Un Synode pour ?¨¦couter le cri des pauvres et de la terre?
Adélaïde Patrignani ¨C Cité du Vatican
Dans son intervention, le cardinal Hummes s¡¯est plusieurs fois référé au Pape François, expliquant par exemple que le thème général du Synode ¨C ¡°Amazonie: nouveaux chemins pour l¡¯Église et pour une écologie intégrale¡±- «reprend les grandes lignes pastorales» du Souverain Pontife.
Une nouvelle page de l¡¯Église à écrire
Ainsi en est-il des «nouveaux chemins», impliquant de «ne pas avoir peur du nouveau», comme l¡¯a déjà demandé le Pape François. En écho au Saint-Père, l¡¯archevêque émérite de Sao Paulo a invité à regarder sans peur vers Jésus Christ «l¡¯éternelle nouveauté».
Puis il a salué la mémoire des nombreux missionnaires, «prêtres diocésains et laïcs ¨C en particulier les femmes» qui ont, au cours des siècles, «cherché à porter Jésus Christ aux populations locales et à construire des communautés catholiques». Ce Synode sera l¡¯occasion de se rappeler cette «histoire héroïque», souvent marquée par le martyre, écrite par tous ceux qui ont façonné le visage de l¡¯Église en Amazonie.
Les peuples indigènes, alliés de l¡¯Église
Le cardinal Hummes a ensuite affirmé que le «visage amazonien de l¡¯Église locale doit être consolidé», rappelant que «le rapport de l¡¯Église avec les peuples indigènes et la forêt amazonienne» est l¡¯un des «thèmes centraux» du Synode. L¡¯Église doit «être une alliée constante» de ces peuples indigènes. À ceux-ci, il faut restituer et garantir «le droit d¡¯être les protagonistes de leur histoire, sujets et non objets de l¡¯esprit et de l¡¯action colonialiste de quiconque». «Leur culture, langues, histoires, identités et spiritualités constituent des richesses de l¡¯humanité et doivent être respectées, préservées et incluses dans la culture mondiale», a souligné le rapporteur général du Synode.
Dimension missionnaire
Le cardinal Hummes a aussi mis en avant «le point central du Synode»: «la mission de l¡¯Église aujourd¡¯hui en Amazonie». «C¡¯est un Synode de l¡¯Église pour l¡¯Église», a-t-il déclaré, plaidant pour une Église amazonienne «en sortie, missionnaire», «en dialogue et accueillante», «pour les pauvres et avec les pauvres», «toujours plus synodale» et «à la dimension mariale». L¡¯Église ne doit donc pas être «fermée sur elle-même» mais «intégrée dans l¡¯histoire et dans la réalité du territoire». «L¡¯inculturation de la foi chrétienne dans les différentes cultures des peuples s¡¯impose», a poursuivi le prélat brésilien, avant de citer saint Jean-Paul II et sa lettre encyclique Redemptoris Missio.
La présence de l¡¯Église dans les villes
Puis il a évoqué les nombreuses difficultés auxquelles l¡¯Église et plus largement la société se confrontent actuellement dans la région: «la vie en Amazonie n¡¯a peut-être jamais été autant menacée qu¡¯aujourd¡¯hui», a fait remarquer le cardinal Hummes. «Le Synode se déroule dans un contexte grave et urgent de crise climatique et écologique qui implique toute notre planète», a-t-il résumé, évoquant un peu plus loin la préoccupante «question de l¡¯eau».
L¡¯archevêque émérite de Sao Paulo s¡¯est ensuite arrêté sur l¡¯«énorme réalité urbaine de l¡¯Amazonie», qui conduit à s¡¯interroger sur «la présence de l¡¯Église dans les villes». L¡¯Église doit y «développer et consolider son visage amazonique», par exemple en étant particulièrement attentive aux nombreux immigrés indigènes «L¡¯Église en ville affronte toute la problématique sociale et religieuse de ses périphéries pauvres et de l¡¯évangélisation de tous les segments de la population urbaine», a ajouté le cardinal Hummes.
Le défi de l¡¯accès aux sacrements
Le «manque de ressources nécessaires» à l¡¯Église pour sa mission et la «nécessité d¡¯augmenter son potentiel de communication (radio et TV)» ont par ailleurs été mentionnés, tout comme un autre aspect auquel les pères synodaux réfléchiront: «le manque de prêtres au service des communautés locales sur le territoire, avec pour conséquence le manque de l¡¯Eucharistie, au moins dominicale, et d¡¯autres sacrements». «Il sera nécessaire de définir de nouveaux chemins pour le futur», a estimé le cardinal brésilien, notant que «les communautés indigènes» ont demandé ¨C «tout en confirmant la grande valeur du charisme du célibat dans l¡¯Église» - que «s¡¯ouvre la voie vers l¡¯ordination sacerdotale des hommes mariés résidant dans les communautés». Ces mêmes communautés indigènes ont aussi demandé que l¡¯on reconnaisse le service des femmes «qui dirigent aujourd¡¯hui les communautés en Amazonie» et que l¡¯on «cherche à le consolider avec un ministère adapté» à ces femmes.
Sept lignes directrices
Le rapporteur général du Synode a conclu son intervention en proposant sept points de réflexion «pour la dynamique des travaux de cette assemblée synodale»: l¡¯Église en sortie en Amazonie et ses nouveaux chemins; le visage amazonique de l¡¯Église: inculturation et interculturalité dans l¡¯environnement missionaro-ecclésial; la ministérialité dans l¡¯Église en Amazonie: presbytérat, diaconat, ministères, le rôle de la femme; l¡¯action de l¡¯Église dans le soin de la Maison commune: l¡¯écoute de la Terre et des pauvres, écologie intégrale environnementale, économique, sociale et culturelle; l¡¯Église amazonienne dans la réalité urbaine; la question de l¡¯eau; autres.
Il a enfin demandé aux participants de ne pas se laisser «submerger par l¡¯autoréférentialité, mais par la miséricorde face au cri des pauvres et de la terre».
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