Le Pape appelle au jeûne et à la prière pour l'Afghanistan
Pope
«Je suis la situation en Afghanistan avec une grande inquiétude, et je partage la souffrance de ceux qui pleurent les personnes qui ont perdu la vie dans les attentats suicides de jeudi dernier, et de ceux qui cherchent aide et protection», a assuré le Pape François avec gravité.
«Je recommande les défunts à la miséricorde de Dieu tout-puissant, et je remercie ceux qui s'efforcent d'aider cette population durement éprouvée, en particulier les femmes et les enfants, a insisté le Pape. Je demande à tous de continuer à aider ceux qui sont dans le besoin, et de prier pour que le dialogue et la solidarité conduisent à l'instauration d'une coexistence pacifique et fraternelle, et soient porteurs d'espoir pour l'avenir du pays.»
Bien que l’Afghanistan soit l’un des rares pays au monde à n’avoir aucune présence chrétienne stable (à l’exception des expatriés), le Pape a une nouvelle fois demandé aux catholiques de faire preuve de proximité spirituelle avec la population afghane. «Dans des moments historiques comme celui-ci, nous ne pouvons pas rester indifférents : l'histoire de l'Église nous l'enseigne. En tant que chrétiens, cette situation nous engage. C'est pourquoi je lance un appel à tous pour intensifier la prière et pratiquer le jeûne : prière et jeûne, prière et pénitence. C'est le moment de le faire. Je suis sérieux : intensifiez la prière et pratiquez le jeûne, en demandant au Seigneur la miséricorde et le pardon.»
Un pays au bord du gouffre
Cet appel du Pape intervient dans un climat extrêmement tendu dans le pays. Les évacuations d'étrangers et Afghans fuyant le nouveau régime des talibans sont entrées dimanche dans leur dernière ligne droite à l'aéroport de Kaboul, à deux jours du retrait américain prévu et dans la crainte d'un nouvel attentat sanglant.
L’attaque suicide de jeudi 26 août, revendiqué par l'organisation de l'État islamique au Khorasan (EI-K) a fait au moins 90 morts et 150 blessés, selon les données des hôpitaux de la capitale afgnane, mais certains médias locaux ont fait état d'un bilan de 170 morts. Treize soldats américains et deux Britanniques ont également péri. Le président américain Joe Biden a prévenu qu'une nouvelle attaque imminente y était «très probable».
Cette menace terroriste a suscité une coopération qui peut sembler paradoxale entre talibans et Américains, au nom de la lutte contre leur ennemi commun, l’État islamique. Mais la situation menace toujours de déraper entre les troupes étrangères, qui ont encore jusqu’à mardi soir pour partir, et le nouveau régime fondamentaliste. À Kaboul, ces dernières heures, les talibans consolidaient leur emprise, notamment autour de l'aéroport, dernière enclave occupée par les Occidentaux. Des combattants talibans lourdement armés ont circulé samedi sur les terrains et dans les bâtiments annexes de l'aéroport, selon des journalistes de l'agence de presse française AFP, alors que des soldats américains les observaient depuis le toit du terminal passagers.
L’interruption progressive des évacuations
Depuis le soudain retour au pouvoir des talibans à la mi-août, après la débâcle de l'armée afghane longtemps soutenue par les Américains et leurs alliés avant que ceux-ci n'amorcent leur retrait, plus de 112.000 personnes ont quitté le pays à bord de la noria d'avions affrétés notamment par les Occidentaux qui se succèdent sur le tarmac.
Le rythme des évacuations a baissé ces derniers jours, à mesure que de nombreux pays européens, dont le Royaume-Uni et la France, annonçaient avoir achevé les leurs, à deux jours de la date butoir du 31 août prévue pour le retrait américain qui signera la fin de 20 ans d'une guerre infructueuse contre les talibans.
Ce court délai fait craindre qu'une partie des Afghans qui se disent menacés par les talibans, notamment ceux qui ont travaillé avec des forces ou civils étrangers au cours des deux dernières décennies, ne seront pas évacués. Le Royaume-Uni, l’Italie, l’Allemagne, la France, la Suisse, l’Espagne, la Suède, les Pays-Bas, le Canada et l’Australie ont aussi indiqué avoir achevé leurs vols d'évacuation.
Dans le reste du pays, la dernière poche de résistance menée par le fils du commandant Massoud, dans la vallée du Panshir, est sous la menace d’une offensive talibane. Sur le front diplomatique, à l'ONU, une réunion des membres permanents du Conseil de sécurité sur la situation en Afghanistan est convoquée lundi.
(Avec AFP)
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