François: une prophétie de la non-violence est nécessaire
Salvatore Cernuzio - Cité du Vatican
La session s’est ouverte dans un contexte particulier, avec une prière à Marie, Reine de la Paix, pour qu'elle protège l'Ukraine, les familles, les jeunes et les premières victimes des attaques. François a ensuite commencé à s’entretenir avec des étudiants d’universités du continent américain, à l'occasion de la réunion "Building Bridges North South" [bâtir des ponts Nord-Sud], organisée par le département de théologie de l'université Loyola, une université jésuite de Chicago, en collaboration avec la Commission pontificale pour l'Amérique latine.
S’engager pour la paix
Lorena, Leo, Paco, Alejandro, Priscilla, Jefferson et d'autres jeunes… Ils sont Brésiliens, Canadiens, Américains, Argentins, certains sont des migrants, et chacun a raconté au Pape son histoire, évoqué les problèmes urgents de son pays, ou parlé de ses propres projets.
«Construire des ponts fait partie intégrante de l'identité chrétienne. Le Christ vient construire des ponts entre le Père et nous. Un chrétien qui ne sait pas comment construire des ponts a oublié son baptême», a ensuite répondu le Successeur de Pierre, qui a pris des notes tout au long de cette rencontre.
À une jeune Brésilienne qui dénonçait «la violence dure et sauvage» expérimentée dans son pays, le Pape a parlé de la «non-violence active» : «C'est le plus grand défi que l’on attend de vous, la dénonciation de la violence», a-t-il déclaré. «La violence détruit, la violence ne construit pas, et nous le voyons dans les dictatures militaires et non militaires à travers l'histoire. Nous avons besoin de la prophétie de la non-violence, il est beaucoup plus facile de donner une gifle quand on en reçoit une, au lieu de tendre l'autre joue», a poursuivi François, en rappelant l'exemple de Gandhi. «La bonté est l'une des plus belles choses humaines, elle vient de la tendresse», a-t-il ajouté, avant de mettre en garde contre le «jeu de l'hypocrisie» qui «empoisonne la vie. La sincérité coûte et vous fait avancer dans votre conversion à l'harmonie avec le monde», a souligné le Pape.
Face au drame de la migration
L'évêque de Rome a également abordé le changement climatique, invitant les étudiants à prendre soin de la maison commune et citant un dicton espagnol: «Le Seigneur pardonne toujours, nous pardonnons parfois, la nature ne pardonne jamais».
Puis il fut question de migrations. Une jeune fille sud-américaine ayant émigré avec sa famille a dénoncé le traitement qu'elle avait reçu: «Nous ne sommes pas des violeurs, des meurtriers, des drogués... Nous sommes des rêveurs travailleurs qui offrons à ce pays le meilleur de nous-mêmes». Le Souverain Pontife a alors parlé de «l'un des drames les plus graves» de notre siècle. «Nous voyons des gens quitter leur terre à cause de problèmes politiques, de guerres, de problèmes économiques, de problèmes culturels. Le principe est très clair : le migrant doit être accueilli, accompagné, promu et intégré», a-t-il préconisé.
Les pays doivent dire «honnêtement» combien de personnes ils peuvent accueillir, afin d’enclencher un élan de «fraternité» nécessaire à ce monde divisé. Le Souverain Pontife, rappelant qu’il était lui-même descendant de migrants, a conseillé aux jeunes étudiants d’envisager le défi migratoire à travers les trois langages de «la tête, du cÅ“ur et des mains», pour éviter de devenir «froid, sans cÅ“ur».
Les références au dialogue entre les générations n’ont pas manqué lors de cet échange. «L'une des choses suicidaires pour une société, c'est quand elle renie ses racines», a mis en garde François. «Chacun doit prendre soin de ses racines, c'est pourquoi j'insiste sur le dialogue entre les personnes âgées et les jeunes. Les personnes âgées sont les racines, tous les fruits viennent des racines», a-t-il répété. Les migrants doivent s'intégrer dans les pays d'accueil, mais ils ne doivent pas oublier leurs racines, sinon «ils vivront avec la culpabilité de cela».
Une Église ouverte
Enfin, en réfléchissant sur le thème de la synodalité, le Pape a rappelé l’importance d’être une Église «en route», «en sortie», capable de se remettre en question, et non une «Église musée statique», où tout semble ordonné mais où tout ne fonctionne pas. À cet égard, le Saint-Père a raconté une anecdote personnelle: il y a des années, dans un quartier populaire de Buenos Aires, il a vu un prêtre transformer la paroisse à Noël et à Pâques en une salle à manger ouverte aux migrants et à ceux qui n'avaient personne avec qui passer les fêtes: «Cela m'a scandalisé. Mais ce fut pour moi comme une gifle, qui a changé mon cÅ“ur».
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