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Le Pape Fran?ois en visite au Parlement europ¨¦en ¨¤ Strasbourg - novembre 2014 Le Pape Fran?ois en visite au Parlement europ¨¦en ¨¤ Strasbourg - novembre 2014 

UE - ³§²¹¾±²Ô³Ù-³§¾±¨¨²µ±ð : 50 ans de relations et d¡¯¨¦veil des consciences

Le ³§²¹¾±²Ô³Ù-³§¾±¨¨²µ±ð et l¡¯Union europ¨¦enne c¨¦l¨¨brent actuellement le cinquantenaire de l¡¯¨¦tablissement de leurs relations, bas¨¦es sur de nombreuses convergences de vues. Depuis sa cr¨¦ation, l¡¯UE suscite un grand int¨¦r¨ºt de la part des Souverains Pontifes qui n¡¯ont eu de cesse de la rappeler ¨¤ sa mission aupr¨¨s des peuples. D¨¦cryptage.

Le 10 novembre 1970, le nonce apostolique et chef de la mission du Saint-Siège à Bruxelles, Mgr Igino Eugenio Cardinale, présentait ses lettres de créance au président des Communautés européennes, Franco Maria Malfatti : ainsi se nouent les relations entre le Siège apostolique et l¡¯Union européenne, dont on célèbre les 50 ans cette année.

Sébastien Maillard est directeur de l¡¯Institut Jacques-Delors et ancien correspondant du journal La Croix à Rome. Il analyse leur évolution avec nous :

Entretien avec Sébastien Maillard

Quelle est la nature des liens qui unissent Saint-Siège et Union européenne ? Qu¡¯est-ce qui les caractérise ?

Ce sont d¡¯abord des liens de dialogue. L¡¯Union européenne, représentée par un ambassadeur, est en contact régulier avec les différents dicastères, les autres ambassadeurs près le Saint-Siège et toutes les autorités de la diplomatie vaticane.

Lorsque l¡¯UE entreprend le «pacte vert» pour la transition climatique, elle le fait par exemple en tenant compte des positions exprimées par le Saint-Siège. Donc, il s¡¯agit vraiment d¡¯un dialogue et au-delà, je dirais qu¡¯il s¡¯agit, de la part du Saint-Siège, d¡¯une bienveillance critique envers la construction européenne. Dès ses débuts et dès la Déclaration Schuman ou les différents traités qui font ce qu¡¯est l¡¯Europe aujourd¡¯hui, l¡¯on a toujours noté de la part des différents Papes, de Pie XII à François, un vrai intérêt pour la construction européenne, comme nulle autre Église dans le monde.

L¡¯influence du Saint-Siège au sein des institutions européennes est-elle mesurable ?

Non, on ne peut pas la mesurer directement, c¡¯est beaucoup plus diffus que cela. Par exemple, vous savez que la construction européenne, dans beaucoup de domaines, s¡¯est fondée sur la solidarité, notamment entre les grands pays vis-à-vis des petits pour que ceux-ci ne soient pas écrasés, et pour qu¡¯il y ait un mécanisme de répartition. On l¡¯a vu durant cette crise du Covid-19 et pour le plan de relance (¡­). Et bien on peut dire que tout cela, cette solidarité à l¡¯?uvre, est un héritage direct de la culture chrétienne qui prévaut au sein des pays européens. Donc c¡¯est au travers de politiques, et de ce dont elles sont porteuses, que cette influence peut se voir.

Là où cela fait vraiment défaut, c¡¯est sur la politique migratoire. Jusqu¡¯à maintenant les États membres n¡¯ont pas réussi à s¡¯entendre sur un pacte, (¡­) et l¡¯on ne peut pas dire que sur ce point, la voix du Pape François a été entendue.

Le sujet des «racines chrétiennes de l¡¯Europe» a parfois été un point de contentieux et de crispations entre le Saint-Siège et l¡¯Union européenne. Est-ce toujours le cas ?

On sait que l¡¯expression «racines chrétiennes» n¡¯a pas été retenue dans le préambule du Traité européen, à la demande de la France, qui, seule, a été vent debout contre cette mention. Toutefois, même si elles ne sont pas mentionnées explicitement, ces racines crèvent les yeux ! Elles imprègnent tout notre patrimoine ainsi que toutes les approches de solidarité que je décrivais.

Aujourd¡¯hui, ce n¡¯est pas à l¡¯ordre du jour. D¡¯ailleurs cette expression n¡¯a pas souvent été reprise par le Pape François. Au fond, le plus important c¡¯est de pouvoir vivre comme chrétien au sein de l¡¯UE, en paix, avec une vraie liberté religieuse ; l¡¯important est aussi que les chrétiens puissent prendre part à la construction européenne, qu¡¯ils s¡¯y investissent. C¡¯est ainsi que leur voix pourra être entendue.

Selon moi, si le Pape François s¡¯apprête à déclarer vénérable Robert Schuman, c¡¯est avant tout pour manifester la place que peuvent avoir les chrétiens en politique et les inciter à prendre cet engagement.

Les Papes ont souvent pris la parole pour rappeler l¡¯UE à son essence, à ses devoirs, à sa mission. Peut-on dire que les Papes et le Saint-Siège sont en quelque sorte la conscience de l¡¯Europe ?

Oui, on peut le dire. Rappelons-nous lorsque le Pape François, lauréat du Prix Charlemagne en 2016, avait reçu l¡¯ensemble des dirigeants européens à Rome ; également lorsqu¡¯il a fait ce discours au Parlement de Strasbourg, en écho à ce qu¡¯avait déjà entrepris Jean-Paul II (¡­) qui en 1982, depuis Compostelle, il avait lancé «Europe, sois toi-même !»

Donc oui, au-delà du Saint-Siège, je dirais que toute l¡¯Église catholique sert de conscience, de rappel aux Européens de ce qu¡¯ils sont, de leur «baptême». Et c¡¯est un rôle irremplaçable. Il ne s¡¯agit pas de faire du lobbying pour obtenir tel ou tel amendement dans une directive, mais d¡¯être avant tout éveilleur de conscience, pour que les Européens se sentent partie prenante d¡¯une même aventure. Quand on est chrétiens, certes, on est patriote, on a sa nationalité mais on sait aussi qu¡¯on appartient à une plus grande famille, et l¡¯Église peut aider les Européens à se sentir membre d¡¯une même famille.

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27 mai 2021, 12:19