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L'intervention du cardinal Marx devant les participants à la Rencontre sur la protection des mineurs, le 23 février 2019 au Vatican. L'intervention du cardinal Marx devant les participants à la Rencontre sur la protection des mineurs, le 23 février 2019 au Vatican. 

Le cardinal Marx exhorte à une administration de l’Église plus efficace

L’archevêque de Munich et Freising était le deuxième orateur de la journée, dans le cadre de la Rencontre sur la protection des mineurs. Il a insisté sur l’importance de clarifier les procédures administratives afin de restaurer la confiance dans l’Église catholique.

Cyprien Viet – Cité du Vatican

Dans son discours, prononcé en anglais, le président de la conférence épiscopale allemande a tout d’abord défini le terme de «transparence» en expliquant qu’il ne s’agit pas de divulguer des informations d’une façon anarchique et incontrôlée, mais de faire en sorte que toutes les actions soient comprises et traçables. Le principe de «traçabilité» est inscrit dans la mentalité allemande, mais il ne doit pas se limiter à une aire culturelle, car il est une condition essentielle à l’efficacité des procédures et donc à la confiance du Peuple de Dieu dans son Église.

«Dans le domaine de responsabilité de l’Église, l’administration n’est pas seulement une question technique, spécialiste ou fonctionnelle, a expliqué le cardinal Marx. L’administration au sein de l’Église est étroitement reliée à des bases théologiques, a des motivations théologiques et spirituelles, et est étroitement liée aux actions spécifiques de l’Église. Une administration ecclésiale pleinement fonctionnelle représente une pierre angulaire importante dans la lutte contre l’abus et dans la gestion des abus.»

Une administration juste et efficace fait partie de la mission de l’Église

Le cardinal allemand a expliqué que cette logique s’inscrit dans les textes du Concile Vatican II. «Négliger les aspects terrestres de l’Église et ses propres lois, ne rend pas justice à la réalité de l’Église. De façon analogue, le corps du Christ et l’organisation humaine de l’Église doivent être considérés “sans séparation et sans imbrication”.C’est pourquoi tous les principes fondamentaux pour une bonne société et une organisation au service des personnes dans la vie de l’Eglise ne peuvent être ignorés», a-t-il souligné.

Afin d’accomplir la mission de l’Église, «il faut une administration pleinement fonctionnelle qui soit orientée vers l’objectif de l’Église, et fondée sur le principe de la justice», à travers notamment le respect du droit du travail et donc le paiement de salaires corrects pour les salariés des institutions catholiques. «L’administration standardise les procédures et les procédés, de sorte qu’il n’est pas nécessaire de chercher, de demander et d’essayer à chaque fois de voir comment les choses fonctionnent, même s’il faut répéter les mêmes choses. Cela permet de conserver les ressources, et de les utiliser avec modération et de façon efficace pour la mission. L’administration documente ce qui a été débattu, concordé et réalisé ; elle évite les oublis et conserve les affaires au-delà du moment, et permet ainsi la fiabilité et la fidélité à sa parole», a souligné l’archevêque de Munich.

Éviter les abus de pouvoir de l’administration

«L’administration réglemente, et sanctionne les violations contre l’intérêt commun, les règles et les lois, et joue donc le rôle de contrepoids à ce qui peut être communément décrit comme la nature pécheresse de l’humanité.» Toutefois, le cardinal a reconnu que «ce pouvoir de l’administration peut aussi être mal utilisé. C’est le cas, par exemple, quand l’administration oublie sa fonction de servir les diverses personnes qui vivent ensemble et coopèrent pour atteindre des objectifs plus élevés; quand l’administration se soucie uniquement d’elle-même; quand les normes et les règlements ne sont utilisé que pour soutenir l’administration ou le pouvoir des personnes. Dans ce cas, il s’agit d’abus de pouvoir de la part de l’administration.»

Dans certaines affaires d’abus sexuels sur mineurs, «l’administration n’a pas contribué à accomplir la mission de l’Église mais, au contraire, elle l’a voilée, discréditée et rendue impossible, a reconnu le président de l’épiscopat allemand. Les dossiers qui auraient pu documenter ces actes terribles et indiquer le nom des responsables ont été détruits ou n’ont pas même été constitués. Au lieu des coupables, ce sont les victimes qui ont été réprimandées et on leur a imposé le silence. Les procédures et les procédés établis pour poursuivre les délits ont été délibérément ignorés, et même effacés ou contournés. Les droits des victimes ont été, de fait, foulés aux pieds et laissés à l’arbitre de personnes individuelles. Tous ces événements sont en nette contradiction avec ce que l’Eglise devrait représenter. La manière dont l’administration de l’Église a été structurée et exercée n’a pas contribué à unir tout le genre humain et à rapprocher davantage les hommes de Dieu mais, au contraire, elle a violé ces objectifs».

Clarifier les procédures pour assurer un meilleur soin pastoral

Pour éviter la répétition de telles catastrophes institutionnelles et humaines, l’administration de l’Église doit faire en sorte «que les personnes se sentent acceptées dans les procédures administratives, qu’elles se sentent appréciées, qu’elles puissent avoir confiance dans le système, qu’elles se sentent en sécurité et traitées de manière juste, qu’elles soient écoutées et que leurs critiques légitimes soient acceptées. On accomplirait ainsi un grand pas en avant vers l’obtention de ce que signifie vraiment unir les personnes et, en dernière analyse, approcher davantage les personnes de Dieu; et telle est, pour ainsi dire, la mission théologique de l’administration de l’Église», a-t-il expliqué.

Les dysfonctionnements administratifs ont suscité un traumatisme d’ordre spirituel. «La pensée de certaines victimes d’abus peut être ainsi résumée: “Si l’Église prétend agir au nom de Jésus, et que je suis si mal traité par l’Église ou par son administration, alors je préférerais ne rien avoir à faire avec Jésus.” Afin que l’administration agisse conformément à la mission de l’Eglise et à la nature de l’Église comme “symbole et instrument”, la transparence et la traçabilité des procédures administratives sont nécessaires.»

Une meilleure transparence pour éviter les théories du complot

Le cardinal Marx s’est ensuite penché sur la nécessité de redéfinir «l’objectif et les limites du secret pontifical», qui expose l’Église «au soupçon de dissimuler». Autres points d’insistance: les procès ecclésiastiques nécessitent des normes précises et claires, afin d’éviter tout flottement, et le public doit être informé avec honnêteté. En effet, «la méfiance institutionnelle conduit à des théories conspirationnistes relatives à une organisation et à la création de mythes sur celle-ci. On peut l’éviter si les faits sont exposés de manière transparente.» Dans cette logique, les actes judiciaires doivent être publiés.  

«Il faut toujours être conscients que la traçabilité et la transparence sont extrêmement importants, également au-delà du contexte des abus, par exemple dans le domaine financier. Elles sont, en outre, un facteur décisif pour la fiabilité et la crédibilité de l’Église», a conclu le cardinal Marx, avant d’inviter les autres évêques du monde entier à accomplir «un pas courageux dans cette direction».

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23 février 2019, 11:47