Pape François: «Il y a plus de martyrs chrétiens qu’aux premiers siècles»
Le Pape François a déjà plusieurs fois levé la voix contre les persécutions chrétiennes. «Il y a plus de martyrs aujourd’hui qu’aux premiers siècles», remarque-t-il souvent, en cohérence avec les nombreuses études renseignant sur la fréquence des persécutions chrétiennes dans le monde qui seraient numériquement les plus importantes.
Tués ‘’in odium fidei’’
François a employé des paroles fortes durant son pontificat: «Nous pensons à nos frères égorgés sur la plage en Libye, nous pensons à cet enfant brulé vif parce que chrétien, nous pensons à ces migrants jetés à la mer car ils sont chrétiens, ces Éthiopiens assassinés car chrétiens…» Aujourd’hui, l’Église est une Église des martyrs, affirmait l’éveque de Rome le 21 avril 2015 lors de la messe à Sainte-Marthe.
Le silence, complice des pouvoirs
Le Souverain pontife argentin qui répétait cinq mois plus tard toujours à Sainte-Marthe qu’il n’y avait pas de christianisme sans persécutions, rappelant la dernière des Béatitudes : «Heureux serez-vous, lorsque les hommes vous haïront, lorsqu'on vous chassera, vous outragera, et qu'on rejettera votre nom comme infâme, à cause du Fils de l'homme!».
Deux types de persécutions
Le Pape a aussi souvent évoqué deux types de persécution contre les chrétiens: l’une est explicite, violente et brutale, et l’autre est «instruite», sous un vernis de culture, de modernité et de progrès.
Dans la lignée de ses prédécesseurs, Saint Jean-Paul II et Benoît XVI, le Pape François a régulièrement pris sévèrement la parole pour dénoncer l’instrumentalisation de la religion et l’usage de la violence au nom de Dieu, sans jamais toutefois donner de connotation religieuse à ces actes. Et ce, pour deux raisons, car la grande majorité des musulmans ne se reconnait pas dans ces violences et pour ne pas prendre en otage, surtout, le dialogue interreligieux.
Jean Paul II: le dialogue avec les musulmans plus que jamais nécessaire
Le dialogue entre chrétiens et musulmans est plus que jamais nécessaire aujourd’hui, affirmait Jean-Paul II au stade de Casablanca, le 19 août 1985.
«Il découle de notre fidélité à Dieu et suppose que nous sachions reconnaître Dieu avec foi et en témoigner par des paroles et des actes dans un monde de plus en plus sécularisé et parfois même athée», ajoutait le Pape polonais, qui a dû réagir sous son pontificat aux attentats du 11 septembre 2001, «un terrible affront à la dignité de l’homme». Deux semaines après ces attentats, Jean-Paul II en déplacement au Kazakhstan s’adresse aux musulmans, majoritaires dans ce pays d’Asie centrale: «Ne permettons pas l’esprit de division. La religion ne doit jamais être utilisée comme source de conflit».
«Dieu aime la vie, pas la mort»
Si Jean-Paul II ne mentionnait jamais l’islam lors de ces messages délivrés le lendemain d’attentats, Benoît XVI en faisait de même.
Le 7 juillet 2005, une série d'attentats-suicides à la bombe perpétrés par des extrémistes islamistes frappe Londres en plein cÅ“ur, faisant 56 morts. Le 10 juillet, à l’Angélus, Benoît XVI exprime sa «profonde douleur» pour les attaques terroristes et ajoute: «Prions pour les personnes tuées, pour ces blessures et pour leurs proches. Mais nous prions aussi pour les assaillants: que le Seigneur touche leurs cÅ“urs. À ceux qui entretiennent des sentiments de haine et à ceux qui commettent des actes terroristes aussi répugnants, je dis: Dieu aime la vie, qu'il a créée, pas la mort. Arrêtez-vous au nom de Dieu!», avait-il lancé de manière poignante.
L’instrumentalisation de la parole
Le 12 septembre 2006, Benoît XVI prononçait sa célèbre lectio magistralis à l’Université de Regensburg (Ratisbonne), en Allemagne, citant les paroles de l’empereur byzantin Manuel II Paléologue. Un passage immédiatement instrumentalisé qui provoque des manifestations et des incidents dans le monde musulman, alors que ce texte était avant tout une dénonciation de la marginalisation de la foi religieuse dans la société occidentale.
Pour clarifier publiquement sa pensée, Benoît XVI a rencontré à Castel Gandolfo, le 25 septembre 2006, les ambassadeurs de pays à majorité musulmane, rappelant que «l'Église estime également les musulmans qui vénèrent le Dieu unique, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant».
Benoît XVI réaffirmait avec force que «le dialogue interreligieux et interculturel entre chrétiens et musulmans ne pouvait être réduit au choix du moment, mais qu’il était une nécessité vitale». Les positions actuelles du Pape François s'inscrivent donc en pleine continuité avec le magistère de ses prédécesseurs.
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