Messe du Pape à Floriana: "Soyons des témoins de la réconciliation"
Xavier Sartre – Malte
Après la prière dans la grotte de saint Paul, à l’autre bout de l’île de Malte, le Pape s'est rendu au centre, place Saint-Publius, vaste esplanade à deux pas du centre historique de La Valette. Devant près de 20 000 fidèles qui l’ont attendu pendant près de deux ans à cause de la pandémie de Covid-19, François est revenu sur l’évangile de ce dimanche précédant les Rameaux, celui de la femme adultère. L’occasion de comparer le peuple d’aujourd’hui, vivant et nombreux, «fidèle dans la recherche du Seigneur, attaché à une foi concrète, vécue», à celui venu écouter Jésus au Temple.
Le risque de mal comprendre Jésus existe toujours
Si la foule est alors nombreuse au Temple pour écouter l’enseignement de Jésus qui «touche la vie et la libère, la transforme, la renouvelle», il y a deux absents: la femme adultère, et ses accusateurs, les scribes, qui «ne se soucient pas de leurs défauts mais sont très attentifs à découvrir ceux des autres», et qui «ne combattent pas les pensées malveillantes qui s’agitent dans leur cĹ“ur». S’ils vont vers Jésus, c’est pour le mettre à l’épreuve et pensent le faire grâce à la femme.
Ces «experts de Dieu» comme ils sont considérés, ne reconnaissent cependant pas Jésus qu’il considère comme un ennemi à éliminer. Ils tentent de faire condamner la pécheresse pour contrer la compassion de Jésus. Pour le Pape, c’est la preuve que «le ver de l’hypocrisie et l’envie de montrer du doigt peuvent s’insinuer dans notre religiosité même», car «le risque de mal comprendre Jésus existe toujours; d’en avoir le nom sur les lèvres mais de le démentir dans les faits».
Le regard porté sur le prochain comme critère
D’où cette interrogation du Saint-Père aux fidèles: «Comment pouvons-nous alors vérifier si nous sommes des disciples à l’école du Maître?». La réponse est simple: «Par notre regard, de la façon dont nous regardons le prochain et de la façon dont nous nous regardons nous-mêmes». Dans le premier cas, «celui qui croit défendre la foi en pointant du doigt les autres aura peut-être une vision religieuse, mais il n’épousera pas l’esprit de l’Évangile, parce qu’il oublie la miséricorde, qui est le cĹ“ur de Dieu».
Dans le second cas, ne nous regardant nous-mêmes, l’exemple des scribes est éloquent. En apparence parfaits, «il leur manque la vérité du cĹ“ur», explique François. Leur foi est de façade et il leur manque la pauvreté intérieure. Or, «pour Jésus, ce qui compte, c’est l’ouverture disponible de celui qui ne se sent pas arrivé, mais qui a besoin de salut». «Le Maître ne se contente pas de l’apparence mais cherche la vérité du cĹ“ur. Et quand nous lui ouvrons notre cĹ“ur en vérité, il peut accomplir des prodiges en nous».
Dieu pardonne toujours
C’est le cas de la femme adultère. Son histoire nous apprend que «toute observation, si elle n’est pas faite par charité et n’a pas de charité, fait tomber davantage encore celui qui la reçoit. Dieu, au contraire, laisse toujours une possibilité ouverte et sait trouver à chaque fois des voies de libération et de salut».
Et «la vie de cette femme change grâce au pardon», précise François. Nous aussi nous sommes appelés à devenir «des témoins inlassables de réconciliation; témoins d’un Dieu pour qui le mot irrécupérable n’existe pas; d’un Dieu qui pardonne toujours, qui continue à croire en nous et donne à chaque fois une chance pour recommencer». Comme avec la femme adultère. Le Seigneur est venu «non pas pour les personnes en bonne santé, mais pour les malades».
Nous sommes invités, explique le Pape, à nous remettre à l’école du Dieu de l’espérance. Si nous imitons cette femme, «nous ne serons pas amenés à nous concentrer sur la dénonciation des péchés, mais à nous mettre avec amour à la recherche des pécheurs». «Nous ne rejetterons pas les méprisés, mais nous regarderons en premier ceux qui sont considérés comme derniers».
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