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Le Pape et le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, ce vendredi 11 octobre 2024. Le Pape et le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, ce vendredi 11 octobre 2024.  (ANSA)

Le président ukrainien reçu pour la troisième fois au Vatican

Arrivé légèrement en retard au Vatican, escorté par de nombreux véhicules dans une Rome blindée, le chef d’État ukrainien a été reçu par François pour la troisième fois ce vendredi 11 octobre au palais apostolique. Au terme de l’entretien qui a duré 35 minutes, Volodymyr Zelensky a offert en cadeau au Saint-Père un tableau sur le massacre de Boutcha. Le président a ensuite échangé avec des membres de la Secrétairerie d'État sur la manière de parvenir à une «paix juste et stable» en Ukraine.

Salvatore Cernuzio - Cité du Vatican

L'horreur de Boutcha a été mise en avant par le président ukrainien lors de l'audience accordée par le Pape François à Volodymyr Zelensky ce vendredi matin. Le président ukrainien, après un entretien privé d'environ 35 minutes dans la salle de la bibliothèque, a offert au Pape une peinture à l'huile représentant une petite fille, Marichka, qui, avec ses yeux ternes, son écharpe et son manteau marron, voit des soldats russes tuer sa famille sous ses yeux. L’enfant imaginaire représente tous les habitants de Boutcha qui ont dû assister aux scènes de pillages, de torture, d’enlèvements ou de viols, y compris sur des mineurs. Il y a deux ans, plus de 630 civils ont été massacrés dans la petite ville, située à quelques kilomètres au nord de Kiev; un massacre que les autorités ukrainiennes qualifient de «génocide» et pour lequel elles ont demandé une enquête approfondie à la Cour pénale internationale. Une brochure reconstituant les événements en détails accompagnait la peinture.

En offrant cette Å“uvre au Pape, Volodymyr Zelensky a voulu attirer une fois de plus l'attention du monde sur les atrocités vécues par son peuple. Un peuple qui, depuis plus de deux ans et demi, espère la paix. La paix est «une fleur fragile» indique l'inscription sur le bronze offert par le Pape au dirigeant ukrainien.

Appel à l'aide pour les prisonniers ukrainiens

Lors de leur entretien, le retour des prisonniers ukrainiens dans leur pays fut également abordé. «Pour nous tous en Ukraine, la question des personnes capturées et déportées reste incroyablement douloureuse. Il s'agit d'adultes et d'enfants, de nombreux civils qui sont aujourd'hui détenus dans des prisons et des camps en Russie». Sur sa chaîne Télégram, puis sur , le président Zelensky évoque la mort il y a deux jours de Viktoria Roshchina, pigiste de 27 ans, dans une prison russe dans des circonstances qui n'ont pas encore été élucidées. «Nous comptons sur l'aide du Saint-Siège pour ramener les Ukrainiens qui ont été faits prisonniers par la Russie», écrit le dirigeant à l’issue de son audience avec François. Cette demande d'aide fait suite à l'appel lancé l'année dernière en faveur du retour des milliers de mineurs ukrainiens emmenés de force en Russie. 

Le Pape et le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, ce vendredi 11 octobre 2024.
Le Pape et le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, ce vendredi 11 octobre 2024.

Tournée européenne

Le président ukrainien en est à sa troisième étape d'une tournée européenne destinée à présenter son «plan de victoire». Il s'est rendu à Londres et à Paris et, dans l'après-midi, il rencontrera en Allemagne le chancelier, Olaf Scholz, puis le président Frank-Walter Steinmeier. Arrivé à Rome hier soir, il a rencontré la présidente du Conseil Giorgia Meloni, qui a réitéré le soutien total de l'Italie à l'Ukraine, tant sur le plan bilatéral que multilatéral.

