne saurait occulter toutes les qualités de la ville. Je suis vraiment désolé, mais c'était son choix, son choix, et nous ne pouvions rien faire de plus: en fait, même la nuit précédente, avant qu'il ne s'endorme, des volontaires sont venus offrir tout le service possible pour notre part. Les médecins nous avaient dit qu'il était diabétique...
On voyait souvent cette personne, un livre à la main, décidée à lire…
C'est vrai. Oui, il était bien connu de nous.
De la part du Pape et des structures de la Cité du Vatican, des aides concrètes et une assistance quotidienne arrivent chaque jour pour ces pauvres gens, pour ces personnes qui n'ont pas de maison…
Nous aidons au nom du Saint-Père tous les pauvres, sans demander de documents d’identité, sans rien demander. Nous les accueillons dans nos structures, celles du Vatican, qui sont nombreuses, à partir du Palazzo Migliori, via dei Penitenzieri, jusqu'aux sĹ“urs de Mère Teresa au Vatican... Prenons aussi l'exemple de la clinique: il suffit de dire que dans la clinique sous la colonnade, environ 1 050 pauvres sont accueillis chaque mois, la majorité d'entre eux étant sans abri et tous étant examinés par des médecins, tous recevant des médicaments... 1 050 personnes au mois d'octobre. Et cela se produit presque tous les mois.
Un service de charité à la lumière de l'Évangile...
Il y a des douches, il y a des coiffeurs, il y a toute la structure... Ensuite, à Rome, personne ne meurt de faim s'il ne le veut pas, parce qu'il y a tant de cantines paroissiales, Caritas, Sant'Egidio, les Misericordie... donc, vraiment, le service aux pauvres est totalement évangélique. Mais il y a aussi les personnes qui ne veulent pas être soignées, qui ne veulent pas être accueillies dans nos établissements. L'homme est libre... et donc ils vivent comme ça. Nous ne pouvons les aider que s'ils nous permettent de le faire.
Et puis, outre les installations, il y a les personnes qui aident, les volontaires…
Ici, le soir, nos volontaires sortent avec des sacs de couchage, ils sortent avec des boissons chaudes, il y a des places aussi, et nous les proposons à tout le monde, comme nous proposons à tout le monde une douche, un salon de coiffure, nous proposons d'aller chez le médecin chercher les médicaments dont ils ont besoin... Mais tout le monde ne le veut pas. Je ne connais aucune autre ville - c'est peut-être difficile à dire comme ça - dans le monde, mais au moins en Europe, où il y a autant de volontaires et où ils sortent tous les soirs dans toutes les gares, dans tous les endroits où il y a des pauvres. Je le sais parce que je sors avec eux. Et nous connaissons ces gens et parmi eux il y a des gens qui ne veulent rien d'autre qu'un repas. Ils se cachent et vivent en autarcie.
Qu’est-ce qui est utile concrètement pour ces sans-abris, surtout en cette période où les températures se refroidissent ?
Ils ont maintenant besoin de sacs de couchage, non seulement pour le froid, mais aussi lorsqu'il pleut: ils se réveillent tout mouillés et nous devons leur fournir un autre sac de couchage, car où le sac mouillé va-t-il sécher? Ils ont besoin de parapluies, quand il pleut: nous, tous les parapluies que les touristes oublient aux Musées du Vatican et qu’ils ne reviennent pas chercher, après une semaine nous les donnons aux pauvres - et il y a des milliers de parapluies que nous avons récupérés et qui sont disponibles! Mais il faut aussi la bonne volonté de chacun d'entre nous: quand on voit une personne dans la rue, on lui apporte du thé, quelque chose de chaud, on peut même ouvrir la porte d'un immeuble pour la laisser entrer et au moins lui permettre de rester un peu à l'abri... Ce sont des choses très simples, car même si les températures ne baissent pas en cette période de l'année, si quelqu'un est diabétique, si quelqu'un n'est pas soigné, les circonstances du temps actuel le poussent vraiment vers la mort.
Pour de nombreux pauvres qui n'ont pas de maison, la colonnade du Bernin est un toit...
Regardez, prenez aujourd'hui, en cette journée incertaine: nous avons ici, devant les douches, 250 personnes au moins, avec tous leurs bagages, valises... La police ne leur permet pas d'entrer sur la place Saint-Pierre avec leurs valises et sacs, mais ils peuvent venir et rester sous la colonnade, parce que le temps est comme ça: où pourraient-ils rester autrement? Nous aidons comme nous pouvons, et au milieu de tout cela, il y a l'Évangile, il y a le Pape François, il y a l'aumônier, il y a des milliers, des milliers de volontaires romains qui ont un cĹ“ur extraordinaire !
Face aux difficultés d'un pauvre, d'un frère qui n'a pas de maison, on ne peut rester indifférent...
Cela doit toujours nous faire mal quand nous voyons des gens dormir dehors: nous devons avoir des larmes ; si elles ne sont pas là, c'est que quelque chose ne va pas chez nous.
Pour ces pauvres gens, comme vous l’avez dit, il y a aussi les soins de santé...
Sous la colonnade, nous avons 50 médecins qui viennent des différents hôpitaux de Rome: il y a des médecins-chefs et des médecins de toutes spécialités. Et le Pape François, depuis le début de son pontificat, a voulu que l'on ne demande jamais de documents ou de nationalité: cela ne nous intéresse pas. En octobre, nous avons dépensé 22 000 euros rien qu'en médicaments: mais c'est de l'argent dépensé selon l'Évangile. Même si nous devons dépenser plus, nous le ferons. Et nos pauvres, avec une ordonnance du dispensaire, vont à la pharmacie du Vatican et là, ils obtiennent leurs médicaments sans payer: tout est gratuit.
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