Radio Vatican, une fenêtre ouverte sur le monde depuis 90 ans
Paolo Ruffini vient de passer une heure en direct sur les fréquences italiennes de Radio Vatican et sur les réseaux sociaux, répondant aux journalistes et aux auditeurs, lorsqu’il rejoint la salle de réunion de la Radio, le Salon Marconi, du nom du fondateur de la station.
Le préfet du Dicastère pour la Communication prend le temps de s’adresser au personnel et fournit les éléments pour que chacun, avec ses compétences, puisse apporter sa contribution à la construction de l’avenir. Une contribution solidement ancrée dans l’expérience vécue, orientée cependant aux nouvelles tendances. Les neuf décennies passées doivent donc être un point de départ. «Se souvenir, dit Paolo Ruffini, c'est d'une part valoriser la richesse du passé et d'autre part générer l'avenir». La richesse de Radio Vatican est probablement son ouverture sur le monde. Un monde totalement interconnecté, avec ses différences, parfois profondes. C'est la catholicité au vrai sens du terme.
Radio Vatican se caractérise par son universalité. Une grande communauté internationale et multiculturelle ; unie par le fait d'être au service de la mission du Pape, pour porter sa parole au monde, et dans les langues du monde. Sa crédibilité, son identité, son attention aux plus faibles, sa «parole» au nom d’une multitude sans voix, son éclairage sur les situations oubliées, son respect pour la pluralité des cultures et des opinions, en font une référence.
Sa dimension universelle lui permet de transmettre la foi en 41 langues et dialectes. En parlant la langue de son auditoire, elle répond au vÅ“u de Saint Paul VI. Aucune autre radio dans le monde aujourd’hui ne parle autant de langues, préservant son langage de la platitude d'une communication sans profondeur.
Des nouvelles frontières
Aujourd'hui, nous pouvons nous contenter du paradigme technocratique, ou nous pouvons essayer de construire un monde plus humain grâce à la communication. On peut se contenter d'une connexion stérile ; ou on peut rechercher une véritable communication. On peut croire à une conversation sincère qui conduit au partage, ou à la commercialisation d'opinions et de slogans. En ce sens, la méthode de la radio peut être une unité de mesure, un mètre-étalon. La radio est une grande école de journalisme. Elle sait conjuguer une idée préconçue avec une réflexion. En s’arrêtant sur cet aspect, Paolo Ruffini souligne que l’avènement du numérique ne sanctionne pas la fin de la radio. Au contraire, c’est une vraie nouvelle impulsion.
Ce 12 février sept nouvelles web radios ont vu le jour. Elles vont progressivement métamorphoser la programmation et la production des émissions en différentes langues, puisque là ou plusieurs langues se partagent les mêmes fréquences sur les ondes, chaque langue construit sa propre radio sur internet et sur l’application Radio Vatican. De véritables radios, chacune avec sa propre grille de programmes, transformant chaque tablette ou smartphone en une petite radio.
Grâce aux nouvelles technologies, la radio a perfectionné sa capacité de rejoindre tout le monde, sa capacité à raconter, à approfondir.
Ne pas renoncer à l'essence.
«La radio est un média pénétrant, au plus profond de l’être. C’est une voix qui vous enveloppe, et qui retient votre attention, sans se presser. Elle respecte les mots, elle les laisse parler. Là où la civilisation des images finit par confondre réalité et fiction, la radio n'occupe pas la scène, elle la raconte. Elle ne s’invente pas d’histoires, elle les déniche. C'est là que réside le paradoxe : nous avons encore besoin de la profondeur de la parole. Certaines images manquent d’épaisseur, de profondeur. Il leur manque la capacité évocatrice de la parole nue.», a continué le Préfet.
Nous observons comment même les réseaux sociaux les plus récents cherchent dans la parole le secret d'un nouveau départ. «La parole dite et entendue est un antidote très puissant à la dérive mortelle de la paresse télématique», plaide Paolo Ruffini. La frontière de Radio Vatican, en ce qui concerne l'information, reste celle d'être la source première du Magistère du Pape et le réceptacle d'une mémoire collective. Il s'agit de créer avec Pierre, autour de Pierre, non pas une tour de Babel mais une communion de pierres vivantes, un édifice de pierres vivantes (cf. 1 Pt 2,5).
Sa mission est décrite par Saint Paul dans la lettre aux Romains (Rm 10,18) : «Sur toute la terre se répand leur message, et leurs paroles, jusqu’aux limites du monde». Son ambition est de faire en sorte que les nombreuses personnes qui la suivent, et il y en a des millions aujourd'hui, également par le biais d’internet et des réseaux sociaux, se sentent en première ligne de cette aventure collective, cette histoire en marche, nécessiteuse d'une lecture chrétienne pour être comprise. La radio implique celles et ceux qui l’écoutent, elle ne se limite pas à les considérer simples spectateurs.
«L'objectif futur n'est pas de se focaliser sur une boulimie d'idées brillantes», poursuit le Préfet du Dicastère pour la communication, «Ce n’est pas non plus de tomber dans l’obsession de l’immédiateté du résultat. En revanche, l’avenir passera inéluctablement par de nouvelles formes de partage. L’enjeu de demain c’est de rester un élément de référence, au-delà même des données d’audience ; un média capable de questionner, de secouer les consciences, de surprendre, de chercher un véritable partage, d’atteindre une communion. Il s'agira de passer de la logique de transmission à celle de relation ; de faire parler les périphéries depuis le centre, depuis l'origine de l’information vaticane, et construire un réseau fondé sur la Parole.»
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