Synode: l’Église doit se mettre à l'écoute des jeunes
Isabella Piro – Cité du Vatican
&ܴ;’&ܳٱ;dzܳٱ&ܴ; a été le mot central de cette réunion en Salle du Synode ce jeudi matin. Écouter, pour l’Église, ne relève pas d’un sondage sociologique ou pédagogique, mais c’est une façon d’être et c’est une question théologique, comme le relève le Livre des Prophètes. C’est de l’écoute que dérive la capacité de l’Église à se laisser toucher par les défis et les opportunités qu’offre le monde des jeunes. Au fond, comme l’a témoigné une auditrice, les jeunes aujourd’hui sont surtout en recherche de dialogue, d’authenticité, de participation ; ils veulent être écoutés et guidés à se comprendre mieux eux-mêmes, là où ils sont, intellectuellement, émotionnellement, socialement, spirituellement. Et c’est ici qu’ils ont besoin de témoins vivants pour l’évangélisation.
Il a été souligné que l’Église doit être dans son temps et dans les lieux du monde. La question n’est pas d’attendre que les jeunes aillent à l’Église, mais comment amener l’Église aux jeunes. Il faut une nouvelle attitude de l’Église, une attitude qui inspire de la confiance, de la proximité, de l’espérance : il faut une pastorale en dialogue et éloignée de tout cléricalisme.
Relancer la famille, protéger les migrants
Les intervenants ont aussi rappelé que la famille est le premier noyau dans la transmission de la foi, un espace à soutenir parce que c’est dans la famille que se construisent l’amour, la confiance, le dialogue, le pardon. Le thème des migrants a également été abordé, en faisant remarquer que les plus jeunes sont souvent victimes d’abus et d’exploitation, et que pour eux la foi, en lien avec l’éducation et la culture, deviennent des bases fondamentales pour l’intégration dans les pays d’accueil. L’Église doit les aider à découvrir et à mieux comprendre les insécurités et les aspirations des gens qu’ils rencontrent. Beaucoup de jeunes vivent par ailleurs le drame de l’éloignement de leurs familles d’origine, et c’est justement pour ces jeunes que les pasteurs peuvent vraiment devenir des pères.
L’abus, un crime qui ne doit pas avoir de place dans l’Église
Autre thème abordé par les pères synodaux, celui de l’abus, un crime qui mine la confiance des jeunes vis-à-vis de l’Église, en l’humiliant. La question doit être affrontée avec courage et honnêteté. En demandant pardon pour les échecs des évêques et d’autres pour donner des réponses appropriées aux cas d’abus, et en faisant tout ce qui est en leur pouvoir pour protéger les jeunes.
Il faut une réflexion sur la sexualité
Dans ce contexte, une réflexion est aussi demandée sur la sexualité, un don du Seigneur, sur laquelle les jeunes exigent une parole constructive de la part de l’Église. La sexualité ne doit pas être ignorée, refusée, ou idéalisée, disent les pères synodaux. Il faut réinventer un accompagnement pastoral adapté, qui change la mentalité et les structures ecclésiales, aussi face à la consommation abusive de pornographie, à la sexualité précoce et aux avortements volontaires si fréquents parmi la jeunesse.
Comment vaincre la “culture du déchet” ?
Le regard du Synode s’est élargi aussi à toutes ces situations de souffrance des jeunes, victimes de la “culture du déchet” : des détenus, des personnes affectées par des dépendances ou par des problèmes d’identité, aussi sexuelle. Si l’Église semble avoir perdu la capacité de se faire proche, alors il faut essayer d’écouter le cri de ceux qui souffrent, parce que les jeunes ne sont pas une menace mais une bénédiction, ils sont un appel à l’attention. Les jeunes doivent être pris au sérieux, parce qu’ils sont porteurs de questions d’une profonde qualité. L’Église doit être pleine d’empathie à leur égard, et ne pas penser résoudre les choses avec l’imposition d’interdits, mais en promouvant plutôt le discernement et la conscience, en regardant la personne et non pas en réduisant tout à des catégories qui classent.
Le sport, instrument d’évangélisation des jeunes
Les pères synodaux ont aussi abordé la question du sport comme un instrument d’évangélisation des jeunes : le sport et la foi ont besoin l’un de l’autre pour former l’esprit et le corps, donc pour former l’homme dans son intégrité. Il faut donc relancer la Pastorale du sport, afin que ne soient pas mises en danger ses valeurs de fair-play et ses normes morales à l’intérieur desquelles il y a de la place pour le Christ.
Enfin, sur un plan plus technique, la composition de la Commission pour l’Information a été rendue publique ce matin. Elle se compose d’un évêque par continent. L’Amérique est représentée par le cardinal Lacroix, archevêque de Québec, l’Europe est représentée par le cardinal Schönborn, archevêque de Vienne, l’Afrique par le cardinal Napier, archevêque de Durban, l’Asie par le cardinal Tagle, archevêque de Manille, et enfin l’Océanie par Mgr Fisher, archevêque de Sydney. Le président de cette commission, comme annoncé précédemment, est un laïc, Paolo Ruffini, préfet du Dicastère pour la Communication, et le secrétaire est le père jésuite Antonio Spadaro, directeur de La Civiltà Cattolica.
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