Le Pape veut que l’IA ne sacrifie pas la dignité humaine au profit de l'efficacité
Xavier Sartre – Cité du Vatican
Impossible de passer à côté de l’intelligence artificielle en ce début d’année. Elle est sur toutes les lèvres, et dans toutes les têtes, objet d’investissements financiers colossaux et enjeu stratégique pour de nombreux États. Le Forum économique mondial, rendez-vous annuel de l’élite capitaliste mondiale, a ainsi pour thème «Collaboration à l’ère de l’intelligence». C’est donc dans cette logique que le Pape François a centré son propos dans son message envoyé ce jeudi 23 janvier, rappelant que «la tradition chrétienne considère le don de l’intelligence comme un aspect essentiel de la personne créée “à l’image de Dieu”» et que «l’Église a toujours été protagoniste et promotrice du progrès de la science, de la technologie, des arts et d’autres formes d’entreprises humaines».
L'impact de l'IA
Ce n’est donc pas à une condamnation de l’IA que se livre le Saint-Père mais bien à une mise en garde, en raison de «son impact sur le rôle de l’humanité dans le monde». L’IA soulève en effet «des questions au sujet de son effet sur la crise croissante de la vérité dans le forum public» et «au sujet de la responsabilité éthique, la sécurité humaine et les implications plus larges de ces développements pour la société».
Si l’on peut discuter de la pertinence du terme «intelligence», qui n’est pas «appropriée» selon le Souverain pontife puisque l’IA n’est qu’un des produits de l’intelligence humaine, et non une de ses formes artificielles, l’IA, «si elle est utilisée correctement» «aide la personne humaine à réaliser sa vocation, dans la liberté et la responsabilité», reconnait le Pape.
Non au paradigme technocratique
Mais il y a un risque, souligne le Souverain pontife, celui que «l’IA soit utilisée pour promouvoir “le paradigme technocratique” qui perçoit tous les problèmes du monde comme pouvant être résolus à travers les seuls moyens technologiques». La dignité et la fraternité humaines sont alors subordonnées «à la poursuite de l’efficacité, comme si la réalité, la bonté et la vérité émanaient de façon intrinsèque du pouvoir technologique et économique».
Or, «la dignité humaine ne doit jamais être violée au nom de l’efficacité», affirme François qui se montre très clair: «Les développements technologiques qui n’améliorent pas la vie de tous, mais qui créent ou aggravent les inégalités et les conflits, ne peuvent être définis comme un véritable progrès». Pour le Saint-Père, «l’IA devrait être placée au service d’un développement plus sain, plus humain, plus social et plus intégral».
Il est donc de la responsabilité des gouvernements et des entreprises, et plus largement de nous tous, d’«évaluer de façon critique chaque application de l’IA afin de déterminer si son utilisation promeut la dignité humaine, la vocation de la personne humaine et le bien commun», en sachant évidemment, comme le reconnait François que «les effets des diverses utilisations de l’IA ne sont pas toujours prévisibles dès le début».
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