Le Pape encourage la petite Église catholique Nord-Macédonienne
Marie Duhamel – envoyée spéciale à Skopje
Une atmosphère de joie emplissait la cathédrale du Sacré-CÅ“ur-de-Jésus. Les prêtres et religieux qui prennent soin de la minorité catholique ont acclamé le Saint-Père à son arrivée, pleins de gratitude pour sa venue parmi eux, si peu nombreux, en périphérie de l’Europe.
L’évêque de Skopje et éparque gréco-catholique, Mgr Kiro Stojanov, a accueilli François. Avec attention, le Pape a ensuite écouté trois témoignages portant sur les joies mais aussi les épreuves de vie d’une religieuse, d’un prêtre bosniaque curé à Skopje et d’un prêtre de rite byzantin accompagnée de son épouse et de leurs quatre enfants.
En Macédoine du Nord, l’Église a «deux poumons – le rite latin et le rite byzantin pour se remplir de l’air rénovateur de l’Esprit Saint». Et le Pape a rendu grâce ce soir de pouvoir respirer ensemble, «à pleins poumons».
Ne pas se plaindre
Plutôt que de les féliciter, le Pape a encouragé les prêtres et religieux du pays à «se renouveler dans la mission». Entendant leur préoccupation de développer un «complexe d’infériorité» dans un pays orthodoxe où ils sont minoritaires, François a rappelé combien «la maison fut remplie de parfum» lorsque Marie en a oint les pieds de Jésus.
Il les a par ailleurs mis en garde contre la tentation de voir ce qui ne va pas : trop d’œuvres à soutenir et pas assez de moyens. Il leur a demandé de ne pas «se replier sur leurs réalités et leurs misères», cela «empêche d’écouter celui qui marche à nos côtés et qui est source de joie et d’allégresse».
Il ne faut «faire des comptes», explique François, que lorsque cela nous permet de «nous mettre en mouvement pour devenir solidaires, attentifs, compréhensifs et prompts à écouter les fatigues et la précarité dont sont submergés tant de nos frères» qui rappelle «ce que nous sommes : une Église de mendiants qui ont besoin de la Miséricorde du Seigneur».
L’exemple de Mère Teresa, la sainte de Calcutta née à Skopje montre combien «la précarité d’une personne, ointe par le Seigneur, a été capable de tout imprégner, quand le parfum des béatitudes s’est répandu sur les pieds de notre humanité blessée». L’histoire, rappelle François, est écrite par ceux qui, comme elle, n’ont pas peur de dépenser leur vie par amour.
Répandre le parfum de la miséricorde
Le Pape se réjouit du témoignage de Davor, le curé de Sarajevo, qui «s’est sauvé du carriérisme» en partant en mission à Skopje où «son cÅ“ur sacerdotal» s’est remis à battre.
A tous, François a demandé ce mardi soir de ne pas courir d’une réunion à l’autre, de programmer, en dépensant énergie et ressources. Il leur a demandé «de laisser tous les poids qui séparent de la mission et empêchent le parfum de la miséricorde d’atteindre les visages de nos frères» pour éviter que jamais ne s’éteignent les battements de l’Esprit.
Le Pape a enfin remercié le père Goce ainsi que son épouse et leurs quatre enfants. Une famille qui a vécu la perte d’un nouveau-né. «Vous donnez un témoignage vivant de la façon dont la foi ne nous éloigne pas du monde, mais nous y introduit plus profondément». Non à partir de ce qui nous plairait qu’elle soit, non pas comme des «parfaits» ou des «sans taches», explique le Pape, mais dans la précarité de nos vies, de nos familles ointes tous les jours dans la confiance de l’amour inconditionnel que Dieu a pour nous. «Confiance qui nous porte à développer certaines dimensions aussi importantes qu’oubliées dans la société usée par les relations frénétiques et superficielles : les dimensions de la tendresse, de la patience et de la compassion envers les autres».
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