Les Missionnaires de la Miséricorde invités à être «sacrement de la présence de Dieu»
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Après le patriarche Noé en 2016, le prophète Isaïe en 2018, c’est Ruth la moabite que le Pape François a proposé en exemple aux Missionnaires de la Miséricorde pour cette troisième rencontre internationale.
Après s’être déjà adressé à ces prêtres - auxquels Rome a confié une mission spéciale pour administrer le sacrement de la réconciliation – lors de la messe du Dimanche de la Divine Miséricorde, le Souverain Pontife leur a donné un nouvel enseignement depuis la Salle Paul VI.
Ruth et Noémi, la force de l’amitié
Il est donc revenu sur le parcours d’une femme, Ruth, personnage principal d'un livre éponyme de l'Ancien Testament. Ruth était originaire du pays de Moab et n'appartenait pas au Peuple de l'Alliance, celui d’Abraham. Pour fuir la famine, une autre femme, Noémi, quitte Bethléem pour le pays de Moab avec son mari et ses deux fils. L’un des deux épouse Ruth. Dans son nouveau pays, Noémie vit des épreuves, notamment la mort de son mari et de ses fils. L’une de ses brus accepte de recouvrir sa liberté. Ruth en revanche refuse et décide de suivre sa belle-mère Noémi. Les deux femmes, unies par une amitié indéfectible, repartent pour Bethléem, et c’est là que Ruth épouse Booz. De cette union naîtra Obed, le père de Jessé, qui est lui-même le père du roi David. Ruth est ainsi nommée parmi les ancêtres de Jésus dans la généalogie écrite par saint Matthieu.
La miséricorde en actes
Comme l’a commenté le Pape François, Ruth «révèle les traits de la miséricorde quand elle ne laisse pas Noémi seule, mais partage avec elle son avenir; quand elle ne se contente pas de rester près d'elle, mais partage sa foi et l'expérience de faire partie d'un nouveau peuple ; quand elle est prête à surmonter tous les obstacles pour rester fidèle». Ruth est une femme de compassion et de partage.
Elle est aussi «une icône de la manière dont nous pouvons surmonter les nombreuses formes d'exclusion et de marginalisation qui se cachent dans nos comportements», a ajouté le Saint-Père, invitant à relire le livre de Ruth, d’une «richesse incroyable». On y comprend «que Dieu connaît la beauté intérieure des gens, même s'ils n'ont pas encore la foi du peuple élu». L’exemple de Ruth montre qu’être généreux «se révèle être le choix juste et courageux qui ne doit jamais manquer dans notre existence sacerdotale», a souligné le Successeur de Pierre devant les prêtres.
Sacrement de la présence de Dieu
La présence de Dieu passe à travers la femme moabite, et cela nous appelle à «saisir la présence de Dieu dans la vie des gens». «C'est à nous, à travers notre ministère, de donner la parole à Dieu et de montrer le visage de sa miséricorde», a déclaré François aux Missionnaires de la Miséricorde. «Vous êtes un sacrement de la présence de Dieu», leur a-t-il affirmé.
«Je vous prie d'éloigner de vous toute forme de jugement et de toujours mettre devant vous la volonté de comprendre la personne qui est devant vous. Ne vous arrêtez jamais à un unique détail, mais regardez la totalité de sa vie. (...) Dieu ne s'arrête pas aux apparences, et s'il ne devait juger que sur les fautes, probablement que personne ne serait sauvé !», a fait remarquer le Souverain Pontife. La miséricorde regarde vers le cÅ“ur, «là où se cache le désir, l'envie de revenir au Père et à sa maison».
Le pardon du Christ n’est pas un jeu
Le Saint-Père a donc exhorté les prêtres à avoir «toujours à portée de main la couverture de la miséricorde, (...) pour envelopper de sa chaleur tous ceux qui s'approchent de vous pour être pardonnés». «Offrez de la consolation à ceux qui sont tristes et seuls; soyez généreux comme Ruth, car c'est seulement ainsi que le Seigneur vous reconnaîtra comme ses fidèles ministres», a-t-il indiqué. Il s’agit de «pardonner toujours», car «avec le pardon du Christ, on ne joue pas, on ne plaisante pas».
François a conclu par une anecdote personnelle, en parlant de deux prêtres confesseurs qui l’ont particulièrement marqué en Argentine, l’un était père du Saint-Sacrement, l’autre, toujours en vie, est un capucin. Leur générosité et leur dévouement forment un témoignage édifiant. «Pensez à ces deux exemples et ne vous lassez pas de pardonner, parce que Lui ne se fatigue jamais de pardonner, jamais», a conclu le Souverain Pontife.
Au début de son discours, le Pape avait aussi rappelé que les Missionnaires de la Miséricorde sont mentionnés dans la nouvelle constitution apostolique (art 59, 2). «J'ai voulu vous mettre là, dans la Constitution apostolique, parce que vous êtes un instrument privilégié dans l'Église [d'] aujourd'hui, et vous n'êtes pas un mouvement qui existe aujourd'hui et qui n'existera pas demain : non, vous êtes dans la structure de l'Église», a commenté le Saint-Père, soulignant par-là l’importance de leur mission.
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