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La justice sociale ne doit pas être «une simple théorie» explique le Pape

Dans un message vidéo diffusé ce lundi 30 novembre, le Pape François s’adresse aux juges membres des Comités pour les droits sociaux en Afrique et en Amérique, réunis pour rencontre virtuelle. Il leur précise quels sont les cinq piliers d’un engagement en faveur de la justice sociale.

Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

“La construction de la justice sociale. Vers la pleine application des droits fondamentaux des personnes en situation de vulnérabilité” est le thème de cette première rencontre virtuelle de juges des continents africain et américain.

La justice, fruit d’une histoire et d’une proximité avec tous

Le Saint-Père insiste sur cinq éléments nécessaires dans la recherche de la justice sociale pour le monde actuel. Le premier est le réalisme, «nous ne pouvons pas penser en étant déconnectés de la réalité», souligne François en appelant à ne pas fermer les yeux sur les injustices croissantes dans le monde.

Le deuxième est d’œuvrer tous les jours en faveur de la justice, tous ensemble, car «comme le bien et l’amour, le juste aussi est un devoir que l’on doit chaque jour conquérir», en se gardant de toute utopie.  

Le troisième est de rester toujours sensible à la souffrance de l’autre et de chercher à la soulager, tel un bon samaritain, évitant ainsi de glisser dangereusement vers la «culture de l’indifférence».

Le quatrième pilier décrit par François est celui d’une perspective historique. Il faut selon le Saint-Père «ajouter à l’approche la perspective du passé», se souvenir des luttes, des triomphes et des défaites, au cours desquelles le sang de milliers d’êtres humains a été versé au nom de la justice.

«Il est très difficile de pouvoir construire la justice sociale sans nous baser sur le peuple», fait remarquer à ce sujet le Souverain Pontife en nommant le cinquième pilier. Il s’agit d’introduire un «désir gratuit, pur et simple de vouloir former un peuple, sans prétendre être une élite illuminée». «À partir de l’Évangile, ce que Dieu demande à nous, croyants, est d’être peuple de Dieu, non pas élite de Dieu», ajoute François avant d’avertir contre des «cléricalismes élitistes notoires qui travaillent pour le peuple, mais ne font rien avec le peuple, ne se sentent pas peuple».

La propriété privée n’est pas un absolu

Le Pape invite ensuite les juges à se montrer «solidaires et justes» en «luttant contre les causes structurelles de la pauvreté», et en faveur d’un toit, d’une terre, et d’un travail («les trois “T” qui nous rendent dignes»).

François exige enfin la restitution des biens spoliés, notamment aux pauvres.

«Construisons la nouvelle justice sociale en admettant que la tradition chrétienne n'a jamais reconnu comme absolu et intouchable le droit à la propriété privée et a toujours souligné la fonction sociale de toute forme qu'il prend», ajoute-t-il. «Le droit de propriété est un droit naturel secondaire dérivant du droit que tous ont, né de la destination universelle des droits créés. Il n'y a pas de justice sociale qui puisse se fonder sur l'iniquité, qui présuppose la concentration de la richesse», insiste le Saint-Père.

En somme, la justice sociale ne doit pas être «une simple théorie, mais plutôt une nouvelle et urgente pratique judiciaire», contribuant à l’unité et à la paix, explique-t-il en conclusion de son message.

 

 

 

 

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30 novembre 2020, 20:30