Pour le Pape, Marseille a permis un regard humain sur la é徱ٱé
Delphine Allaire – Cité du Vatican
Le Pape François a repris quelques traits de sa feuille de route pour la Méditerranée délivrée au palais du Pharo samedi matin 23 septembre à Marseille pour rappeler place Saint-Pierre la vocation de la Méditerranée: «Être un laboratoire de civilisation et de paix».
«La Méditerranée est un berceau de civilisation, et un berceau, c'est pour la vie! On ne peut pas permettre qu'elle devienne un tombeau, encore moins une zone de conflit. La mer Méditerranée est ce qui s'oppose le plus au choc des civilisations, à la guerre, à la traite des êtres humains», a d’emblée assuré le Souverain pontife, évoquant les liens entre trois continents que cette mer permet, aussi entre «les personnes et les cultures, les peuples et les langues, les philosophies et les religions». Une mer «périlleuse», mais recelant «des trésors de vie, ses vagues et ses vents portant des navires de toutes sortes».
Un lieu de rencontre et non d'affrontement, de vie et non de mort, a résumé le Pape, insistant sur la dimension spirituelle originelle et fondatrice: «Depuis sa rive orientale, il y a deux mille ans, l'Évangile de Jésus-Christ a entrepris de proclamer à tous les peuples que nous sommes les enfants d'un seul Père qui est aux cieux et que nous sommes appelés à vivre en frères et sœurs; que l'amour de Dieu est plus grand que nos égoïsmes et nos replis, et qu'avec l'aide de sa miséricorde, une coexistence humaine est possible». Cela ne se fait pas par magie et n'est pas acquis une fois pour toutes, a reconnu François, appelant chaque génération à œuvrer en ce sens «en lisant les signes des temps qu’elle vit».
Les migrations forcées, un signe des temps
La rencontre de Marseille fait suite à celles qui se sont tenues à Bari en 2020 et à Florence l'année dernière. «Il ne s'agit pas d'un événement isolé», mais «d'un pas en avant dans un parcours» qui trouve son origine dans les "Colloques méditerranéens" organisés par le maire Giorgio La Pira à Florence à la fin des années 1950. «Un pas en avant pour répondre, aujourd'hui, à l'appel lancé par saint Paul VI dans son encyclique Populorum Progressio, pour "la promotion d'un monde plus humain pour tous, un monde où tous auront à donner et à recevoir, sans que le progrès des uns soit un obstacle au développement des autres." (n° 44)», a réitéré l'évêque de Rome.
Un regard humain sur la Méditerranée
Le Pape a ensuite abordé les premiers fruits immédiats de la rencontre marseillaise: selon lui, en est sorti «un regard sur la Méditerranée simplement humain, ni idéologique, ni stratégique, ni politiquement correct, ni instrumental, non, humain, c'est-à-dire capable de tout rapporter à la valeur première de la personne humaine et à sa dignité inviolable». Et en même temps, est apparu un regard d'espérance, a noté le Saint-Père. «C'est toujours surprenant: quand on écoute des témoins qui ont vécu des situations inhumaines ou qui les ont partagées, et que c'est d'eux que l'on reçoit une "profession d'espérance".»
L’espérance doit s’organiser et se concrétiser
Cette espérance ne peut et ne doit pas "se volatiliser", a affirmé le Pape, souhaitant au contraire, qu'elle s'organise, se concrétise dans des actions à long, moyen et court terme. «Pour que les personnes, en toute dignité, puissent choisir d'émigrer ou de ne pas émigrer», en écho au thème du message de la Journée du migrant et du réfugié 2023. «La Méditerranée doit etre un message d’espérance», a insisté le Pape, indiquant quelques moyens pour la retrouver.
Redonner l’espérance à nos sociétés européennes
Redonner de l'espérance aux jeunes Européens en particulier apparait prioritaire pour le Pape, qui s'interroge «Comment accueillir les autres si nous n'avons pas nous-mêmes un horizon ouvert sur l'avenir? Comment des jeunes sans espérance, enfermés dans leur vie privatisée, préoccupés par la gestion de leur précarité, peuvent-ils s'ouvrir à la rencontre et au partage? Nos sociétés malades de l'individualisme, du consumérisme et de l'évasion vide ont besoin de s'ouvrir, d'oxygéner leurs âmes et leurs esprits pour pouvoir lire la crise comme une opportunité et l'affronter positivement».
L’Europe doit retrouver passion et enthousiasme
Pour ces raisons, «l'Europe a besoin de retrouver passion et enthousiasme», a lancé François, confiant les avoir trouvées à Marseille «dans son pasteur, le cardinal Aveline, dans les prêtres et les consacrés, dans les fidèles laïcs engagés dans la charité, dans l'éducation, dans le peuple de Dieu qui a manifesté une grande chaleur lors de la messe au stade Vélodrome. Je les remercie tous, ainsi que le Président de la République, dont la présence a témoigné de l'attention de la France entière à l'égard de l'événement de Marseille», a relevé l’évêque de Rome, concluant en invoquant Notre-Dame de la Garde: «Que Notre-Dame, que les Marseillais vénèrent sous le nom de Notre-Dame de la Garde, accompagne le chemin des peuples de la Méditerranée, afin que cette région devienne ce qu'elle a toujours été appelée à être: une mosaïque de civilisation et d'espérance».
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