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Cardinal Gracias: une Église collégiale et synodale pour guérir

Le cardinal Oswald Gracias, archevêque de Bombay en Inde, a ouvert les travaux du second jour de sommet pour la protection des mineurs dans l’Eglise, dédié à la reddition de comptes, vendredi 22 février 2019. Il a indiqué trois thèmes pour guider les évêques: la justice, la guérison et le pèlerinage.

La reddition de compte – notion traduite du terme anglais accountability– dans une Église collégiale et synodale occupe le deuxième jour de sommet pour la protection des mineurs, et a largement été développée par le cardinal Oswald Gracias, archevêque de Bombay depuis 2006.

Collégialité, synonyme de justice et guérison

Selon lui, pour gérer en amont et en aval les cas d’abus, collégialité et synodalité sont les voies de réponse, en incluant la participation de laïcs, hommes et femmes. Une Église collégiale, synonyme de justice et de guérison, c’est ce qu’appelle de ses vÅ“ux le président de l’épiscopat indien. Une synodalité, qui peut, selon lui, être vécue en intégrant toutes les décisions et les mesures au niveaux national, régional, diocésain et paroissial, sur une base contraignante.

Selon ce canoniste aguerri, aucun évêque ne devrait se dire à soi-même: «Je fais tout seul face à ces problèmes et à ces défis». Nous partageons tous le devoir de rendre compte et la responsabilité, a-t-il rappelé face aux 113 autres présidents de conférences épiscopales. 

«Tous responsables dans l’Église»

Aucun évêque ne peut se dire à lui-même: «Ce problème d'abus dans l'Église ne me préoccupe pas, parce que les choses sont différentes dans ma partie du monde», a-t-il poursuivi, ajoutant: «Nous sommes tous responsables de toute l'Église».

Cette dialectique de la collégialité «qui ne s’exprime que dans l’universalité composée de la diversité des Églises locales» -«l'unité du troupeau du Christ»- appelle le développement de compétences interculturelles dans l’Église, a plaidé l’archevêque, un des premiers en Asie à avoir sensibilisé au problème des abus sexuels.

Communication claire, cohérente et transparente

Aborder le fléau des abus dans l’Église, a-t-il déclaré, révèle un réseau complexe de facteurs interdépendants, notamment en termes de psychopathologie, de décisions morales, d’environnements sociaux propices aux abus, souvent des réponses institutionnelles et pastorales inadéquates ou clairement nuisibles, ou un manque de réponse.

«Pour qu'une guérison efficace se produise, il faut une communication claire, transparente et cohérente d'une Église collégiale aux victimes, aux membres de l'Église et à la société en général», a-t-il soutenu.

Ne jamais minimiser les blessures

Le cardinal Gracias qui a interpellé l’assemblée à maintes reprises: «Est-ce que nous nous engageons vraiment dans une conversation ouverte et le faisons-nous remarquer honnêtement à nos frères évêques ou prêtres quand nous remarquons un comportement problématique en eux?».

Des abus ont été perpétrés par des clercs ou des catholiques: les dommages sont parfois physiques, toujours psychologiques, et spirituels. Des victimes nous disent: «J'ai perdu la foi dans l'Église», a-t-il témoigné, appelant à la compassion, et à «ne jamais minimiser les blessures».  

Discerner et se repentir

«Nous devons nous repentir, ensemble et être ensemble, dans un processus de "discernement" et observer la direction que Dieu nous indique», a renchéri le président de la conférence épiscopale indienne.

Parmi les différentes pistes évoquées, outre la nécessité «d’une jurisprudence uniforme», le cardinal Gracias a aussi pointé «la volonté d'admettre personnellement les erreurs des uns et des autres, et de demander de l'aide, sans chercher à préserver à tout prix une image de perfection».

Le cardinal indien de 74 ans qui a conclu avec une parole de victime: «N'arrêtez pas d'aimer l'Église, c'est ma famille».

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22 février 2019, 11:24