Troisième audience

Pour la troisième fois ce matin, vers 9h45, Volodymyr Zelensky a franchi le seuil du palais apostolique. En 2020, la pandémie de Covid-19 n'avait pas encore déflagré au niveau mondial et les tensions en Ukraine se limitaient à l'est du pays. En mai 2023, le président ukrainien était reçu un an et demi après le premier missile tiré par la Russie sur le sol ukrainien. Le Pape et le président s'étaient ensuite rencontrés en juin dernier lors du sommet du G7 à Borgo Egnazia. Volodymyr Zelensky fut l’un des premiers à rencontrer le Pape qui avait conduit du matin au soir une série de dix entretiens bilatéraux avec les dirigeants présents au sommet dans les Pouilles. Entre-temps, pendant tous ces mois, il y a eu des contacts téléphoniques, des lettres, des appels, la mission du cardinal Zuppi et le voyage en juillet du secrétaire d'État, Pietro Parolin, en Ukraine.

Dialogue confidentiel

Aujourd'hui, donc, une nouvelle audience dans une matinée riche en rendez-vous pour le Pape, qui a également reçu le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez vers 9 heures. Volodymyr Zelensky est arrivé immédiatement après, avec un léger retard, escorté par un très long cordon de voitures qui a traversé la Via della Conciliazione et la Piazza Pio XII, toutes deux bouclées et blindées, entre la police et les carabiniers qui avaient effectué un ratissage anti-terroriste dans toute la zone ce matin.

Aucun insigne tel que des armoiries ou des drapeaux ne figurait sur la voiture du président ukrainien qui, après avoir traversé la place Saint-Pierre et l'arc des cloches, est arrivé à 9h40 dans la cour de Saint Damase. Le président a été accueilli par le régent de la Maison pontificale, Mgr Leonardo Sapienza, et par les Gentilshommes de Sa Sainteté. En tenue militaire, vêtu d'un polo vert avec le Тризуб, le trident byzantin emblème des princes de la Rus' kiévienne et désormais symbole du pays, Volodymyr Zelensky est ensuite monté dans la salle de la bibliothèque du palais apostolique où François l'attendait. Une poignée de main, quelques plaisanteries initiales, puis la conversation à huis clos pendant plus d'une demi-heure, jusqu'à 10h20, sur les thèmes de la guerre et de la paix pour l'Ukraine, que le Pontife a toujours qualifiée de «tourmentée».

Lors du traditionnel échange de cadeaux, le Pape, outre la sculpture en bronze «La paix est une fleur fragile», a remis à son hôte le Message pour la Journée mondiale de la paix 2024, celui consacré à l'intelligence artificielle, qui risque d'exacerber «la folie de la guerre». Puis les volumes de documents pontificaux, le livre sur la Statio Orbis du 27 mars 2020, édité par Libreria Editrice Vaticana, et le volume, également édité par LEV «Persecuted for Truth, Ukrainian Greek Catholics behind the Iron Curtain» (Persécutés pour la vérité, les gréco-catholiques ukrainiens derrière le rideau de fer). Il s'agit d'un album photo en couleur, fruit d'un projet de recherche de l'Institut d'histoire de l'Église de l'Université catholique ukrainienne sur la vie clandestine de l'Église gréco-catholique ukrainienne, visant à documenter l'héritage des martyrs et des confesseurs de la foi, les plus célèbres, les moins connus, les anonymes.

Le président Zelenski reçu à la Secrétairerie d'État.
Le président Zelenski reçu à la Secrétairerie d'État.

Une paix juste et stable

Après avoir salué la délégation -neuf membres, dont l'ambassadeur d'Ukraine auprès du Saint-Siège, Andrii Yurash, et le chef du cabinet du président ukrainien, Andrij Jermak- le président Zelensky s'est rendu à la Secrétairerie d'État pour rencontrer le cardinal Parolin et Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les Relations avec les États et les organisations internationales.

«Les entretiens à la Secrétairerie d'État ont été consacrés à l'état de la guerre et à la situation humanitaire en Ukraine, ainsi qu'aux moyens d'y mettre fin, en vue d'une paix juste et stable dans le pays. En outre, un certain nombre de questions concernant la vie religieuse dans le pays ont également été examinées», affirme un communiqué de la Salle de presse du Saint-Siège ce midi.

Volodymyr Zelenski reçu à la Secrétairerie d'État. Ici face au cardinal Parolin.
Volodymyr Zelenski reçu à la Secrétairerie d'État. Ici face au cardinal Parolin.

 

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11 octobre 2024, 12:56