Le préfet apostolique d’Oulan-Bator parmi les futurs cardinaux
Gabriella Ceraso - Città del Vaticano
En décidant de faire de lui un des futurs cardinaux électeurs du Sacré Collège, Mgr Giorgio Marengo, 48 ans, estime que le Pape a voulu mettre un coup de projecteur sur les périphéries du monde là où l'Église catholique est minoritaire et ne s'appuie que sur l'Évangile vécu et le service humble et en dialogue. Quand la nouvelle de sa prochaine création a été annoncée à l’issue du Regina Coeli en la solennité de l'Ascension, le préfet d’Oulan-Bator depuis deux ans a exprimé «sa surprise, sa gratitude» et réaffirmé son «engagement», à la lumière de l'enseignement qu'il a reçu en tant que missionnaire de la Consolata.
Après avoir étudié la philosophie et obtenu un doctorat en missionologie à Rome, Giorgio Marengo a fait sa profession perpétuelle le 24 juin 2000 comme missionnaire de la Consolata, Il est ordonné prêtre en 2001, année à partir de laquelle différentes missions l’ont conduit en Asie, et plus spécifiquement en Mongolie. Il est le premier missionnaire de l’I.M.C. à Arvaiheer ; il est également Conseiller régional pour l'Asie de sa congrégation, Supérieur pour la Mongolie et curé de la paroisse Marie Mère de la Miséricorde à Arvaiheer. Puis, il y a deux ans, le Pape François l'a nommé préfet apostolique d'Oulan-Bator (Mongolie) avant de décider de lui remettre la barrette cardinalice en août prochain. Une annonce faite dimanche, alors qu’il se trouve à Rome avec une délégation de dignitaires bouddhistes mongoles, trente ans après le début des relations diplomatiques avec le Saint-Siège et après la présence de catholiques dans le pays asiatique. C'est avec eux qu'il partage la joie de sa nomination, qui «ici, a plus de résonance que dans ma petite communauté» en Mongolie, mais il lui portera la nouvelle avec grande joie, assure-t-il.
Comment avez-vous réagi à la décision du Pape de vous créer cardinal ? Était-ce une surprise ?
C'est une grande surprise pour moi. J'ai reçu la nouvelle à la fin de la célébration de l'Eucharistie dominicale de nos SÅ“urs Missionnaires de la Consolata dans leur maison générale, et ce fut un moment fraternel et inattendu. Ma première pensée est allée au fait que le Saint-Père se soucie tant d'une Église en minorité absolue, comme l'Église de Mongolie. Donc un grand sentiment de gratitude pour l'attention du successeur de Pierre pour l'Église dans des contextes marginaux et petits. Évidemment, l'étonnement et la gratitude pour ce que cela pourrait signifier pour l'Église dans ce pays.
Le Pape a d'abord demandé aux prochains cardinaux de le soutenir dans son ministère d'évêque de Rome pour le bien de tous les fidèles de Dieu. Que pensez-vous pouvoir faire ?
Je ne sais pas ce que je peux offrir, si ce n'est mon dévouement, ma poursuite sur les chemins de l'Évangile comme mon école missionnaire me l'a appris, en tant que serviteur de l'Église en harmonie constante avec le Saint-Père. Je crois qu'il s'agit d'un service très exigeant, mais en même temps je voudrais le remettre entre les mains de la Mère de Dieu pour qu'elle puisse le guider. Je pense que si chacun d'entre nous fait son devoir là où le Seigneur lui demande d'être, cela peut servir l'Église afin qu’elle soit toujours transparente à l'Évangile et pour faire connaître le Seigneur Jésus.
Un cardinal humble et de service, mais vous serez aussi l'un des plus jeunes.....
C'est une surprise qui me fait me sentir encore plus petit, sachant que j'intègre un collège avec des personnes bien plus expérimentées que moi, dotées d'une grande sagesse et de connaissances. J'ai donc l'impression d'apprendre de tous ceux qui ont plus d'expérience. Pour moi, vivre cette nouvelle vocation signifiera continuer sur la voie de la petitesse, de l'humilité et du dialogue. Je suis ici à Rome ces jours-ci, juste avec un dignitaire bouddhiste mongol, et il est également significatif que nous nous soyons réjouis ensemble de cette nouvelle, et cela dit combien l'Église en Mongolie est une réalité globale, qui cherche à marcher avec toutes les personnes de bonne volonté et qui est engagée dans le dialogue. Je pense donc que cela va continuer et s'intensifier au profit de ce que l'église fait déjà.
Vous annoncerez votre future entrée au Collège des cardinaux avec la simplicité de toujours en Mongolie ?
Bien sûr, également parce que pour notre petite communauté et pour le monde dans lequel nous nous trouvons, ce genre de voyage ne signifie pas autant qu'il pourrait le faire dans d'autres parties du monde où la dynamique de l'Église est plus familière. Ce sera donc un message de joie à vivre avec tous nos fidèles et nos amis non-chrétiens, vécu dans la plus grande simplicité.
Dans un précédent entretien accordé à Radio Vatican/Pope en 2020, à l’occasion de son ordination épiscopale, le père Marengo racontait sa terre de mission. Un pays 2,5 fois plus grand que la France, où d’immenses plaines séparent les villages les uns des autres, où 30% de la population est nomade, où un tiers de la population est sous le seuil de pauvreté, où 1300 personnes sont baptisées sur 3,5 millions d’habitants. C’est une Église de périphérie qui a accueilli le père Marengo il y a 19 ans.
«L'Église de Mongolie est une toute petite réalité, elle est minoritaire, mais il y a ce groupe de fidèles mongols qui ont choisi, avec un grand courage et aussi un sens des responsabilités, de suivre le Seigneur et de faire partie de l'Église catholique. Ainsi, être un évêque en Mongolie ressemble beaucoup à ce que les premiers apôtres ont vécu. En réalité, le christianisme en Mongolie a été vécu et pratiqué dans les temps anciens. On sait qu'avant l'an 1000, le christianisme d'origine syriaque, dit nestorien, était présent et s'était en quelque sorte enraciné en Mongolie. Mais ensuite, pour diverses raisons historico-culturelles, après l'épopée de l'empire mongol, la pratique chrétienne a littéralement disparu et la tradition bouddhiste-tibétaine a prévalu, qui s'est alors incarnée dans la réalité, donnant naissance à une forme très originale de bouddhisme appelée bouddhisme mongol. Donc, en fait, pendant de nombreux siècles, le christianisme n'avait plus été expérimenté, c'est pourquoi aujourd'hui, au niveau populaire, on croit que le christianisme est quelque chose de nouveau, venu de l'étranger ces dernières années, sans peut-être se rappeler qu'il y avait une page d'histoire beaucoup plus ancienne. Être évêque en Mongolie est donc un très grand don et une grande responsabilité que je ressens, pour laquelle je tremble aussi, et je ressens aussi la gravité, dans le beau sens du terme, de ce don. Elle nous rapproche du véritable sens de la mission. Il faut être évêque certainement pour ceux qui sont déjà chrétiens, pour les aider à grandir dans la foi, à approfondir leur relation avec le Christ, en tenant compte en même temps de la société qui n'a pratiquement pas encore été confrontée à l'Évangile».
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