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Olivier Bonnel - Cité du Vatican

«Saint Jean-Baptiste Scalabrini, qui vous a fondé comme missionnaires pour les migrants, vous a enseigné, en prenant soin d'eux, à vous considérer comme des frères et des sÅ“urs sur le chemin de l'unité, selon les paroles sincères de la prière sacerdotale de Jésus » a expliqué François. Le Pape a ensuite livré une réflexion sur le sens de la migration: «Soyons clairs: la migration n'est pas une douce errance dans la communion; c'est souvent un drame. Et, de même que chacun a le droit d'émigrer, plus encore chacun a le droit de pouvoir rester dans son pays et d'y vivre dans la paix et la dignité».

Pourtant, a-t-il poursuivi, «la tragédie des migrations forcées causées par les guerres, la famine, la pauvreté et les atteintes à l'environnement est aujourd'hui visible par tous». C'est précisément là que la spiritualité de Scalabriniens entre en jeu: «comment disposez-vous votre cÅ“ur à l'égard de ces frères et sÅ“urs? Avec le soutien de quel chemin spirituel ?»

Coopérateurs de l’Esprit-Saint pour l’unité

Le père Scalabrini nous aide, précisément « en considérant les missionnaires des migrants comme des coopérateurs de l'Esprit Saint pour l'unité» a encore souligné le Pape. Il s'agit d'une vision éclairée et originale du phénomène migratoire, vu comme un appel à créer la communion dans la charité.

François est revenu sur cet épisode raconté par le saint lui-même dans son ouvrage L’émigration italienne en Amérique (1888): «Il raconte avoir vu "trois ou quatre cents individus mal habillés, répartis en différents groupes. Sur leurs visages [...] sillonnés par les rides précoces qu'imprime le dénuement, transparaissait le tumulte des affections qui agitaient leurs cÅ“urs à ce moment-là».

«Malheureusement, a poursuivi le Souverain pontife, ces images nous sont également familières. Et le saint, impressionné par cette grande misère, comprit qu'il y avait là un signe de Dieu pour lui: l'appel à assister matériellement et spirituellement ces gens, afin qu'aucun d'entre eux, laissé à lui-même, ne se perde, ne perde la foi».

Cultiver la catholicité des cÅ“urs

A travers cette histoire vécue du fondateur, François a ainsi déterminé «un premier appel», celui de «cultiver des cÅ“urs riches de catholicité, c'est-à-dire avides d'universalité et d'unité, de rencontre et de communion». La proximité, a-t-il une nouvelle fois rappelé «est le style de Dieu».

Dans cette entreprise, il serait «quelque peu utopique de prétendre que tout cela peut être réalisé par la seule force humaine» a encore dit le Pape aux Scalabriniens, expliquant qu’il «s'agit au contraire de coopérer à l'action de l'Esprit, et donc d'agir dans l'histoire sous la conduite et avec l'énergie qui viennent de Dieu».

François a ainsi exhorté à ne pas oublier ces trois mots que l’on retrouve dès l’Ancien Testament : la veuve, l'orphelin et l'étranger.

Retrouver le sens de l’adoration

Le deuxième appel de celui qui fut l’évêque de Plaisance (nord de l’Italie) est ainsi de s’ancrer dans un rapport d’amour avec Jésus qui passe à travers l’Eucharistie et l’Adoration. Et François d’exhorter les Scalabriniens à retrouver le sens de l’adoration, «dont nous avons perdu le sens», les invitant à toujours trouver des moments de silence, pour adorer. «Nous savons combien Scalabrini aimait l'adoration, à laquelle il se consacrait même la nuit, malgré la fatigue due à son travail épuisant, et à laquelle il ne renonçait pas pendant la journée, même dans les moments de plus grande activité. Il ne se faisait pas d'illusions: sans prière, il n'y a pas de mission !»

Le Pape a conclu son discours en appelant les membres de la famille scalabrinienne à «renouveler leur engagement envers les migrants et à l'enraciner de plus en plus dans une vie spirituelle intense, en suivant l'exemple de leur fondateur» et les a remerciés pour leur mission à travers le monde. Un travail, a-t-il précisé dont il a été le témoin à Buenos-Aires.