François: le Carême nous invite à revenir à la vérité de ce que nous sommes
Myriam Sandouno – Cité du Vatican
Après une procession pénitentielle partie de la basilique Saint-Anselme-sur-l'Aventin, le Saint-Père a présidé la célébration eucharistique avec la bénédiction et le rite d’imposition des cendres sur le front de chaque fidèle, symbole de pénitence, de conversion et de renaissance. Dans l’enceinte de la basilique Sainte-Sabine sur la colline de l’Aventin, le Pape a rappelé dans son homélie que «les cendres déposées sur nos têtes nous invitent à redécouvrir le secret de la vie».
Le feu de l’amour de Dieu dans les cendres
Cette ancienne pratique pénitentielle, déjà observée dans l'Église primitive, permet de réaliser et redécouvrir l’amour de Dieu, «un amour éternel». «Nous sommes des cendres sur lesquelles Dieu a insufflé son souffle de vie, une terre qu’Il a modelée de ses mains», mais aussi «une poussière de laquelle nous ressusciterons pour une vie sans fin, préparée pour nous depuis toujours», a déclaré l’évêque de Rome. Et si, dans «les cendres que nous sommes, brûle le feu de l’amour de Dieu», alors, pour François, «nous découvrons que de cet amour nous sommes pétris», appelés à aimer et être attentifs aux autres, «nos frères». La compassion, la miséricorde, traduisent également cet amour, qui invite à «partager ce que nous sommes et ce que nous avons avec ceux qui sont dans le besoin».
L’imposition des cendres
C’est un geste «qui veut nous ramener à notre réalité essentielle: nous sommes poussière, notre vie est comme un souffle (cf. Ps 39, 6 ; 144, 4)», mais le Seigneur –Lui et Lui seul– permet qu’elle ne disparaisse pas. Il recueille et façonne «la poussière que nous sommes», a rappelé le successeur de Pierre, afin qu’elle ne soit pas dispersée par les vents impétueux de la vie et qu’elle ne se dissolve pas dans l’abîme de la mort. «C’est pourquoi, ce soir, dans un esprit de prière et d’humilité, a-t-il déclaré, nous recevons la cendre sur nos têtes».
Un voyage de l’extérieur vers l’intérieur
En ce début de Carême, temps de conversion, de pénitence, et de préparation à la fête de Pâques, qui célèbre la résurrection du Christ, le Pape a invité à «écouter la voix du Seigneur, qui ne se lasse pas de nous répéter: entre dans le secret, reviens au cĹ“ur». Il s’agit d’un «voyage de l’extérieur vers l’intérieur», afin que le vécu, et «même notre relation avec Dieu», a-t-il expliqué, «ne se réduise pas à une extériorité, à un cadre sans image, à une couverture de l’âme».
Entrer dans le secret
Dans un monde où l’on vit de «manière superficielle», où l’on veut être remarqué, admiré ou apprécié, «le Seigneur nous dit: entre dans le secret, rentre au centre de toi-même». C’est précisément là, où résident aussi tant de peurs, de sentiments de culpabilité et de péchés, que «le Seigneur est descendu, pour te guérir et te purifier». «Entrons dans notre chambre intérieure, a-t-il insisté, c’est là que le Seigneur habite, que notre fragilité est accueillie et où nous sommes aimés sans condition». Se référant souvent aux Saintes Écritures pendant cette célébration eucharistique, l’évêque de Rome n’a pas manqué de rappeler: «Quand vous faites l’aumône, quand vous priez, quand vous jeûnez, veillez à ce que cela se fasse dans le secret: car votre Père voit dans le secret» (cf. Mt 6, 4). Entrer dans le secret, «c’est l’invitation que Jésus adresse à chacun de nous au début du chemin de Carême», a souligné le Saint-Père.
Se débarrasser des masques
La période du Carême «nous plonge dans un bain de purification et de dépouillement, et veut nous aider à enlever tout “maquillage”, tout ce dont nous nous revêtons pour paraître adéquats». Ce cheminement permet de se dépouiller, de revenir au «vrai moi», en nous débarrassant des masques que nous portons souvent», en ralentissant «la course de nos frénésies, en étreignant notre propre vérité». «La vie n’est pas une pièce de théâtre, a affirmé François, puis d’ajouter que le Carême nous invite à descendre d’une scène fictive pour revenir au cĹ“ur, à la vérité de ce que nous sommes».
L'adoration silencieuse, une occasion de revenir à Dieu
François, dans son homélie, a également mis l’accent sur la prière d’adoration silencieuse, à privilégier en ce temps de carême. Car, elle permet de rester à l’écoute de la présence du Seigneur, comme Moïse, Élie, Marie, ou comme Jésus. Dans ce silence, le Dieu de miséricorde et de compassion, le Dieu du pardon et de l’amour, le Dieu de la tendresse et de la sollicitude, est un guide pour tous. «Ne te juge pas toi-même. Ne te condamne pas. Ne te refuse pas toi-même», voilà ce que «veut te dire ton Dieu, prêt à sécher tes larmes»; il veut également «te déclarer sa flamme d’amour infini et te dire à l’oreille: "Je t’aime, je t’aime, je t’aime"» (H. Nouwen, In cammino verso l’alba, Brescia 1997, 233).
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