Le Pape invite juifs et ³¦³ó°ùé³Ù¾±±ð²Ô²õ à être «des racines de paix et des germes d’unité»
Après une rencontre avec le président de la république de Hongrie János Áder, ainsi que le Premier ministre Viktor Orban, puis avec les évêques du pays au Musée des Beaux-Arts, le Pape s’est adressé aux représentants du Conseil Å“cuménique des Églises et à des communautés hébraïques de Hongrie qu’il a dit voir «comme des frères dans la foi d’Abraham notre père». Depuis ce lieu inauguré en 1906, qui accueille la plus grande collection d’art pays, le Saint-Père a salué le parcours de communion accompli invitant à «prier ensemble, les uns pour les autres»
Abattre les murs de la haine
Le Pape François a rappelé l’importance d’ouvrir de «nouvelles voies», appelant à «abattre les murs de séparation du passé». Il s’agit de «voir dans l’autre non plus un étranger, mais un ami; non plus un adversaire, mais un frère. C’est le changement de regard béni par Dieu, la conversion qui ouvre de nouveaux départs, la purification qui renouvelle la vie», a affirmé le Saint-Père soulignant, tout en présentant ses vÅ“ux, que les fêtes solennelles de Rosh Hashanah et du Yom Kippour, en cette période, «sont des occasions de grâce pour renouveler l’adhésion à ces invitations spirituelles».
De même que Dieu a transformé le désert en une voie vers la Terre Promise, «Il désire nous conduire des déserts arides de la haine et de l’indifférence vers la patrie tant désirée de la communion». Dans l’Écriture, a rappelé le Saint-Père, ceux qui sont appelés à «suivre de manière spéciale le Seigneur» doivent toujours «sortir, marcher, rejoindre des terres inexplorées et des espaces inédits. Pensons à Abraham qui a laissé maison, parenté et patrie. Celui qui suit Dieu est appelé à quitter. Il nous est demandé de laisser les incompréhensions du passé, les prétentions d’avoir raison et de donner tort aux autres, pour nous mettre en chemin vers sa promesse de paix, car Dieu a toujours des projets de paix, jamais de malheur. (cf. Jr 29, 11).
Lutter contre l’antisémitisme par la fraternité
Le Pape a utilisé une image évocatrice celle du Pont des Chaînes, le plus célèbre et le plus ancien de la ville, pour illustrer le sens des liens qui doivent unir les communautés religieuses. Ce pont ne fusionne pas les deux parties de la ville mais «les maintient unies», a-t-il observé. «C’est ainsi que doivent être les liens entre nous. Chaque fois qu’il y a eu la tentation d’absorber l’autre, on n’a pas construit mais on a détruit. De même lorsqu’on a voulu le mettre dans un ghetto, au lieu de l’intégrer. Que de fois c’est arrivé dans l’histoire ! Nous devons veiller et prier pour que ça ne se reproduise plus».
Il est ainsi important de s’engager afin de «promouvoir ensemble une éducation à la fraternité, afin que les relents de haine qui veulent la détruire ne prévalent pas» a relevé le Pape évoquant «la menace de l’antisémitisme qui circule encore en Europe et ailleurs». C’est une mèche qui doit être éteinte, a-t-il déclaré, et «le meilleur moyen de la désamorcer c’est de travailler ensemble de manière positive, c’est de promouvoir la fraternité».
Être des messagers d’ouverture et de paix
Le Pont offre une autre image, celle de chaînes, formées par des anneaux qui le soutiennent. «Nous sommes ces anneaux et chaque anneau est fondamental: c’est pourquoi nous ne pouvons plus vivre dans la suspicion et dans l’ignorance, distants et discordants». «Le Dieu de l’alliance nous demande de ne pas céder aux logiques d’isolement et d’intérêts partisans», a souligné le Pape François. Dans un monde déchiré par de nombreux conflits, juifs et chrétiens sont appelés à être des ponts de communion avec tous et à favoriser le respect de la liberté religieuse. «Vous avez un rôle exemplaire envers chacun: que personne ne puisse dire que des paroles qui divisent sortent de la bouche d’hommes de Dieu, mais seulement des messages d’ouverture et de paix».
Devenir des racines pour faire fleurir l’espérance
Le Pape a ensuite proposé de faire mémoire du passé, évoquant les «souffrances et obscurités, incompréhensions et persécutions» mais, a-t-il précisé, «en allant aux racines, nous découvrirons un plus grand patrimoine spirituel commun. C’est là le trésor qui nous permet de construire ensemble un avenir différent». Et le Saint-Père a cité «un grand poète de ce pays», Miklós Radnóti, interdit d’enseigner et enlevé à sa famille «seulement parce qu’il était d’origine juive».
Depuis un camp de concentration, il a continué à écrire des poésies jusqu’à sa mort, illuminant l’obscurité de la haine avec la lumière de la foi. «Moi-même je suis racine à présent… J’étais une fleur, je suis devenu racine» (Carnet de Bor, Racine), a écrit Miklós Radnóti juste avant de mourir. À son image, nous sommes appelés à «être enracinés dans l’écoute du Très Haut et des autres», a insisté le Pape. «C’est seulement lorsque nous serons des racines de paix et des germes d’unité que nous serons crédibles aux yeux du monde qui nous regarde, avec la nostalgie que fleurisse l’espérance», a conclu le Pape François.
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