Plus de femmes en responsabilité dans l’Église, en reflet de la réalité des fidèles?
Delphine Allaire - Cité du Vatican
Cette plus grande participation des femmes à des postes décisionnaires de l’Église s'enracine, «non pas dans des revendications liées à l’époque, mais dans le sacrement même du baptême, car c'est là, s'inscrit le protagonisme des laïcs, et donc des femmes». Cette précision du Pape François dans son intention de prière d'octobre vient ancrer le souhait d’octroyer aux femmes plus de responsabilités hors de toute opération sociologique, loin d’une idée de discrimination positive ou de quelconques quotas.
Beaucoup d’engagées, peu en responsabilité
«Ce serait la pire des choses», commente Marie-Anne Vitry, conseillère épiscopale du diocèse d’Angoulême pendant trois ans. Cette professeur de philosophie qui vient d’achever sa mission à l’été 2020 est reconnaissante envers son évêque de lui avoir attribué cette fonction, «bénévole», précise-t-elle, n’engageant donc pas une responsabilité professionnelle. Et c’est bien là le problème, «catéchèse, services de solidarité, de charités, l’on ne compte pas les bras des femmes qui aident dans l’Eglise. Toujours, souvent, sous forme bénévole», constate-t-elle, déplorant un manque de présence au niveau des processus de décision et de l’association à la responsabilité.
Le Souverain pontife dénonce lui-même une «mise à l’écart des femmes, dès lors qu’il s’agit de pose des actes de décision importants».
Le frein du cléricalisme
L’Eglise est composée à 50% de femmes, il faut prendre acte de cette réalité, sans en faire une question de valeur ajoutée, remarque Marie-Anne Vitry. La théologienne et bibliste Anne-Marie Pelletier, spécialiste de la question des femmes dans l’Eglise, abonde en ce sens: «La première chose à faire n’est pas de faire de la place aux femmes, mais de leur reconnaître la leur».
Pour aboutir à cela, celle qui avait rédigé les méditations du Chemin de Croix du Colisée en 2017 recommande «la décléricalisation des hommes», ce qui rejoint une réflexion maintes fois émise par le Saint-Père qui considère le cléricalisme comme «une véritable perversion».
«La volonté du Pape est évidente»
En la matière, le Pape François agit. En quelques années, les progrès sont non négligeables au Vatican. Huit femmes laïques occupent actuellement de très hauts postes, c’est-à-dire qu’elles sont directement nommées par le Pape; il s’agit de «nominations pontificales», qui concernent par exemple la directrice des Musées, celle de l’hôpital pédiatrique rattaché au Saint-Siège, le Bambino Gesù, des fonctions de sous-secrétaires de dicastère ou de chefs de bureau. Il y a dix ans, elles n’étaient que trois. Cristiane Murray, vice-directrice de la Salle de presse du Saint-Siège, confirme cette «réelle prise de conscience», et insiste sur la poursuite de cette dynamique, qui «ne fait pas nécessairement la Une des titres de presse».
La réflexion du Pape François sur cette présence féminine «plus capillaire et incisive» part bien sûr d’un regard théologique. Le 28 juillet 2013, en répondant aux journalistes sur le vol papal de retour des JMJ de Rio, l’évêque de Rome affirmait déjà qu’«une Église sans les femmes est comme le Collège des apôtres sans Marie».
Tandis qu’à l’automne de la même année, recevant les membres du Conseil pontifical pour les Laïcs, lors du 25e anniversaire de la Lettre apostolique de Jean-Paul II , François soutenait qu’«il est important de se demander quelle est la présence de la femme dans l’Église». La réflexion est lancée.
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