Le Pape considère les bibliothèques comme «des oasis de paix et connaissance»
Delphine Allaire – Cité du Vatican
Ravi de «±ô’o³Ü±¹±ð°ù³Ù³Ü°ù±ð&°ù²¹±ç³Ü´Ç; de la Bibliothèque vaticane au monde, le Souverain pontife a d’emblée souligné l’importance de la transmission du passé aux nouvelles générations, qui, «immergées dans une culture liquide», ont besoin «d’environnements solides».
Pie XI, «un Pape bibliothécaire» entre-deux guerres
À cet égard, François a proposé le Pape Pie XI, Achille Ratti (1857-1939), comme modèle, lui qui est surnommé «le Pape bibliothécaire». D'abord conservateur de la bibliothèque Ambrosienne de Milan, l’une des premières publiques en Europe, il est nommé en 1914 préfet de la Bibliothèque apostolique vaticane. «Homme actif et pratique, curieux des domaines de la science et des médias, il a promu l'importance des bibliothèques à un moment extrêmement difficile de l'histoire, entre les deux guerres mondiales», le dépeint François.
Alors que la culture européenne dégénère en idéologies opposées, Pie XI, élu Pape en 1922, dote la Bibliothèque vaticane de nouveaux espaces, encourage le catalogage systématique, ouvre une école pratique pour les bibliothécaires. «Protégée par lui, la bibliothèque est devenue un lieu sûr pour de nombreux chercheurs, ainsi que pour les personnes persécutées par les régimes totalitaires, auxquels le Pape s'est toujours fermement opposé», salue le Souverain pontife argentin, affirmant que Pie XI donne à réfléchir aujourd’hui dans une époque marquée par des défis culturels et sociaux décisifs, liés la technologie.
Le risque contemporain d'une pauvreté intellectuelle et culturelle
Les médias et les ressources d'information ont ouvert des voies impensables il y a quelques années. Les systèmes d'étude, de catalogage et d'utilisation des ressources bibliothécaires se sont multipliés. Tout cela comporte de nombreux avantages, mais aussi certains risques, pointés par le Pape: «Les grands dépôts de données sont des mines riches, mais leur qualité est difficile à contrôler».
Aussi, le coût élevé de la gestion des collections de papier, surtout anciennes, fait que seuls quelques pays dans le monde peuvent offrir certains services de consultation et de recherche, a regretté le Successeur de Pierre. «Les nations les plus faibles sont ainsi exposées non seulement à la pauvreté matérielle, mais aussi à la pauvreté intellectuelle et culturelle.» Selon lui, le risque le plus grave étant que «la guerre mondiale par morceaux ralentisse les progrès»; «que des armes coûteuses privent la culture des moyens dont elle a besoin pour se diffuser; que des conflits empêchent les étudiants d'apprendre et de chercher, détruisant des écoles, des universités et des projets éducatifs», s’est inquiété François.
Les institutions culturelles face à la violence des guerres
Et le Pape d’exhorter à répondre par la culture aux violences des guerres et des pillages qui ravagent les institutions culturelles. «Combien de fois cela s'est déjà produit dans le passé! Efforçons-nous de faire en sorte que cela ne se reproduise plus : au choc des civilisations, au colonialisme idéologique et à l'effacement de la mémoire, répondons par le soin de la culture», s’est-il exclamé, souhaitant que les bibliothécaires jouent un rôle non seulement dans la défense du patrimoine historique, mais aussi dans la promotion de la connaissance, en étant «des lieux de paix, des oasis de rencontre et de libre discussion». Le Pape leur a confié pour cela quatre critères proposés dans son Exhortation apostolique Evangelii gaudium.
Les quatre critères de la connaissance
Premièrement: le temps est supérieur à l'espace. Que les bibliothèques et leurs immenses dépots de connaissances deviennent des lieux «où l'on donne du temps à la réflexion, en s'ouvrant à la dimension spirituelle et transcendante»; où les études à long terme soient favorisées, sans l'obsession des résultats immédiats, car dans le silence et la méditation la croissance d'un nouvel humanisme est possible.
Deuxièmement: que l'unité prévale sur le conflit. «La recherche académique donne inévitablement lieu à des moments de controverse, qui doivent être menés dans le cadre d'un débat sérieux, afin de ne pas conduire à des tergiversations. Les bibliothèques doivent témoigner d'une communion d'objectifs entre des perspectives différentes».
Troisièmement: la réalité est plus importante que l'idée. Il est bon, selon François, que le caractère concret des choix et l'attention à la réalité se développent en contact étroit avec l'approche critique et spéculative, afin d'éviter toute fausse opposition entre la pensée et l'expérience, entre les faits et les principes, entre la praxis et la théorie.
Enfin, quatrièmement: que le tout soit supérieur à la partie. «Nous sommes appelés à harmoniser la tension entre le local et le global, en nous rappelant que personne n'est un individu isolé, mais que chacun est une personne vivant de liens et de réseaux sociaux, auxquels il faut participer avec responsabilité», a conclu le Successeur de Pierre.
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