Te Deum: louer Dieu pour la compassion et proximité de l'année
Cette célébration du soir a toujours un double aspect: avec la liturgie, nous entrons dans la fête solennelle de Marie Très Sainte Mère de Dieu; et en même temps, nous concluons l'année civile avec le grand hymne de louange, a d’emblée affirmé le cardinal Giovanni Battista Re au nom du Pape, précisant que le premier aspect serait développé demain, car ce soir «nous rendons grâce pour l'année qui touche à sa fin.»
Quel sens donner aux drames de cette année?
«Nous te louons, Dieu, nous te proclamons Seigneur...». L’on pourrait croire qu'il est forcé de remercier Dieu au terme d'une année comme celle-ci, marquée par la pandémie, a constaté le cardinal italien, confiant sa prière «aux familles qui ont perdu un ou plusieurs membres, à ceux qui ont été malades, à ceux qui ont souffert de la solitude, à ceux qui ont perdu leur emploi...»
Et le doyen du Sacré Collège d’interpeller les fidèles: «Parfois, quelqu'un demande: quelle est la signification d'un tel drame? Nous ne devons pas être pressés de répondre à cette question. Même Dieu ne répond pas à nos "pourquoi" les plus angoissés en recourant à des "raisons supérieures"». La réponse de Dieu suit en effet «le chemin de l'Incarnation», comme le chante l'Antienne au Magnificat: «Par le grand amour avec lequel il nous a aimés, Dieu a envoyé son Fils dans une chair de péché».
Le Dieu berger n’abandonne pas ses brebis
«Un Dieu qui sacrifierait des êtres humains pour un grand dessein, même si c'était le meilleur possible, n'est certainement pas le Dieu qui nous a révélé Jésus-Christ. Dieu est Père, "Père éternel", et si son Fils s'est fait homme, c'est par l'immense compassion du cĹ“ur du Père», a poursuivi le cardinal originaire de Brescia. Or, soutient-il, Dieu est un berger, et quel berger abandonnerait ne serait-ce qu'une seule brebis, pensant qu'entre-temps il en reste beaucoup d'autres? «Non, ce Dieu cynique et impitoyable n'existe pas. Ce n'est pas le Dieu que nous "louons" et "proclamons Seigneur"», assure-t-il, proposant «un sens» à ce drame de la pandémie comme à d’autres fléaux qui frappent l'humanité: «celui de susciter en nous la compassion et de provoquer des attitudes et des gestes de proximité, de soin, de solidarité.»
L’engagement quotidien pour l’amour du prochain
Selon le cardinal Re, c'est ce qu’il s'est passé et se passe à Rome ces derniers mois, et pour cela surtout, «ce soir, nous rendons grâce à Dieu»: «pour les bonnes choses qui se sont produites dans notre ville pendant le confinement et, en général, pendant la période de la pandémie, qui n'est malheureusement pas encore terminée. Il y a tant de gens qui, sans faire de bruit, ont essayé de rendre le fardeau de l'épreuve plus supportable», a-t-il relevé à quelques heures du changement d’année.
Ainsi toutes ces personnes silencieuses, avec leur engagement quotidien, animés par l'amour du prochain, ont accompli les paroles du Te Deum, car «la bénédiction et la louange que Dieu apprécie le plus est l'amour fraternel».
«Les travailleurs de la santé-médecins, infirmières, bénévoles- sont en première ligne, et pour cette raison, ils sont toujours dans nos prières et méritent notre gratitude; tout comme de nombreux prêtres, religieux et religieuses. Mais ce soir, nos remerciements vont à tous ceux qui s'efforcent chaque jour de poursuivre leur famille et leur service pour le bien commun de la meilleure façon possible», a déclaré le cardinal Re, pensant aussi en particulier «aux directeurs d'école et aux enseignants», et «aux administrateurs publics».
La force de Dieu, plus puissante que l’égoïsme
«Tout cela ne peut se faire sans grâce, sans la miséricorde de Dieu. Nous savons par expérience que dans les moments difficiles, nous sommes enclins à nous défendre - c'est naturel - pour nous protéger et protéger nos proches, pour protéger nos intérêts... Comment se fait-il alors que tant de personnes, sans autre récompense que celle de faire le bien, trouvent la force de se soucier des autres?», a-t-il demandé, esquissant cette réponse: «Au fond, même s'ils n'y pensent pas eux-mêmes, ils sont poussés par la force de Dieu, qui est plus puissante que notre égoïsme.»
«C'est pourquoi nous le louons, parce que nous croyons et savons que tout le bien qui s'accomplit jour après jour sur la terre vient, en fin de compte, de Lui. Et en regardant l'avenir qui nous attend, nous implorons à nouveau: "Que ta miséricorde soit toujours avec nous, en toi nous avons espéré"», a conclu le doyen du Collège des cardinaux ce jeudi 31 décembre.
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