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Olivier Bonnel - Cité du Vatican

«Non seulement je considère la trêve plausible, mais je la juge nécessaire et urgente». Dans une interview à l鈥檋ebdomadaire catholique italien Famiglia Cristiana en date du 13 octobre, le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d'État du Saint-Siège, commente et relance les derniers appels Pape François sur la guerre en Ukraine. «Seuls les 'schémas de paix' peuvent garantir un avenir à l'humanité. Si les intérêts partisans, la violence, la prévarication, la colonisation économique et idéologique, la loi du plus fort - c'est-à-dire les 'schémas de guerre' - prévalent, nous sommes voués à ne pas avoir d'avenir», avertit le cardinal.

Pas de paix sans pardon

«La paix se construit sur la justice et le droit», souligne encore le cardinal Parolin. «Il n'y a pas de paix sans justice, mais il n'y a pas de justice sans pardon, comme nous le rappelait saint Jean-Paul II au début de ce nouveau millénaire. Et il est tout aussi vrai que le pardon nécessite une conversion, c'est-à-dire un changement d'attitude qui se traduit par des actes. Je ne suis pas en mesure de vous dire quelle paix est possible. Je sais seulement que sans mesures concrètes de la part de tous, nous risquons de tomber dans une spirale sans retour, aux conséquences catastrophiques», explique-t-il.

«La trêve, pour arrêter les tirs d'artillerie, les bombardements, les destructions, est un premier pas nécessaire», souligne encore le secrétaire d'État du Saint-Siège. «Cette étape, cependant, doit également être accompagnée et encouragée par des gestes non pas de menace, mais de confiance et de bonne volonté, qui créent les conditions du dialogue et ouvrent la voie aux négociations. Le Pape a été clair à ce sujet. Malheureusement, nous sommes devenus presque habitués aux nouvelles de la guerre: non seulement je considère la trêve comme plausible, mais je la juge nécessaire et urgente. Espérons et prions pour que l'appel de François soit entendu».

Ouverts à une rencontre malgré les circonstances

Quant à la rencontre entre le Pape et le patriarche orthodoxe de Moscou Kirill, « malgré les difficultés, les portes restent ouvertes et le dialogue n'est pas interrompu, même s'il rencontre des malentendus», répond le cardinal Parolin.

«De la part du Saint-Siège, le désir n'a jamais failli, même si les circonstances l'ont empêché de devenir une réalité. Nous percevons qu'il y a aussi ce désir de la part de l'Église orthodoxe».

Le Secrétaire d'État du Saint-Siège élargit enfin son regard à d'autres zones ensanglantées de la planète: «N'oublions pas la tragédie de la Syrie, du Yémen, du Tigré, l'escalade des tensions en Extrême-Orient... Même si certains conflits sont moins médiatisés, il n'y a pas de guerre moins douloureuse que d'autres, pas de vie qui vaille moins».