Բéܲ: n’avoir d’yeux que pour Dieu, voilà la vraie ܳé
Xavier Sartre – Cité du Vatican
Le récit de l’Annonciation est d’abord celui de l’humilité. Dans son commentaire de l’Évangile de Luc (Lc 1, 26-38), le Pape François, depuis la fenêtre du palais apostolique, place Saint-Pierre, replonge les fidèles dans «cette intimité domestique» de la maison de Marie où elle reçut la visite de l’ange. Saluée comme «pleine de grâce», Marie est donc «vide de mal», «sans péché, immaculée» explique le Saint-Père. Ce qui ne la pousse pas à se vanter remarque-t-il. Au contraire, à cette annonce, elle est «toute bouleversée», «elle éprouve de l’étonnement» parce qu’elle se sent «petite à l’intérieur» et c’est «cette petitesse, cette humilité» qui attire le regard de Dieu explique le Pape.
Libre de soi-même
Voilà «un aspect merveilleux du cœur de Marie» : «ayant reçu le plus grand des compliments, elle est troublée parce qu’elle sent que ce qu’elle ne s’attribuait pas lui est adressé», souligne François. Pas de revendication, pas d’exaltation, pas de félicitation. «Dans son humilité, elle sait qu’elle reçoit tout de Dieu, explique le Saint-Père. Elle est donc libre d’elle-même, totalement tournée vers Dieu et vers les autres. Marie Immaculée n’a pas d’yeux pour elle. Voilà la véritable humilité : ne pas avoir d’yeux pour soi mais pour Dieu et pour les autres» poursuit-il.
L’humilité, on la voit également dans le lieu choisi par l’ange pour faire son annonce : entre les murs de la maison de Marie, «dans la discrétion», et non sur la place principale de Nazareth. Et c’est là que «battait le plus grand cœur qu’une créature ait jamais eu». Et «c’est une nouvelle extraordinaire pour nous» s’exclame le Pape, «parce qu’elle nous dit que le Seigneur, pour faire des merveilles, n’a pas besoin de grands moyens ou de nos hautes capacités mais de notre humilité, de notre ouverture à Lui et aux autres». «Dieu a changé l’histoire», affirme François, entre les pauvres murs d’une petite maison. Et ce qu’Il fit avec Marie, Il le fait avec nous «dans notre vie quotidienne : en famille, au travail, dans nos environnements de tous les jours», «plus que dans les grands événements de l’histoire».
Ne pas perdre courage
François interpelle alors les fidèles : «est-ce que nous y croyons ? Ou pensons-nous que la sainteté est une utopie, quelque chose pour les initiés, une illusion pieuse incompatible avec la vie ordinaire ?». Il demande ensuite à la Vierge de nous libérer de «l’idée trompeuse selon laquelle l'Évangile est une chose et la vie en est une autre» ; de nous éclairer avec enthousiasme «pour l’idéal de la sainteté» qui consiste à «vivre chaque jour ce qui nous arrive avec humilité et joie, libres de nous-mêmes, les yeux tournés vers Dieu et vers le prochain que nous rencontrons». «Ne perdons pas le courage» exhorte François, «le Seigneur nous a donné à tous un bon tissu pour tisser la sainteté dans notre vie quotidienne ! Et lorsque nous sommes assaillis par le doute de ne pas réussir, la tristesse d'être insuffisants, laissons-nous regarder par les "yeux miséricordieux" de la Vierge, car personne qui a demandé son aide n'a jamais été abandonné !».
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