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Le Pape en dialogue avec les jésuites de Roumanie, le 31 mai 2019 à la nonciature apostolique de Bucarest. Le Pape en dialogue avec les jésuites de Roumanie, le 31 mai 2019 à la nonciature apostolique de Bucarest. 

Le dialogue du Pape François avec les jésuites de Roumanie

La conversation informelle du Pape avec les jésuites de Roumanie, le vendredi 31 mai 2019 à la nonciature apostolique à Bucarest, a fait l’objet ce jeudi 13 juin d’une publication dans La Civiltà Cattolica, la revue des jésuites d’Italie, dirigée par le père Antonio Spadaro.

Dans cet échange, le Pape a exhorté ses 22 confrères jésuites de Roumanie à faire preuve de patience et de douceur, à l’image de saint Pierre Favre, l’un des premiers compagnons de saint Ignace de Loyola, canonisé par François par décret équipollent en 2013, et qui était «l’homme du dialogue, de l’écoute, de la proximité». «Il faut être avant tout proches du Seigneur avec la prière» et «proches du peuple de Dieu dans la vie quotidienne», pour guérir les plaies. «L’Église est tellement blessée», a reconnu le Pape, et il faut faire preuve de douceur face aux attaques, même quand elles viennent de l’intérieur.

François s’est aussi appuyé sur l’exemple du père Lorenzo Ricci, préposé général de la Compagnie en 1758, qui expliquait dans ses lettres ce que les jésuites devaient faire au moment de l’épreuve : imiter Jésus qui, devant les accusations, était «resté en silence». Quand la persécution est à l’œuvre, «il reste à vivre le témoignage et la proximité aimantes dans la prière, dans la charité et dans la bonté. On embrasse la croix.»

Les consolations qui accompagnent le Pape

Interrogé par le provincial sur les consolations qui l’accompagnent, le Pape a dit les trouver surtout dans la prière et dans le «sensus fidei» du peuple de Dieu. Il est notamment très touché par les petits échanges informels qu’il mène en marge des audiences générales du mercredi, comme avec cette femme de 87 ans qui lui avait dit qu’elle priait pour lui pour contrer ceux qui, à l’intérieur de l’Église, prient contre lui…

La reconnaissance des nullités de mariage

Une autre question a concerné les nullités de mariage, dans un contexte où les tribunaux diocésains ne fonctionnent pas. François a souligné que c’est un problème sérieux, et il a remarqué que les causes de nullité peuvent être très variées, de l’immaturité psychologique au besoin de se séparer pour préserver les enfants d’un climat trop conflictuel dans le couple. Il a expliqué que les Synodes sur la famille ont permis de faire «un chemin dans la morale matrimoniale, passant de la casuistique de la scholastique décadente à la vraie morale de saint Thomas».

Le futur de l’Église gréco-catholique en Roumanie

La quatrième demande a concerné l’Église gréco-catholique, dont la reconstruction est en cours mais qui demeure très fragile. François a rappelé, comme l’avait fait Jean-Paul II, que l’Église respire avec deux poumons et que «le poumon oriental peut être orthodoxe ou catholique». Et il a continué en expliquant qu’il y a «toute une culture et une vie pastorale qui doit être préservée et cultivée. L’uniatisme aujourd’hui n’est plus la voie, je dirais même qu’aujourd’hui ce n’est pas licite. Mais actuellement, il faut respecter la situation et aider les évêques gréco-catholiques à travailler avec les fidèles.»

L’indifférence est une forme de paganisme

Un jésuite curé dans une localité du nord du pays a témoigné de l’indifférence qu’il constate et qui le fait beaucoup souffrir dans son ministère. Pour François, l’indifférence est «l’une des plus grandes tentations d’aujourd’hui, c’est la forme la plus moderne du paganisme». Parce que dans l’indifférence tout est centré sur le “moi”. Et il a décrit une photo faire par L’Osservatore Romano, et intitulée justement “Indifférence”, dans laquelle apparait l’image d’une femme bien habillée avec une femme par terre, qui demande l’aumône. Mais la femme élégante ne la voit pas, elle regarde de l’autre côté… Ce «calme plat» dans l’âme n’est pas bon signe. Selon saint Ignace, si dans l’âme il n’y a «ni consolations ni désolations, cela ne va pas. Si rien ne bouge, il faut regarder ce qui arrive», parce que si nous vivons cette indifférence intérieure, si «personne ne réagit à l’histoire, ne rit ni ne pleure», c’est préoccupant. Une telle communauté «n’a pas d’horizons», a averti le Pape François.

François a enfin expliqué que la diversité qui règne dans l’Église comme au sein de la Compagnie de Jésus, est une grâce car cela prouve que les personnalités ne sont pas annulées. Il faut la gérer à travers le dialogue communautaire et le débat fraternel. Mais le premier Pape jésuite a tout de même livré cet avertissement : «Quand elle est le fruit de prises de position idéologiques fermées, la diversité ne sert pas», et elle doit être combattue. Mais François a exhorté à toujours aller de l’avant, malgré les difficultés.

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13 juin 2019, 19:19