Avec les Papes et les saints, vivre le mois de juin auprès du Cœur de Jésus
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Dans le message qu'il a prononcé le 7 juin 2020 suite à la prière de l'Angélus, le Saint-Père a évoqué le «CĹ“ur humain et divin de Jésus», qui est «la source où nous pouvons toujours puiser la miséricorde, le pardon et la tendresse de Dieu». «Nous pouvons le faire en nous attardant sur un passage de l'Évangile, en sentant qu'au centre de chaque geste, de chaque parole de Jésus, il y a l'amour, l'amour du Père, a expliqué le Pape François. Et nous pouvons le faire en adorant l'Eucharistie, où cet amour est présent dans le Sacrement. Alors notre cĹ“ur aussi, petit à petit, deviendra plus patient, plus généreux, plus miséricordieux». «Jésus, rends mon cĹ“ur semble au tien», a ensuite répété plusieurs fois le Pape avec les fidèles, expliquant qu'il tenait cette petite prière de sa grand-mère.
Voyons à présent quelques exemples de passages évangéliques où se dévoile le CĹ“ur du Christ...
Contempler le CĹ“ur de Jésus dans les Écritures
«Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cĹ“ur, et vous trouverez le repos pour votre âme» (Mt 11, 29); «Quand ils arrivèrent à Jésus, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau» (Jn 19, 33-34). Des chemins de Galilée jusqu’au pied de la Croix, l’Évangile nous parle à plusieurs reprises du cĹ“ur de Jésus, «révélation de l’amour de Dieu pour l’humanité» (Mgr Léonard, homélie du 13 juin 2011 en la basilique du Sacré-CĹ“ur de Montmartre). Inséparable des mystères de l’Incarnation, de la Passion et de la Résurrection, le Sacré-CĹ“ur est présenté comme une source inépuisable d’Amour et de Miséricorde, qui vient sauver les hommes du pouvoir de la mort et du péché pour leur ouvrir les portes de la vie éternelle. Cette victoire du Ressuscité au côté ouvert doit susciter chez le croyant un acte de foi, comme l’a fait saint Thomas à la demande de Jésus: «â€śAvance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté: cesse d’être incrédule, sois croyant.” Thomas lui dit alors: “Mon Seigneur et mon Dieu !” Jésus lui dit : “Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu.”» (Jn 20, 28-29).
Le Sacré-CĹ“ur et les saints, un amour fécond
Tout au long des siècles, des saints et des saintes ont approfondi la spiritualité du Sacré-CĹ“ur, poussés par l’Esprit-Saint: Sainte Gertrude, Saint Jean-Eudes, Sainte Marguerite-Marie, Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, le Bienheureux Charles de Foucauld… Tous nous montrent que le CĹ“ur de Jésus est en quelque sorte l’autre nom de la Charité, cette vertu théologale dont saint Paul a chanté la grandeur et les profondeurs insondables dans le Christ, et dont tous les chrétiens sont appelés à vivre. «Je tâche de montrer … que notre religion est toute charité, toute fraternité, que son emblème est un CĹ“ur… » (Lettre du Bienheureux Charles de Foucauld à l’Abbé Huvelin 15 juillet 1904). « Le Sacré-CĹ“ur… étendant ses bras pour embrasser, serrer, appeler tous les hommes et se donner pour tous, en leur offrant son cĹ“ur… » (Bienheureux Charles de Foucauld, description de la peinture du Sacré-CĹ“ur de son ermitage de Béni-Abbès).
Depuis le Carmel, Thérèse vit l'offrande cachée de sa vie en puisant à la source intarissable de l'Amour du Seigneur: «Vivre d’Amour, c’est donner sans mesure / Sans réclamer de salaire ici-bas / Ah! sans compter je donne, étant bien sûre / Que lorsqu’on aime, on ne calcule pas ! …. / Au CĹ“ur Divin, débordant de tendresse / J’ai tout donné…légèrement je cours / Je n’ai plus rien que ma seule richesse / Vivre d’Amour» (Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, poésie Vivre d’Amour).
Aux origines de la fête du Sacré-CĹ“ur
Mais c’est sans doute Sainte Marguerite-Marie Alacoque qui a donné une impulsion particulière au culte du Sacré-CĹ“ur. Entre 1673 et 1675, à Paray-le-Monial, petit village de Bourgogne, Jésus apparait à cette religieuse de l’ordre de la Visitation, et lui dit notamment: « Voilà ce CĹ“ur qui a tant aimé les hommes qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance je ne reçois de la plupart que des ingratitudes» (apparition de juin 1675). Ce message est reconnu par le pape Clément XIII en 1765, qui institue officiellement la fête du Sacré-CĹ“ur, célébrée trois semaines après la Pentecôte, et demandée par le Seigneur lui-même à la sainte visitandine. Cette fête est étendue à toute l’Église catholique le 23 août 1856 par le Pape Pie IX, puis placée au rang de solennité dans le calendrier liturgique issu du Concile Vatican II.
