Pour le Pape, la joie est le meilleur antidote à l’individualisme
Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican
C'est une audience pas comme les autres qui s’est déroulée ce matin: plus d’une centaine d’humoristes étaient réunis dans la Salle Clémentine autour du Pape François, la plupart venus d’Europe dont Manu Payet, humoriste français de La Réunion.
La place de l'humour dans la société
Le Pape François a commencé son discours en saluant la place particulière des artistes de l'humour dans le monde artistique et culturel. «De tous les professionnels qui travaillent à la télévision, au cinéma, au théâtre, dans la presse écrite, dans la chanson, sur les réseaux sociaux, vous êtes parmi les plus aimés, les plus recherchés, les plus applaudis», a-t-il souligné.
Le Saint-Père a rappelé que, malgré les sombres nouvelles qui nous entourent, les humoristes ont «le pouvoir de répandre la sérénité et le sourire».
Il a ensuite insisté sur l'importance du rire comme vecteur de lien social. «À votre manière, vous rassemblez les gens, car le rire est contagieux. Il est plus facile de rire ensemble que seul: la joie ouvre au partage et constitue le meilleur antidote à l'égoïsme et à l'individualisme», a-t-il assuré. Le Pape a reconnu que l'humour peut «faire tomber les barrières sociales» et contribuer à «créer des espaces de liberté».
Les bienfaits du rire
Dans son discours, le Souverain pontife a également mis en lumière les nombreux bienfaits du rire qui soulage le stress et apaise les cĹ“urs. Révélant prier tous les jours la prière de saint Thomas More «Donne-moi, Seigneur, le sens de l'humour», François a confié l'importance de prendre la vie avec humour et de trouver du soulagement dans l’ironie.
Mais les humoristes ont un autre pouvoir à travers leur art selon le Pape: faire face aux problèmes, grands ou petits, en souriant et sans semer la peur.
L'humour, un langage universel
S’appuyant sur la Bible, François a expliqué qu’à l’origine du monde, la Sagesse divine a exercé l’art de l’humour. «Je faisais ses délices jour après jour, jouant devant lui à tout moment, jouant dans l'univers, sur sa terre, et trouvant mes délices avec les fils des hommes» est-il écrit dans le livre des Proverbes (). Ainsi, en faisant naître un «sourire intelligent» chez leurs spectateurs, les comiques font sourire Dieu, a repris François.
Enfin, le Pape a insisté sur l’inclusivité de l’humour. Pour lui, «l'humour n'offense pas, il n'humilie pas, il ne cloue pas les gens à leurs défauts». Dans un monde où la communication divise souvent, l'humour a le pouvoir unique de rapprocher des réalités différentes, et parfois opposées. «Le rire de l'humour n'est jamais “contre“ qui que ce soit, mais il est toujours inclusif, proactif, il suscite l'ouverture, la sympathie, l'empathie», a-t-il souligné.
Pour illustrer cette idée, il a évoqué l'histoire biblique d'Abraham et de Sarah, lorsque Dieu promet à ce couple âgé qu’ils auront un enfant. Sarah «écoutait et riait intérieurement» a expliqué le Souverain pontife, mais elle enfante finalement d’un fils nommé Isaac ce qui signifie «il rit». «Dieu m'a donné de quoi rire de joie» s’est alors exclamé Sarah.
Rire de Dieu
Avant de conclure, le Pape a rappelé qu’il était possible de rire de Dieu, comme «nous jouons et plaisantons avec les personnes que nous aimons», sans «offenser les sentiments religieux des croyants».
Le Pape a béni les artistes et leur art, les encourageant à continuer «dans cette belle vocation de faire rire» pour «remonter le moral des gens, surtout de ceux qui ont le plus de mal à regarder la vie avec espoir».
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