Le Pape appelle à regarder les souffrances des Birmans martyrisés
Le Pape n’oublie pas la Birmanie, pays dans lequel il s’est rendu en 2017. Au lendemain du premier anniversaire du putsch militaire qui a confisqué le pouvoir à la Ligue nationale pour la démocratie conduite par la prix Nobel pour la paix, Aung San Suu Kyi aujourd’hui placée en détention, le Souverain Pontife regrette de devoir «observer, avec douleur, les violences qui ensanglantent la Birmanie».
Ancienne capitale, cÅ“ur économique du pays et épicentre de la contestation à la suite du coup d’État, Rangoun a retrouvé un semblant de normalité, mais d’autres zones du pays sont le théâtre d’affrontements sanglants, notamment dans l’État Kayah à 50% catholique et l’État Chin, le plus pauvre du pays. La répression des militaires contre les manifestations pacifiques ont poussé des jeunes à opter pour la rébellion armée et des groupes ethniques à reprendre les armes qu’ils avaient parfois accepté de déposer après des années de guérilla. Les morts se compteraient par centaines. Les combats auraient fait plus de 300 000 déplacés.
Ce mercredi, le Pape se fait «l'écho de l'appel des évêques birmans afin que la communauté internationale Å“uvre à la réconciliation entre les parties concernées». Lui qui à plusieurs reprises et dans différents contextes dénonce l’indifférence de la communauté internationale, en appelle de nouveau à leur courage et à leur sens des responsabilités : «nous ne pouvons pas détourner le regard de la souffrance de tant de frères et sÅ“urs».
Le sort des populations est au cÅ“ur du Pape qui demande à Dieu «dans la prière», la consolation pour cette population qu’il juge «martyrisée». C'est à Dieu que le Pape et l’Église confient les efforts engagés pour obtenir la paix.
La constance du Pape, attentif aux souffrances des Birmans
Le premier appel du Pape pour la Birmanie a été lancé le 7 février 2021. Lors de la prière de l'angélus, il avait évoqué avec émotion sa visite de 2017, assurant le peuple de sa proximité spirituelle, de ses prières et de sa solidarité.
«Et je prie pour que ceux qui ont des [postes de] responsabilité dans le pays se mettent avec une volonté sincère au service du bien commun, en promouvant la justice sociale et la stabilité nationale, pour une coexistence harmonieuse et démocratique», a déclaré le Pape, invitant les fidèles à un moment de prière silencieuse.
À une autre occasion, François a été profondément ému par le témoignage d'une religieuse xavérienne de 45 ans, sÅ“ur Ann Roda Nu Tawng, qui, le 28 février, a osé s'approcher d'un bataillon de forces de sécurité armées à Myitkyina, la capitale de l'État Kachin. Tombant à genoux, elle les a suppliés, les mains croisées, de ne pas faire de mal aux manifestants pacifiques qui s'abritaient dans la clinique où elle officiait.
«Moi aussi, je m'agenouille dans les rues de Birmanie et je dis: arrêtez la violence!», a déclaré le Pape François, dans une référence évidente à la religieuse. «Moi aussi, je tends les bras et je dis: laissez le dialogue prévaloir», a ajouté le Saint-Père, déplorant les nombreuses vies perdues, notamment celles des jeunes.
Dans son dernier message Urbi et Orbi, le Pape a prié pour ce pays, où «l'intolérance et la violence ne sont pas rares à l'encontre de la communauté chrétienne et de ses lieux de culte, assombrissant le visage pacifique de ce peuple».
Et plus récemment, s'adressant au corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, le 10 janvier dernier, le Souverain Pontife a estimé que «le dialogue et la fraternité sont des plus urgents pour affronter avec sagesse et efficacité la crise qui, depuis près d'un an, touche la Birmanie». «Ses rues, autrefois lieux de rencontre, sont désormais le théâtre de combats qui n'épargnent même pas les maisons de prière», a déploré le Saint-Père.
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