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Le Pape François lors du meeting "Foi et science, en route vers la COP26", le 4 octobre 2021. Le Pape François lors du meeting "Foi et science, en route vers la COP26", le 4 octobre 2021.   (Vatican Media)

François à la COP28, un voyage motivé par l'urgence climatique

Le déplacement est déjà historique. Le Pape François se rend à Dubaï pour son 45e voyage apostolique, entièrement consacré à la COP28. La conférence des Nations unies sur les changements climatiques se tient du jeudi 30 novembre au mardi 12 décembre, c’est la première fois qu’elle accueille un Souverain pontife.

Marine Henriot – Cité du Vatican

Parce que «la situation est en train de devenir encore plus urgente, (…) j’ai voulu partager ces pages avec vous», ainsi François justifie dans l'exhortation apostolique  publiée le 4 octobre dernier, la nécessité d’un nouveau texte sur la sauvegarde de la Maison commune. C’est aussi animé par cette urgence que le Souverain pontife a décidé de prendre la parole à la tribune de la COP28 de Dubaï aux Emirats arabes unis. Son intervention est prévue samedi 2 décembre à 9h15.

Autorité morale et spirituelle

Le  «symbole de son déplacement peut peser lourd, François a une autorité morale reconnue», estime le frère Xavier de Bénazé, jésuite, délégué provincial sur les questions d’écologie intégrale pour la Belgique francophone, le Luxembourg et la France. « L'État du Vatican n'a aucun intérêt à défendre, ni des acquis comme les pays occidentaux, ni une croissance comme la Chine, ni des dégâts comme un certain nombre des pays des Suds, il ne se place pas au même niveau en tant qu'État», ajoute celui qui est également coordinateur du projet écocentre spirituel du Châtelard, à coté de Lyon en France.

Pour le frère dominicain Innocent-Marie Szaniszló, professeur d'éthique sociale à l’université pontificale Saint-Thomas-d’Aquin, l’évêque de Rome « veut vraiment se pencher sur tout ce liant diplomatique qu'il a construit durant son pontificat pour trouver une solution possible» à l’urgence climatique.

Laudate Deum et COP28

«Les Émirats arabes unis accueilleront la prochaine Conférence des Parties (COP28). C’est un pays du Golfe persique qui se définit comme un grand exportateur d’énergies fossiles, bien qu’il ait fait d’importants investissements dans les énergies renouvelables. Pendant ce temps, les compagnies pétrolières et gazières ambitionnent de réaliser de nouveaux projets pour augmenter encore la production. Dire qu’il n’y a rien à espérer serait un acte suicidaire qui conduirait à exposer toute l’humanité, en particulier les plus pauvres, aux pires impacts du changement climatique» , peut-on lire en introduction du chapitre 5, consacré à la COP28.
 

«Le Pape n’est pas dupe», observe le frère Xavier de Bénazé, quant aux limites d’une telle conférence présidée par le septième producteur mondial de pétrole. La COP28 est présidée par Sultan al-Jaber, ministre de l’industrie et des technologies avancées des Émirats arabes unis, directeur général et PDG de la plus grande compagnie pétrolière et gazière émiratie. Une présidence qui suscite des critiques, notamment parmi les défenseurs de l’environnement.  Reçu le 11 octobre au Vatican par le Pape François, le président de la COP28 s’est montré déterminé, « Nous sommes guidés par un seul point fixe: maintenir l'augmentation de la température à 1,5 degré Celsius».

Comme Laudato si’ fut intimement liée à la COP21 de Paris, considérée comme un succés, Laudate Deum vient aussi pour redonner du crédit à des conférences onusiennes parfois considérées inaudibles. « Le Pape espère qu'il espère prouver que ce qui a été fait dans les différentes COP est quelque chose de sérieux», commente Mgr Marc Stenger, co-président de Pax Christi international, auteur de Écologie et Création - Enjeux et perspectives pour le christianisme aujourd’hui, chez Parole et silence.

Cohérence de la foi chrétienne

Prendre soin de la Maison commune est inhérent au théocentrisme, ajoute Mgr Marc Stenger, «C'est très important de se rendre compte que la Création qui nous est donnée est un beau cadeau pour nous, pour nous tous. C'est un bien précieux». 

«Si la Création est un don de Dieu, alors ma manière d'être en relation à la Création, ma manière d'être créature fait partie de ma foi. En fait, la vie m'est donnée par ce créateur et donc il faut une cohérence», démontre le frère Xavier de Bénazé, ajoutant: «Je ne peux pas me revendiquer du Christ et en même temps détruire la Création du Père de Jésus».

Entretien avec le frère Xavier de Bénazé

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27 novembre 2023, 10:28