Le Pape appelle les jeunes à ne pas se décourager face à l’avenir
Xavier Sartre – Cité du Vatican
«Le thème de la natalité me tient beaucoup à cĹ“ur», confie le Pape François en ouverture de son discours aux états généraux italiens de la natalité, à Rome, ce vendredi 10 mai. Pour preuve, c’est la quatrième fois qu’il participe à cet événement non-partisan depuis sa création en 2021. L’année dernière, à deux pas du Vatican, il avait partagé la scène avec la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni. Cette année, le Souverain pontife intervient au deuxième jour de cette conférence qui veut mettre en lumière le problème de la dénatalité touchant depuis plusieurs années la péninsule italienne et promouvoir des solutions pour encourager les naissances. Pour cela, l’évêque de Rome propose de le faire en faisant preuve de «réalisme», de «prévoyance» et de «courage».
Les naissances, un don, pas un problème
Tout d’abord, le Saint-Père fustige les études et les théories qui mettaient en garde contre un nombre trop élevé d’habitants sur Terre, comme si les êtres humains étaient «un problème» et non un «don». «À la base de la pollution et de la faim dans le monde, ce ne sont pas les enfants qui naissent, mais les choix de qui pense seulement à soi, le délire du matérialisme effréné, aveugle et envahissant, d’un consumérisme qui, comme un virus maléfique, qui affecte à la racine l’existence des personnes et de la société», attaque le Pape.
En fait, «le problème n’est pas combien nous sommes dans le monde mais quel monde sommes-nous en train de construire; ce ne sont pas les enfants, mais l’égoïsme qui crée les injustices et structures du péché, jusqu’à nouer des interdépendances malsaines entre les systèmes sociaux, économiques et politiques», poursuit-il.
«L’égoïsme rend sourd à la voix de Dieu qui aime en premier et enseigne à aimer, et à la voix des frères qui nous entourent; il anesthésie le cĹ“ur, il fait vivre par les choses sans plus savoir pour quoi; il induit à avoir de nombreux biens sans plus savoir faire le bien. Et les maisons se remplissent d’objets et se vident d’enfants, devenant des lieux très tristes». François conclut cette harangue en résumant les problèmes de notre monde par ces quelques mots: «l’égoïsme, le consumérisme, l’individualisme qui rendent les personnes repues, seules et malheureuses».
Politiques natalistes
Le nombre de naissances est ainsi pour le Saint-Père, un bon indicateur de l’espérance que nourrit un peuple, car «sans enfants et sans jeunes, un pays perd son désir de futur», affirme-t-il. De ce point de vue-là, l’Italie, et l’ensemble du Vieux Continent se transforment toujours plus en un continent «vieux, fatigué et résigné», occupé principalement à «exorciser ses solitudes et ses angoisses», l’empêchant ainsi de profiter de la «civilisation du don, la vraie beauté de la vie».
Fort de ce constat, François exhorte les gouvernements à appliquer «des politiques efficaces», à faire des «choix courageux, concrets et sur le long terme pour semer aujourd’hui afin que nos enfants puissent récolter demain». Concrètement, le Pape souhaite que «les jeunes générations soient mises en condition de pouvoir réaliser leurs propres et légitimes rêves», en mettant en place une politique familiale, permettant par exemple aux femmes de ne pas avoir à choisir entre travail et enfants, ou facilitant aux jeunes couples l’accès à la propriété.
Autre manière d’agir, la promotion de la «culture de la générosité et de la solidarité intergénérationnelle». Là, il s’agit avant tout, dans l’idée du Pape, de ne pas oublier que le futur des enfants, les parents et les grands-parents, «dans l’étreinte desquels il y a le don silencieux et discret du travail d’une vie entière», le construisent «en se cassant le dos après des années de fatigue et de sacrifices cachés». En retour, ces enfants devenus grands, doivent exprimer «la reconnaissance et la gratitude envers eux». Cette «saine réponse», décrit François, «rend solide et forte la société» «comme l’eau unie au ciment».
Le Pape insiste sur cette interaction entre les générations, regrettant que les personnes âgées soient cachées, rejetées. Laisser seuls les grands-parents, les rejeter, «c’est un suicide culturel» ˛ő’i˛Ô˛őłÜ°ů˛µ±đ-łŮ-ľ±±ô.&˛Ô˛ú˛ő±č;«Le futur, ce sont les jeunes et les vieux qui le font ensemble; le courage et la mémoire, ensemble» précise-t-il.
Le courage de regarder vers l’avenir
Pour parvenir à cette civilisation de la générosité et de la solidarité, à cette société moins égoïste et individualiste, il faut affronter aussi le monde tel qu’il est, il faut regarder ce futur qui «peut apparaitre inquiétant, et que, entre dénatalité, guerres, pandémies et mutations climatiques, il n’est pas facile de maintenir vivante l’espérance». «Mais ne vous rendez pas, ayez confiance parce que le lendemain n’est pas quelque chose d’inéluctable: nous le construisons ensemble et dans cet “ensemble”, avant tout, nous trouvons le Seigneur», adresse-t-il tout particulièrement aux jeunes.
Le Pape s’appuie sur les paroles de Jésus, dans Mathieu, chapitre 5 quand il dit «eh bien, moi, je vous dis!». Ces mots ont «un parfum de salut qui prépare une rupture» que le Pape invite à faire siens, «tous, ici et maintenant». «Ne nous résignons pas à une copie déjà écrite par d’autres, mettons-nous à ramer pour inverser la route, même si c’est au prix d’aller à contrecourant»,&˛Ô˛ú˛ő±č;˛ő’ełćł¦±ô˛ąłľ±đ-łŮ-ľ±±ô.
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