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Audience générale: la tempérance, vertu de la juste mesure

Après la vertu de la force d’âme, abordée la semaine dernière dans sa éè, le Pape s’est penché mercredi 17 avril lors de l’audience générale, sur la tempérance, quatrième et ultime vertu cardinale. François la définit comme «une capacité à se dominer soi-même» et «l'art de ne pas se laisser envahir par des passions rebelles».

Myriam Sandouno – Cité du Vatican

Poursuivant son cycle de catéchèse sur les vertus cardinales, le Saint-Père a mis en évidence la vertu de la tempérance, mercredi 17 avril. Elle modère, selon le Catéchisme de l'Église Catholique, «l’attrait des plaisirs et procure l’équilibre dans l’usage des biens créés»; elle «assure la maîtrise de la volonté sur les instincts et maintient les désirs dans les limites de l’honnêteté». La personne tempérante, souligne encore le Catéchisme de l'Église, «oriente vers le bien ses appétits sensibles, garde une saine discrétion et ne se laisse pas entraîner pour suivre les passions de son cœur». Partant de ce rappel du Catéchisme, le Pape est revenu le long de sa catéchèse, sur les signes qui distinguent la personne tempérante.

«La personne tempérante sait bien peser et mesurer les paroles»

Lorsqu’on a de la tempérance «on ne laisse pas un moment de colère ruiner des relations et des amitiés qui ne se reconstruiront que difficilement par la suite». Le Pape a invité à savoir garder la mesure lorsqu’on fait son choix: «Il y a un temps pour parler et un temps pour se taire, mais dans les deux cas, a-t-il suggéré, il faut savoir garder la mesure». Et cela «vaut pour beaucoup de choses, par exemple être avec d'autres et rester seul», a déclaré François.

Il est plus bénéfique de se comporter avec sagesse dans toutes situations, «car les personnes qui agissent toujours sous le coup de l'impulsion ou de l'exubérance ne sont finalement pas fiables». Dans un monde où tant de gens se vantent de dire ce qu'ils pensent, «le tempérant préfère au contraire penser ce qu'il dit. Il ne fait pas de promesses en l'air, mais prend des engagements dans la mesure où il peut les tenir». La tempérance est, selon François, une capacité à se dominer soi-même, l'art de ne pas se laisser envahir par des passions rebelles, de mettre de l'ordre dans ce que le poète italien Alessandro Manzoni appelle «le fouillis du cœur humain».

“Même avec les plaisirs, la personne tempérante agit avec discernement. Le libre cours des pulsions et la licence totale accordée aux plaisirs finissent par se retourner contre nous-mêmes, nous plongeant dans l'ennui.”

Comprendre les autres et revendiquer des valeurs

La personne tempérante sait, certes, maîtriser son tempérament, mais, a précisé le Souverain pontife, «cela ne veut pas dire qu'on la verra toujours avec un visage paisible et souriant». Même dans une humeur différente, le Saint-Père conseille si nécessaire «de s'indigner, mais toujours à bon escient». «Une parole de reproche est parfois plus salutaire qu'un silence aigre et rancunier. La personne tempérante sait que rien n'est plus désagréable que de corriger l'autre», mais «elle sait aussi que c'est nécessaire: sinon, on donnerait libre cours au mal».

Dans certains cas, elle parvient à tenir ensemble les extrêmes, affirme des principes absolus, revendique des valeurs non négociables. Mais, sait aussi comprendre les gens et faire preuve d'empathie à leur égard, a-t-il ajouté, soulignant que la personne tempérante agit avec discernement.

“Mieux vaut alors rechercher la juste mesure: par exemple, pour apprécier un bon vin, mieux vaut le savourer par petites gorgées que de l'avaler d'un trait.”

Tempérance et petitesse, discrétion, oubli de soi

Dans la vertu de la tempérance, l’évêque de Rome voit un don de l'équilibre, «une qualité aussi précieuse que rare». Elle rime bien, selon lui, avec des attitudes évangéliques telles que la petitesse, la discrétion, l’oubli de soi, la douceur. «Qui est tempérant apprécie l'estime des autres, mais n'en fait pas le seul critère de chacun de ses actes et de chacune de ses paroles». La personne tempérante est sensible, sait pleurer et n'en a pas honte, elle ne pleure pas sur elle-même. Vaincue, elle se relève; victorieuse, elle est capable de retourner à la vie cachée de toujours. Elle ne cherche pas les applaudissements, mais sait qu'elle a besoin des autres, a poursuivi le Souverain pontife sur la place Saint-Pierre. 

La tempérance appelle la joie

Avec la tempérance, a conclu le Pape, l’on peut mieux savourer les biens de la vie: la tendresse de certaines amitiés, la confiance des personnes sages, l'émerveillement devant les beautés de la création. Le bonheur dans la tempérance est une joie qui s'épanouit dans le cœur de ceux qui reconnaissent et valorisent ce qui compte le plus dans la vie. François, pour terminer, a invité à prier pour que le Seigneur donne à chacun le don de la maturité et de la tempérance.

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17 avril 2024, 09:45