´¡²Ô²µÃ©±ô³Ü²õ: faire en nous et autour de nous «plus de maison et moins de marché»
Christian Losambe, SJ – Cité du Vatican
En dépit de son état de santé légèrement grippal qui l'a poussé à annuler quelques-unes de ses audiences en début de semaine, le Saint-Père a présidé la prière de l’Angélus devant des milliers de fidèles réunis place Saint-Pierre, depuis la fenêtre des appartements pontificaux.
Avant cela, François s’est appesanti sur l’antithèse présentée dans l’Évangile de ce troisième dimanche de Carême, qui nous montre une scène dure: «Jésus qui chasse les marchands du temple parce qu’ils font de la maison de Dieu un marché» (Jn 2, 13-25). C’est précisément sur ce contraste entre maison et marché que le Pape s’est arrêté dans son exhortation dominicale.
Le Christ invite à bâtir une relation confiante avec Dieu
Poursuivant, François a expliqué les deux manières différentes de se tenir devant le Seigneur qui découlent de ce contraste. Si dans le temple compris comme un marché, il suffisait d'acheter un agneau, de le payer et de le consommer sur les braises de l'autel pour être en règle avec Dieu, dans le temple, considéré plutôt comme la maison, «c'est le contraire qui se produit», a-t-il souligné. «On va à la rencontre du Seigneur, on s'unit à lui et à ses frères, on partage ses joies et ses peines». Et encore, a-t-il ajouté, «au marché, on marchande sur les prix, à la maison on ne calcule pas; au marché, on cherche son propre intérêt, à la maison on donne gratuitement».
C’est ce qui justifie, selon l’évêque de Rome, le caractère dur de Jésus aujourd’hui, qui «n'accepte pas que le temple-marché remplace le temple-maison, que la relation avec Dieu soit distante et commerciale au lieu d'être proche et confiante, que les comptoirs de vente prennent la place de la table familiale, que les prix prennent la place des accolades et les pièces de monnaie, celle de la tendresse». Car cela, a-t-il fustigé, «crée une barrière entre Dieu et l'homme et entre frère et frère, alors que le Christ est venu apporter la communion, la miséricorde et la proximité».
Frapper avec confiance à la porte du Père et répandre la fraternité
Devant les milliers de fidèles réunis place Saint-Pierre, le Pape a exhorté à «faire en nous et autour de nous plus de maisons et moins de marchés». Et ce, tout d’abord envers Dieu, a souligné le successeur de Pierre, «en priant beaucoup, comme des enfants qui frappent inlassablement et avec confiance à la porte du Père, et non comme des marchands avares et méfiants», et puis «en répandant la fraternité». Il s’agit d’une nécessité, a martelé François, au regard du silence embarrassant, isolant, parfois même hostile, que l’on rencontre dans de nombreux endroits de ce monde.
Au terme de son exhortation, l’évêque de Rome a invité les fidèles à revenir sur le fondement de leur relation avec Dieu à travers quelques questions. «Avant tout, comment est ma prière? Est-ce un prix à payer ou un moment d'abandon confiant, où je ne regarde pas ma montre? Et comment sont mes relations avec les autres? Est-ce que je sais donner sans attendre en retour? Est-ce que je sais faire le premier pas pour briser les murs du silence et le vide de la distance?», a-t-il demandé, en se tournant vers la Mère du Seigneur «afin qu’elle nous aide à "faire maison" avec Dieu, entre nous et autour de nous».
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