Mgr Lafont: envisager l'¨¦cologie dans sa dimension spirituelle
Hélène Destombes - Cité du Vatican
Jusqu¡¯au 27 octobre prochain, les 184 pères synodaux, dont 113 proviennent des conférences épiscopales de pays amazoniens, mais aussi la cinquantaine d¡¯auditeurs et d¡¯auditrices vont placer au centre de leur réflexion cette région très menacée, que le Pape a qualifié de «poumon d'une importance capitale pour notre planète».
Ce Synode va se mettre à l¡¯écoute de la voix de l¡¯Amazonie, observer la réalité de ce territoire et de ses habitants et réfléchir à «de nouveaux chemins pour l¡¯Église». Mgr Emmanuel Lafont, évêque de Cayenne, en Guyane française, depuis 2004, est l¡¯un des pères synodaux. Directement concerné par la question amazonienne et attentif à la voix des Amérindiens, il nous confie ses attentes et dit se réjouir de cette attention accordée à l¡¯Amazonie.
Se mettre à l¡¯écoute des peuples d¡¯Amazonie, de leur langue et culture
«Cela fait longtemps que ces peuples ne sont écoutés ni par la société, ni par l¡¯État et pas suffisamment par l¡¯Église». Ce synode, affirme Mgr Lafont, est donc «une belle occasion pour nous, à l¡¯image de Dieu, de Jésus qui s¡¯est fait homme» d¡¯écouter ce peuple.
L¡¯évêque de Cayenne décrit cette Église au visage amazonien, souhaitée par le Pape François, comme une Église qui «se met à l¡¯écoute de cette culture afin que cette culture puisse recevoir, dans un dialogue fécond, ce que l¡¯Evangile lui dit, ce que l¡¯Evangile souligne de sa beauté».
Face aux nombreux défis et notamment écologiques, pastoraux, Mgr Lafont préconise «une plus grande proximité. Nous avons des difficultés à faire en sorte que l¡¯Église écoute et apprenne la langue de ces peuples», reconnait-il. La première chose est donc de «renouveler ce feu de Jésus qui a appris de son peuple la langue dans laquelle il devait lui parler». Il s¡¯agit «du défi de l¡¯inculturation ou de l¡¯Incarnation».
Pas de focalisation sur la question des ¡°viri probati¡±
Concernant les ¡°viri probati¡± (hommes mariés d¡¯âge mûr ayant fait leurs preuves au plan pastoral et humain) et de leur ordination, l¡¯une des questions abordées durant ce synode, Mgr Lafont, tout en écartant toute focalisation, observe qu¡¯«il ne s¡¯agira pas de changer la loi mais de reconnaitre que dans certaines circonstances, appliquer l¡¯esprit de la loi, c¡¯est-à-dire le service des peuples, passe par des innovations sur la lettre de la loi».
L¡¯Évêque de Cayenne reconnait qu¡¯il peut y avoir des questionnements, des tiraillements dans la mesure où «les uns s¡¯en tiennent à la lettre de la loi sans comprendre qu¡¯elle ne peut s¡¯appliquer de la même manière partout, alors que les autres ont envi que la brèche s¡¯ouvre pour tout changer dans l¡¯Église». Mais, insiste-t-il «nous n¡¯avons pas cette intention» et «il ne s¡¯agit pas de faire une nouvelle loi chaque fois qu¡¯il y a un nouveau problème».
Promouvoir une écologie intégrale
Au regard du visage amazonien, ce synode réfléchira à la nécessité d¡¯une conversion à la fois pastorale et écologique. Pour Mgr Lafont, il s¡¯agit de reconnaitre que «la Création est l¡¯?uvre de Dieu à l¡¯image de Dieu». Nous devons donc avoir «un regard sacramentel, c¡¯est-à-dire voir dans la Création un signe de la présence de Dieu et donc ne pas envisager l¡¯écologie sans sa dimension spirituelle», ce serait «une déformation».
L¡¯écologie intégrale, souligne Mgr Lafont, signifie redonner toute sa place à l¡¯homme. «L¡¯homme est au centre mais il n¡¯est pas le maître de la Création, il en est le tenancier».
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