Le Pape: «La guerre détruit tout, regardons l'Ukraine et n'ayons pas honte de souffrir»
Salvatore Cernuzio - Cité du Vatican
«Pourquoi ne pouvons-nous pas vivre en paix? C'est si simple... ».
C'est une question déchirante dans sa naïveté que, d'une voix émue, une jeune Ukrainienne pose au Pape, à l'Église et au monde dans le documentaire «Freedom on Fire: Ukraine's Fight for Freedom». L'Å“uvre, promue par le réalisateur Evgeny Afineevsky, a été projetée vendredi après-midi au Vatican, au jour qui marque le dramatique anniversaire de ce que François a appelé une guerre «absurde».
Le Pape et le petit Sviatoslav
Le Pape a assisté à la projection depuis le dernier rang, puis salué quelques-uns des protagonistes du documentaire. Parmi eux, Anya Zaitseva, l'épouse d'un soldat capturé, assise à la droite du Pape, avec dans ses bras le petit Sviatoslav, âgé de seize mois, qui jouait avec la canne du Pape pendant la projection. François tournait la tête de temps en temps pour lui sourire ou lui donner une caresse.
Saluer les personnes présentes
François a également tenu à saluer les 240 personnes présentes à la projection: des personnes dans le besoin, des réfugiés et des membres de la communauté ukrainienne de Rome, invités par le réalisateur. Ils étaient accompagnés - informe la Salle de presse du Saint-Siège - de représentants d'associations qui les soutiennent et du cardinal aumônier Konrad Krajewski.
La peur d’un peuple
En donnant sa bénédiction à tous les présents, le Pape leur a demandé de prier ensemble à la fin du documentaire. «Let us pray!» a-t-il dit en anglais, visiblement ému par le film, à la fois brutal et réaliste, presque didactique dans certaines séquences car face à une réalité comme ce conflit, il y a peu de commentaire à apporter; il n'y a que l'horreur de la réalité. Et il y a la peur de tout un peuple, dont une artiste de théâtre était la porte-parole lorsque, dans une scène, elle lance un appel à mettre fin à la guerre le plus rapidement possible: «De cette façon, nous nous détruisons tous».
«L'esprit de la guerre est de détruire»
Le Pape François aussi, a évoqué les destructions dans la prière récitée avec les personnes présentes, et dans laquelle il a demandé au Seigneur de guérir l'humanité du fleuve de haine qui alimente la guerre: «Quand Dieu a créé l'homme, il a dit de prendre la terre, de la faire croître, de la rendre belle. L'esprit de la guerre, c'est le contraire: détruire, détruire. Ne pas laisser croître, détruire tout le monde: les hommes, les femmes, les enfants, les personnes âgées, tout le monde», a déclaré le Souverain pontife. «Aujourd'hui, a-t-il ajouté, cette guerre a un an, regardons l'Ukraine, prions pour les Ukrainiens et ouvrons nos cÅ“urs à la douleur. N'ayons pas honte de souffrir et de pleurer, car la guerre est destruction. Une guerre nous diminue toujours. Que Dieu nous fasse comprendre cela».
La prière de François: «sème en nous graine de la paix»
D'où une prière au «Père saint qui est aux cieux»: «regarde nos misères, regarde nos blessures, regarde notre douleur, regarde aussi notre égoïsme, nos vils intérêts et la capacité que nous avons de détruire. Guéris - poursuit Jorge Mario Bergoglio - guéris nos cÅ“urs, guéris nos esprits, guéris nos yeux pour qu'ils voient la beauté que tu as faite et ne la détruisent pas par égoïsme. Sème en nous la graine de la paix».
Rencontre avec la mère d'un soldat
Avant de rentrer à la Sainte Marthe, François a rencontré une femme, la mère de l'un des soldats barricadés dans l'aciérie Azovstal de Marioupol, capturé par des soldats russes et actuellement toujours prisonnier. Avec l'aide d'un prêtre interprète, la femme a raconté au Pape les 40 kilos que son fils a perdu ces derniers mois et a partagé le souhait que lui et les autres soldats qui ont combattu «pour la défense de la liberté» puissent bientôt être libérés. Elle avait apporté trois cadeaux pour le Pape: une fleur, symbole, a-t-elle expliqué, de la résistance jusqu'à la liberté; un drapeau jaune et bleu de l'Ukraine, que François a embrassé et béni; et un sac de sel, geste traditionnel en Ukraine. «C'est le sel de la terre», a-t-elle dit, et c'est un symbole de «force», force nécessaire dans cette «bataille très forte, très tragique».
Arrêtez la troisième guerre mondiale
La correspondante de la chaîne Television Service of News (TSN), Natalia Nagornaya, a ensuite pris la parole: «l'engagement de chacun pendant la guerre est de faire le bien», a-t-elle assuré. «Je comprends qu'il n'est pas facile pour vous de voyager dans ces conditions», mais si un voyage du Pape sur cette terre martyre devait un jour avoir lieu, elle s'est dite «prête à être votre guide dans toutes les villes détruites, ruinées, survivantes». «Demandons tous au Seigneur de mettre fin à cette guerre», a ajouté la journaliste, demandant au Pape son soutien pour que «les prisonniers soient libérés». L'espoir, a continué la correspondante de presse, est de «faire une vraie paix parce qu'ils sont venus pour détruire notre pays»; l'espoir est que «la guerre n'a pas pu être arrêtée, mais la troisième guerre mondiale peut être arrêtée».
Le Pape a également salué le propriétaire d'Azovstal, et reçu un cadeau symbolique de sa part: un bracelet fabriqué à partir du métal de l'aciérie. François l'a porté à son poignet, puis a demandé des prières comme toujours, assurant des siennes pour ce peuple tourmenté.
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