Avec Pie XII, une théologie du Sacré-CĹ“ur
Ainsi, outre la ronde des saints, c’est dans la lignée des successeurs de Pierre que s’inscrit aussi le développement de la spiritualité du CĹ“ur du Christ.
Le 11 juin 1899, le Pape Léon XIII consacre le genre humain au Sacré-CĹ“ur de Jésus. Le 19e siècle touche alors à son terme, pendant lequel le Sacré-CĹ“ur fait l’objet d’une grande dévotion populaire. Les chrétiens soucieux de justice sociale y trouvent même le principe de leur action.
En 1956, la théologie du Sacré-CĹ“ur devient le sujet d’une encyclique du pape Pie XII: («Avec joie, vous puiserez les eaux aux sources du Sauveur» – cf. Is 12). «Le CĹ“ur du Christ étant doublement habité d'amour divin et humain, et rempli des trésors de toutes les grâces, conquis par notre Rédempteur avec les mérites de sa vie, de ses souffrances et de sa mort, il est sans nul doute la source de cette charité perpétuelle que son Esprit répand dans tous les membres de son Corps Mystique», réaffirme le Souverain Pontife, insistant particulièrement sur l’humanité de Jésus et encourageant une dévotion grâce à laquelle «une moisson de fruits spirituels très abondants et joyeux (…) ont été produits pour l'Église».
Une journée de prière pour la sanctification des prêtres
Quelques décennies plus tard, en 1995, saint Jean-Paul II fait de la Solennité du Sacré-CĹ“ur une journée mondiale de prière pour la sanctification des prêtres. Tout au long de son pontificat, le Souverain Pontife polonais témoigne d’une dévotion toute particulière au CĹ“ur de Jésus. Le 5 octobre 1986, son voyage apostolique en France le mène au sanctuaire de Paray-le-Monial, où il célèbre la . Le 6 juin 1999, depuis la ville d’Elblag en Pologne, il prononce un : «Approchons-nous chaque jour de cette source d'où jaillissent les sources d'eau vive. Avec la Samaritaine, demandons: “Donne-nous cette eau”, car elle donne la vie éternelle.
CĹ“ur de Jésus, foyer ardent de charité,
CĹ“ur de Jésus, source de vie et de sainteté,
CĹ“ur de Jésus, propitiation pour nos péchés
- aie pitié de nous. Amen».
Son successeur Benoît XVI célèbre en 2006 le cinquantième anniversaire de l’encyclique Haurietis aquas in gaudio, et ouvre le 19 juin 2009, lors des premières vêpres de la solennité du Sacré-CĹ“ur, une année sacerdotale, correspondant également aux 150 ans de la mort de saint Jean-Marie Vianney. «Dans le cĹ“ur de Jésus est exprimé le noyau essentiel du christianisme; dans le Christ nous a été révélée et donnée toute la nouveauté révolutionnaire de l'Évangile: l'Amour qui nous sauve et nous fait vivre déjà dans l'éternité de Dieu», . En août 2011, pendant les Journées Mondiales de la Jeunesse à Madrid, le Pape aujourd’hui émérite consacre les jeunes du monde entier au Sacré-CĹ“ur de Jésus.
François et le Sacré-CĹ“ur, prière et sainteté
Enfin, François indique lui aussi aux fidèles la direction du CĹ“ur du Christ, comme par exemple dans son exhortation apostolique sur la sainteté, où cette orientation se confond avec une voie de sainteté: «Dans cet appel à le reconnaître dans les pauvres et les souffrants, se révèle le cĹ“ur même du Christ, ses sentiments et ses choix les plus profonds, auxquels tout saint essaie de se conformer». «Je vous invite tous à regarder ce CĹ“ur et à en imiter les sentiments les plus vrais», insiste le Saint-Père lors de l’ du 26 juin 2019. Une année plus tard, en ce mois de juin, François nous demande dans son intention de prière mensuelle de prier spécialement pour que tous ceux qui souffrent «trouvent des chemins de vie, en se laissant toucher par le CĹ“ur de Jésus».
«Ut diligeremus, dilecti sumus / pour que nous aimions, nous avons été aimés», écrit saint Augustin (Serm. 174, 4). Regarder le CĹ“ur de Jésus, y découvrir un Amour qui «nous a aimés le premier» (1 Jn 4, 19) et nous rejoint personnellement, nous rendant alors capable d’aimer à notre tour «de tout notre cĹ“ur» Dieu et notre prochain. Voilà l’itinéraire aux vastes dimensions que nous propose l’Église au mois de juin… à renouveler chaque jour de l’année.
(Article mis à jour le 11 juin 2021 à 12h20)
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