Vatican: création d’un groupe de travail “excommunication des mafiasâ€
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Ce groupe a pour objectif «d’approfondir ce thème, de collaborer avec les évêques du monde entier et de promouvoir et soutenir des initiatives». L’annonce de sa création a été faite, ce dimanche 9 mai 2021, en lien avec la béatification du juge antimafia Rosario Angelo Livatino, à Agrigente en Sicile. Le Pape François, au terme de la prière du Regina CÅ“li, a salué la figure d’un «martyr de la justice et de la foi», un témoin de l’Évangile «mort de façon héroïque». Il a invité chacun et en particulier les magistrats à suivre son exemple en étant de «loyaux défenseurs de la légalité et de la liberté».
Huit personnes, toutes en première ligne dans la lutte contre la mafia, participent aux travaux de cette commission: Vittorio V. Alberti, philosophe et historien italien, auteur de plusieurs ouvrages sur la lutte contre la mafia, Rosy Bindi, ancienne présidente de la Commission parlementaire Antimafia, le père Luigi Ciotti, prêtre catholique italien, fondateur et président de l’association antimafia “Liberaâ€, le père Marcello Cozzi, qui fait partie de la présidence de Libera, le père Raffaele Grimaldi, aumônier de prison, Mgr Michele Pennisi, évêque sicilien très engagé contre la mafia, Giuseppe Pignatone, président du Tribunal de l’État de la Cité du Vatican et Ioan Alexandru Pop du Conseil Pontifical pour les textes législatifs.
Construire une nouvelle pastorale
Cette initiative, détaille Vittorio V. Alberti, le coordinateur du groupe de travail, est un pas supplémentaire dans l'engagement sur la question de la mafia du , présidé par le cardinal Peter Turkson, qui avait déjà donné naissance, en août 2018, à un réseau mondial international contre la corruption, le crime organisé et les mafias. Ce groupe va ainsi poursuivre le travail initié il y a quatre ans.
L’objectif est de «sensibiliser à ce thème et créer une contre mentalité sérieuse» à travers une collaboration en réseau. L'aspect culturel sera au cÅ“ur de la réflexion tout comme les aspects doctrinaux et canoniques. Il s’agit «d'éliminer définitivement tout compromis possible d'un certain catholicisme avec les mafias», explique Vittorio V. Alberti. Il est fondamental d’«affirmer une fois pour toutes qu'il n'est pas possible dans le monde d'appartenir aux mafias et de faire partie de l'Église».
Nous voulons ensuite construire une nouvelle pastorale, un nouveau chemin culturel qui implique en premier lieu les victimes, en travaillant également avec les prisonniers en les accompagnant sur un chemin d'espoir, précise le coordinateur du groupe de travail.
L’excommunication des mafieux voulue par le Pape François
Le Dicastère pour le Service du Développement humain intégral avait été chargé de mener une réflexion sur l’excommunication des mafieux, souhaitée explicitement par le Saint-Père à l’égard des mafieux qui refuseraient de se repentir. Depuis le début de son pontificat le Pape François, comme ses prédécesseurs Jean-Paul II et Benoît XVI qui dénonçaient «une culture et des chemins de mort», s’est prononcé à plusieurs reprises contre la mafia, appelant à l’excommunication des mafieux.
En juin 2014, lors d’une visite pastorale en Calabre, il avait prononcé des paroles très fermes à l’encontre des mafieux qui suivent la voie du mal. «Ils ne sont pas en communion avec Dieu: ils sont excommuniés !» avait-il clamé, lors d’une messe célébrée sur l’Esplanade de Marina di Sibari, depuis une terre sous l’emprise de la Ndrangheta, la mafia calabraise.
Le thème de la mafia présent dans Fratelli tutti
Pour le Saint-Père, «ces structures de péchés, ces structures mafieuses contraires à l’Évangile, confondent la foi et l’idolâtrie». Dans une homélie, prononcée à Palerme en septembre 2018, à l’occasion du 25e anniversaire de la mort du père Pino Puglisi, victime de la mafia, le Pape François avait invité à choisir la voie de l’amour et du service plutôt que celle de l’argent et du pouvoir déclarant que l’«on ne peut croire et être mafieux».
Plus récemment, le Pape François a consacré un passage au thème de la mafia, dans son encyclique au paragraphe 28. «La solitude, les peurs et l’insécurité de tant de personnes qui se sentent abandonnées par le système, créent un terrain fertile pour les groupes mafieux» relève-t-il. Ces derniers se présentent comme «les ‘‘protecteurs’’ des oubliés, souvent grâce à diverses aides, alors qu’ils poursuivent leurs intérêts criminels».
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