Briefing du Synode: un «rite amazonien» en discussion
Amedeo Lomonaco-Olivier Bonnel- Cité du Vatican
Les rapports des cercles mineurs ne sont pas des textes définitifs, mais bien un premier pas dans un tissu né de l'écoute et orienté par le discernement. Dans certains groupes, le débat et la confrontation sont très ouverts. Les positions des pères synodaux ne coïncident pas toujours, mais chacun apporte sa contribution. C'est dans cet esprit que le Père Giacomo Costa, Secrétaire de la Commission pour l'Information, a ouvert la conférence de presse ce vendredi en salle de presse du Saint-Siège, pour la présentation des rapports des douze groupes linguistiques.
Renouvellement et renforcement de la vie consacrée
Le Synode sur la région panamazzonienne est aussi une exhortation. SÅ“ur Daniela Adriana Cannavina, Secrétaire Générale du Clar (Colombie) a réitéré que l'invitation est de penser à l'Amazonie et d'ouvrir de nouvelles voies pour l'Église. Il est nécessaire de les rendre possibles et praticables, en allant au-delà des peurs. SÅ“ur Daniela Adriana Cannavina a également rappelé que pendant le Synode, un espace de travail a été donné aux contributions des femmes. Se référant à la vie consacrée, elle a indiqué une priorité : celle de continuer à promouvoir une vie centrée sur l'Évangile. Elle a également indiqué quatre clés fondamentales. La première est celle de l'incultration. La deuxième est l'itinérance qui assure la présence d'une Église en sortie. Les deux autres clés pour ouvrir de nouvelles voies sont le renforcement de la présence missionnaire, à commencer par les charismes, et la promotion d'un dialogue entre pasteurs et laïcs dans un environnement de coresponsabilité.
Universalité et complémentarité
L'expérience du voyage synodal est unique. Chaque Synode est une émotion intellectuelle toujours plus profonde. Mgr Rino Fisichella, Président du Conseil Pontifical pour la Promotion de la Nouvelle Evangélisation, a souligné que le Synode nous exhorte à réfléchir aussi sur le sens de l'universalité de l'Eglise. L'Église, a-t-il dit, est une, mais elle est composée de nombreux peuples, différents les uns des autres. Tous les peuples doivent être respectés et cela implique aussi, a expliqué Mgr Fisichella, la reconnaissance de la complémentarité : chaque peuple, chaque culture et chaque tradition ont quelque chose à dire pour que l'héritage commun soit compris et éclairé. Chaque culture de l'Amazonie, a-t-il ajouté, exprime un élément qui nous permet de comprendre la grandeur de la foi chrétienne.
Rite amazonien
Mgr Rino Fisichella a également rappelé la proposition d'un "rite amazonien" qui permettrait le développement spirituel, théologique, liturgique et disciplinaire de la richesse unique de l'Église catholique en Amazonie. Les rites, a t-il précisé, sont l'expression de l'évangélisation : quand l'annonce de l'Évangile atteint une culture, elle est inculturée par les formes les plus cohérentes pour exprimer le mystère. Mgr Antonio Mario da Silva, évêque de Roraïma (Brésil) a souligné que cette proposition d'un rite local sert à faire mûrir le débat avec cette question en toile de fond: «comment répondre au mieux pour être proches de nos communautés ?».
Ouverture de nouvelles voies
Ce Synode est une occasion que nous avons de nous mettre en contact avec la vie, avec l'environnement, mais surtout avec la vie des communautés a souligné Mgr Antonio Mario da Silva, rappelant que l'assemblée synodale est une occasion d'écouter la voix de l'Amazonie. Cette assemblée permet de reconnaître les chemins déjà tracés par les martyrs et d'ouvrir de nouveaux chemins pour l'Église et pour une écologie intégrale. Rappelant la réalité de son diocèse, il a ensuite identifié la migration comme l'un des principaux défis. «Il y a une crise humanitaire et le Pape François, a-t-il expliqué, nous invite à pouvoir accueillir, protéger, promouvoir et intégrer les migrants en tant qu'Église.» De nouveaux collaborateurs sont également nécessaires pour atteindre les petites communautés éloignées des villes. Parmi les propositions, il y a aussi celle des "viri probati", c'est-à-dire l'ordination d'adultes mariés. Le célibat, a précisé le prélat, est un don de l'Église et doit être considéré comme quelque chose de très précieux. Mgr da Silva a ensuite rappelé que le Pape François nous demande de prêter attention à toute la Création. L'écologie intégrale, a-t-il ajouté, nous amène à penser aussi aux générations futures.
Voir la réalité avec le regard de Dieu
La conférence de presse a également été marquée par un moment de silence et de réflexion de 30 secondes. Mauricio Lopez, secrétaire du Réseau ecclésial panamazonien (Repam), l'a proposé après avoir posé cette question : «quel est le regard de Dieu sur la réalité amazonienne ?» Il est nécessaire d'observer la réalité, a t-il dit, avec le regard de Dieu. Il est important de ne pas perdre de vue ce qui est vraiment important : les gens qui vivent en Amazonie. En suivant l'itinéraire proposé par le Pape François, Mauricio Lopez a expliqué que nous devons promouvoir une authentique conversion pastorale, écologique et synodale.
Les péchés écologiques
En réponse aux questions des journalistes, les participants à la conférence de presse se sont concentrés sur le thème des péchés écologiques. SÅ“ur Daniela Adriana Cannavina a souligné que «l'exclusion des frères et sÅ“urs autochtones, la pauvreté due aux activités minières» sont des péchés. Mgr Rino Fisichella a rappelé que le péché était la fermeture de l'homme en lui-même: «celui qui s'enferre dans cette fermeture risque de mourir asphyxié». La création, a observé Mgr Fisichella, est une manifestation de Dieu. Mgr da Silva a exhorté à une conversion sincère car, a t-il résumé, «tout ce qui nous conduit à utiliser les biens de la Création pour le profit, non seulement sent mauvais», mais apporte l'injustice.
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